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à quoi sert l’université?

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  • à quoi sert l’université?

    À QUOI SERT L’UNIVERSITÉ?
    Que peut-elle si on lui fait confiance?



    «Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.»
    Guillaume d’Orange

    Avec une régularité de métronome, l’Université s’invite dans la marche des événements du pays. C’est alors, un catalogue laudateur des réalisations et de l’effort consenti par l’Etat pour construire des amphithéâtres, salles de classes laboratoires, et cités universitaires, on se plaît à faire des comparaisons entre «avant» et maintenant. Oubliant du même coup que dans quelques années on viendra faire la critique d’avant la situation actuelle et le maintenant d’alors.
    Qu’en est-il exactement? Nous allons, en honnêtes courtiers, rapporter les faits rien que les faits, tous les faits.
    Il est vrai que notre système éducatif dans son ensemble a disposé depuis l’Indépendance de crédits impressionnants qui font qu’en termes quantitatifs, nous avons un rang honorable dans le classement mondial si on se réfère aux indicateurs tels que le pourcentage dévolu au système éducatif (autour de 5%), et même depuis quelques années, le nombre d’étudiants par million d’habitants, de 27.000, ce qui nous place là encore dans la moyenne mondiale.
    A titre d’exemple, la France dispose de 2,5 millions d’étudiants pour 65 millions d’habitants. Ces chiffres nous situent dans une place de leader en Afrique (exception faite de l’Afrique du Sud). Les gouvernements successifs ont donc fait un effort louable de consacrer une partie de la rente à l’éducation. Sur l’aspect qualitatif c’est autre chose!!
    Deux questions se posent alors? Pourquoi l’université est mal vue? Pourquoi ne compte-t-elle pas dans le développement du pays? Pourquoi est-elle parfois traversée par des éruptions intempestives concernant seulement les conditions sociales de l’enseignant? Pourquoi l’accuse-t-on d’être un secteur budgétivore sans valeur ajoutée? Pourquoi la communauté universitaire a une image négative dans l’échelle des valeurs, et ne jamais être citée à l’honneur? Pourquoi quand des professeurs d’université qui ont sacrifié leur vie pour le grand djihad, celui de l’enseignement, meurent-ils dans l’anonymat absolu? Et enfin, que vaut le produit de l’université?

