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Les bons, les brutes et les truands

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  • Les bons, les brutes et les truands

    On peut prendre l'exemple de carrefour qui offrent des produits sur et aux normes, les petits vendeurs de poulets rotis vont pleurer ainsi que les entrepreneurs vereux, les multinationales vont les ecraser, les laminer, l'economie deviendra saine.
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    Bien malin celui qui saura analyser l’économie réelle de l’Algérie tant celle-ci échappe au contrôle, au fisc et surtout à l’entendement. A part quelques grands agrégats dont on sait si peu de choses sur la genèse et sur le fonctionnement, le reste est pour ainsi dire, et sans jeu de mots, souterrain.

    Tout repose en effet sur la vente des richesses du sous-sol. Et une fois l’argent récolté, il ruisselle par des canaux bien enfouis sous terre. Il est clair que les sociétés publiques ne sont pas à même de produire de la plus-value et que les holdings sont des structures fantomatiques incapables d’impulser ou de gérer une activité dense et tournée vers le profit.

    Et puisque la nature a horreur du vide, le reste de la scène est occupé par des labels privés qui mettent sur le marché des produits dont les intrants sont de toutes les origines. Il faut compter aussi toute cette masse clandestine qui trafique dans tout, en faisant outrage à toutes les normes, à toutes les lois et même aux principes fondamentaux de l’Etat.

    L’exemple le plus cocasse est celui des sous-vêtements made in Israël qu’on peut acheter dans des magasins ayant pignon sur rue à Alger. Ces articles contrefaits à partir d’une marque internationale célèbre sont composés, selon la boîte d’emballage, dans telles et telles microfibres et fabriqués en Israël, tandis que, d’après l’étiquette intime, ils seraient faits aux Etats-Unis dans une tout autre matière.

    Cette anecdote est suffisante pour montrer que le marché est à ce point déréglé que n’importe qui peut y écouler n’importe quoi sans peur et sans vergogne. Car en plus des mégasouks où des marchandises ovnis sont étalées au grand jour, les rues sont encombrées d’étals illégaux qui offrent des biens au traçage quasi impossible.

    Les services, quant à eux, sont «revendus» à la population par une armée d’intermédiaires véreux qui grenouillent dans les administrations et qui grossissent à vue d’œil sans être inquiétés. Mais tout cela n’est rien à côté des grosses affaires qui semblent, elles, n’obéir qu’à elles-mêmes.

    Disposant d’un marché captif, de facilités bancaires et d’une opacité qui permet toutes les manœuvres, elles épongent la majeure partie de la masse monétaire en vue de la réinvestir sur des marchés extérieurs. «Business as usual», comme disent les Américains.

    «Les affaires, comme d’habitude.» Cela se passe ainsi à travers la planète. L’argent n’a ni odeur, ni nationalité, ni religion. En Algérie, cependant, il existe un risque pour que tout ce beau monde soit prochainement balayé par des firmes étrangères mieux préparées, mieux organisées et sachant mieux réfléchir.

    Le pli pris par le capital local de ne travailler que dans l’obscurité deviendra rapidement un frein à son développement lorsqu’il s’agira de se battre à visage découvert et en plein jour avec de vrais diables de l’économie. Dans pas longtemps, l’OMC et l’Union européenne imposeront leurs normes et leur cadence à toute cette quincaillerie.

    Ça sera alors un impitoyable marche ou crève d’où ne sortiront vivants que les plus robustes, les plus intelligents et, comme dirait Darwin, les mieux adaptés.

    Par Mohamed Badaoui
    source Jeune Independant.
    Dernière modification par zek, 26 mars 2006, 13h05.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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