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Rassemblement à Washington pour lutter contre «l’insanité»

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  • Rassemblement à Washington pour lutter contre «l’insanité»

    A trois jours des élections du «midterm», une manifestation originale est organisée samedi par l’animateur vedette Jon Stewart, qui a révolutionné la manière de faire des «news» aux Etats-Unis

    «Les républicains aiment l’Amérique. Le seul problème, c’est qu’ils semblent détester 50% des gens qui y vivent.» C’est avec ce genre de formules que l’humoriste Jon Stewart explique ce qui est en voie de devenir l’épisode le plus curieux de l’actuelle campagne électorale américaine. Ce samedi, des dizaines de milliers de personnes vont converger à Washington pour participer à la réunion organisée par Jon Stewart. On ne sait à peu près rien de celle-ci, sinon son titre: «Rassemblement pour rétablir la santé mentale».

    Cette idée a été lancée comme une boutade. Il y a deux mois, c’étaient les sympathisants de la droite, réunis par l’animateur de télévision Glenn Beck, qui avaient inondé le Mall de Washington pour «rétablir l’honneur» de l’Amérique. Si ces représentants des valeurs traditionnelles – dont l’écrasante majorité étaient Blancs et âgés – avaient choisi le jour anniversaire du plus célèbre discours de Martin Luther King, c’était «simple coïncidence», avaient alors expliqué les organisateurs. Jon Stewart, les a pris à leur propre jeu: à trois jours de la date des élections du «midterm», son rassemblement n’a rien de politique, jure-t-il la main sur le cœur. Tout le monde y est le bienvenu. La seule condition est de ne pas amener d’armes à feu et de substances explosives.

    Cette manière de faire de la politique sans paraître y toucher est devenue la marque de fabrique de Jon Stewart et de son Daily Show qu’il anime quatre soirs par semaine sur la chaîne Comedy Central, depuis 1999. Né à New York il y a quarante-sept ans, Jon Stewart (de son vrai nom Jonathan Stuart Leibowitz) n’est pas seulement devenu depuis lors l’humoriste politique le plus réputé du pays. Son émission, regardée chaque soir par un peu moins de 2 millions d’Américains, mais dont les rediffusions quotidiennes ainsi que son succès sur YouTube triplent l’audience, est aussi devenue le lieu où sont exposées le plus crûment les bassesses politiques, où sont décortiqués les jeux de pouvoir et toutes les entorses à l’objectivité médiatique.

    Pendant huit ans, Jon Stewart a ainsi éreinté le président George Bush avec une liberté de ton sans équivalent. «Monsieur le président, nous vous croyons. Nous croyons que réellement, vous ne savez rien», lançait-il à un George Bush qui a toujours refusé de participer à son émission. Ou encore, cette autre boutade, qui a fait le tour du Net dans tous les sens, à propos de l’ouragan qui a dévasté La Nouvelle-Orléans en 2005 et de l’incapacité du président à y faire face: «Vous n’avez aucune idée de la raison pour laquelle les gens sont furieux contre vous, n’est-ce pas?»

    Avec l’arrivée au pouvoir de Barack Obama et la formidable polarisation qui règne désormais aux Etats-Unis, les attaques de Jon Stewart se sont concentrées sur le traitement de l’information complètement distordu qui est devenu la règle des grandes chaînes de télévision, Fox News d’un côté, et MSNBC de l’autre. Sa présentation des méthodes avec lesquelles les shows télévisés mêlent les nouvelles et les commentaires politiques, ou son talent à mettre en avant les contradictions et les incohérences dans le discours des politiciens transforment son émission en une leçon de science politique. La rigolade et la provocation en plus.

    Bien sûr, le Daily Show a ainsi terminé de gommer les frontières entre le divertissement et l’information, ce phénomène qui fait précisément son succès. Très regardée par les jeunes et par tous ceux qui cherchent un décryptage des événements dans un environnement complètement saturé d’informations, son émission fait aussi le délice des universitaires, au point que l’étude du Daily Show est devenue pratiquement une matière en soi. Surprise: une de ces études, menée par des chercheurs de l’Université de l’Indiana, montrait que les prestations de Jon Stewart contiennent en réalité autant d’éléments d’information que les émissions classiques, qui se prétendent autrement plus sérieuses. En un mot, l’animateur-journaliste a révolutionné la manière de faire des «news» aux Etats-Unis.

    De fait, Jon Stewart recevait mercredi dans son émission Barack Obama pour une interview dans laquelle, s’il se permettait quelques excès, il frappait par son sérieux et son professionnalisme. Aujour d’hui, alors que, à gauche, l’étoile du président a pas mal pâli et que les démocrates peinent à trouver un discours mobilisateur, et tandis que, à droite, le mouvement du Tea Party a créé un engrenage extrémiste, Jon Stewart apparaît bel et bien comme la voix de la raison et la barrière à «l’insanité» qu’il prétend être. Dans les groupes qui se sont créés sur Facebook autour de sa manifestation, plus de 200 000 personnes ont promis d’y participer.

    A ses côtés, l’humoriste peut compter sur Stephen Colbert, son acolyte encore plus acide et pince-sans-rire que lui, avec lequel il partage son émission. Dans un premier temps, Stephen Colbert avait appelé à son propre rassemblement, qu’il avait appelé «la marche pour entretenir la peur vive», en référence ironique aux menaces contre l’Amérique que voit poindre partout la droite extrême. Les deux hommes ont ensuite «fusionné» les deux manifestations. Ils préfèrent rire ensemble.

    PAR LUIS LEMA, NEW YORK
    LE TEMPS 30 octobre 2010
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

  • #2
    Cette nouvelle tendance qui gomme "les frontières entre le divertissement et l’information" va certainement s'accentuer de plus en plus:
    Bien sûr, le Daily Show a ainsi terminé de gommer les frontières entre le divertissement et l’information, ce phénomène qui fait précisément son succès. Très regardée par les jeunes et par tous ceux qui cherchent un décryptage des événements dans un environnement complètement saturé d’informations, son émission fait aussi le délice des universitaires, au point que l’étude du Daily Show est devenue pratiquement une matière en soi. Surprise: une de ces études, menée par des chercheurs de l’Université de l’Indiana, montrait que les prestations de Jon Stewart contiennent en réalité autant d’éléments d’information que les émissions classiques, qui se prétendent autrement plus sérieuses. En un mot, l’animateur-journaliste a révolutionné la manière de faire des «news» aux Etats-Unis.
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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