    La fuite des cerveaux
    Le système anglo-saxon LMD imposé par une mondialisation laminoir d’essence américaine à l’Europe nous est infligé à nous Africains. Qu’en est-il exactement? Comment un problème de découpage d’un enseignement conçu pour des pays évolués avec les moyens matériels et humains adéquats et la mobilité des étudiants y afférentes [un étudiant peut démarrer sa licence en France et la terminer aux Etats-Unis ou en Angleterre] s’avère impraticable dans notre pays à la fois en termes de contenant mais surtout en termes de contenu car, en définitive, peu importe le mode de saucissonnage du temps de séjour à l’université, ce qui compte c’est l’intensité du signal enseignant vers l’étudiant, et en définitive la pertinence de ce qu’il aura appris.
    Pourquoi sacrifier ce qui marche, à l’instar de la destruction du savoir de l’Ecole Polytechnique - qui a un rang honorable parmi les écoles d’ingénieurs, la preuve étant l’évaporation annuelle d’une grande partie des diplômés de l’école vers d’autres horizons - au lieu de créer à côté. Vouloir à tout prix partir de zéro me paraît non seulement inefficace mais surtout dangereux pour le pays qui risque de détricoter ce qui reste de cohérent dans le pays.
    Pourquoi l’Université n’est-elle pas associée à l’avenir du pays? Nous avons l’impression que son rôle est de «gardienner» des étudiants pendant un temps de séjour variable, en leur offrant des cursus de formation dont certains n’ont aucune prise directe avec le milieu du travail. En clair, du fait qu’il y a une frontière étanche entre les départements ministériels qui sous-traitent tout à l’extérieur, et même créent des instituts de formation spécifique pour quelques-uns qu’ils auront recrutés par concours, même l’éducation nationale s’y est mise, tout le reste est livré à la «vie active», mot pudique pour dire que le diplômé est en apesanteur dans l’attente d’un hypothétique job qui ne vient pas.
    Certes, des organisations comme l’Ansej tentent d’absorber des jeunes en finançant des idées de projets. Mais tout le système mis en place ne peut répondre qu’à l’attente de quelques milliers et les dizaines de milliers d’autres? Pourquoi s’étonner qu’ils versent dans l’informel à la limite du délictueux? Pourquoi s’étonner qu’ils soient attirés par l’irrationnel en montant au maquis? Pourquoi s’étonner qu’ils quittent le pays au péril de leur vie? Une certitude pour eux, l’Algérie les a marginalisés, ils vont ailleurs. Et pourtant, à la faveur d’un match de foot avec l’Egypte, nous avons découvert, petits et grands, un tsnuami de l’amour pour le pays, une lame de fond qui a tout embrasé, le volcan du patriotisme que l’on croyait éteint s’est réveillé. Il est dommage que ce signal fort n’ait pas été canalisé en changeant fondamentalement de stratégie pour associer le plus grand nombre au destin de ce pays.
    Comment, pour revenir à cette université qui nous tient à coeur, repartir du bon pied et associer la jeunesse qui sera là quand la rente ne sera plus là, au développement du pays? C’est à toutes ces questions qu’il faut répondre. Quelques idées d’une réflexion trentenaire.
    Avant toute chose, il est impératif de donner à l’Université une visibilité, le destin du pays passe par la formation des hommes et rien de pérenne ne se fera tant que les valeurs de hiérarchie sociale ne s’imposent pas à tout le monde. Quand on donne à un joueur d’une équipe nationale plusieurs milliards de centimes, quand on paie un entraîneur d’une équipe nationale à plusieurs centaines de milliers de DA, quand on paie un député cinq fois le salaire d’un professeur et dont il faudra bien un jour évaluer la valeur ajoutée, faut-il s’étonner que l’Ecole ne fait plus rêver! Que les parents essaient de choisir pour leurs enfants le parcours le plus lucratif, indépendamment des besoins théoriques de la nation, en inscrivant leurs enfants dans des clubs de foot pour minimes, juniors... au lieu de chercher le meilleur instituteur pour des cours de soutien...
    On nous dit que les salaires vont être augmentés: soit! La question qui se pose est qu’est-ce que cela représente dans le classement social et surtout que demande-t-on aux enseignants en échange? Doivent-ils continuer à subir la dictature de l’administratif? A quand une administration universitaire à la disposition de la communauté universitaire et non l’inverse? A quand une administration qui ne s’immisce pas souvent dans le pédagogique pour influer sur les jurys, refaire les délibérations? En un mot, à quand une éthique à l’Université? Un travail a été fait pour la mise en place de la Charte des droits et devoirs des étudiants des enseignants et de l’administratif qui doivent concourir dans le strict respect des prérogatives de chacun à un vivre-ensemble harmonieux à l’université qui ne doit plus être la caisse de résonnance des contradictions sociales et des courants politiques en mal de légitimité. Cette charte de l’éthique apportera, à n’en point douter, une bouffée d’oxygène à l’Université et les différents acteurs et même la société reprendront confiance en elle.

    Une utopie à construire
    Par ailleurs, au risque de nous répéter, rien de pérenne ne se fera dans le pays sans l’Université qui doit être associée au développement du pays. Il est un fait connu que les Algériens ne font plus travailler leurs neurones sous-traitant tout aux étrangers tant que les dollars de cette rente des générations futures couvre nos errances. En tant que spécialiste de l’énergie, je pense que le plan 2010 -2014 ne doit pas subir le même sort que le précédent, à savoir construire des milliers de logements, faire une autoroute, construire des barrages. Certes, ceci est très important pour le développement social mais il ne crée pas de la richesse ou si peu, par contre, nous avons contribué à réduire le chômage des Français, des Chinois, des Japonais en leur offrant des contrats faramineux sans transfert de technologie. Ce qui fait que ces sociétés parties, nous nous retrouverons sans aucune sédimentation de savoir-faire.
    Pourquoi ne pas avoir associé l’Université? Dans ce nouveau plan, il est du devoir du pays d’avoir une stratégie dans le domaine de l’énergie, de l’eau et de l’environnement. Pour cela, il est impératif, avant qu’il ne soit trop tard, de faire un état des lieux sans complaisance de nos forces et de nos faiblesses pour affronter un futur qui sera de plus en plus chaotique, au niveau du cliamt - nous n’avons pas de parade - mais aussi au niveau mondial du fait de la rareté du pétrole.
    Pour cela, il faut substituer à l’ébriété énergétique actuelle la sobriété énergétique. Il nous faut consommer mieux en consommant moins et en consommant de plus en plus d’énergies renouvelables. Cette stratégie nationale concerne tous les départements ministériels outre les ministères techniques en première ligne (énergie, environnement, eau, agriculture santé). L’éducation a un rôle important dans la formation de l’écolier à la maîtrise de l’énergie et à la protection de l’environnement, l’imam est aussi impliqué dans ses prêches quand la stratégie de protection de la nature, du refus du gaspillage sont bien clarifiés, l’information par les médias lourds est capitale, il faut «saturer» le citoyen par des spots bien conçus.
    Naturellement, la formation professionnelle formera dans le domaine de l’énergie, de l’eau, selon un plan bien défini et enfin l’Université, qui doit être le chef d’orchestre de cette nouvelle vision, imposera graduellement les nouvelles légitimités du XXIe siècle, celles de la sueur du travail, de la rigueur morale et intellectuelle, elle formera en fonction de besoins bien ciblés, elle formera des créateurs de richesse par l’incubation de milliers de start-up en incubation qui se verront ensuite aidés par l’Etat pour prendre en charge des segments de la demande nationale. Pour moi, le classement actuel des universités algériennes, qui laisse à désirer à l’échelle mondiale, ne m’effraie pas outre mesure. Tout n’est pas irrémédiablement perdu. A nos dirigeants d’être fascinés par l’avenir et de miser sur cette Université qui est capable du meilleur comme du pire.
    Pr Chems Eddine CHITOUR
    L'expression
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…

  • #2
    Avant toute chose, il est impératif de donner à l’Université une visibilité, le destin du pays passe par la formation des hommes et rien de pérenne ne se fera tant que les valeurs de hiérarchie sociale ne s’imposent pas à tout le monde. Quand on donne à un joueur d’une équipe nationale plusieurs milliards de centimes, quand on paie un entraîneur d’une équipe nationale à plusieurs centaines de milliers de DA, quand on paie un député cinq fois le salaire d’un professeur et dont il faudra bien un jour évaluer la valeur ajoutée, faut-il s’étonner que l’Ecole ne fait plus rêver!

    On nous dit que les salaires vont être augmentés: soit! La question qui se pose est qu’est-ce que cela représente dans le classement social et surtout que demande-t-on aux enseignants en échange? Doivent-ils continuer à subir la dictature de l’administratif? A quand une administration universitaire à la disposition de la communauté universitaire et non l’inverse? A quand une administration qui ne s’immisce pas souvent dans le pédagogique pour influer sur les jurys, refaire les délibérations?
    Les mesures prises en faveur de l'enseignement supérieur n'atteindront les objectifs attendus que si un climat de concurence loyale et de compétitivité ne sont instaurées dans les établissements d'enseignement et de recherche.

    Certe un budget énorme est consacré aussi bien dans l'infrastructure que dans l'équipement des universités et centres de recherches. Mais la question qui s'impose: les hommes en place sont-ils capables de gérer ces sommes colossales?

    Sur les 65 établissements universitaires combien sont-ils ces chefs d'établissements ou ces doyens qui constituent un frein au développement. Beaucoup d'entre eux placent l'université au dernier plan de leurs soucis. Un balayage de ces médiocres est vivement souhaité par la communauté universitaire.

    Des critères de compétences, clairement définis et scupuleusement respectés pour le choix des responsables, permettront l'implication de nouvelles têtes capables de rendre possible le rêve d'une université algérienne capable de relever les défis. Le choix des hommes donnera la possibilité à ces compétences longtemps exclues de prouver se dont ils sont capables.

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