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Algérie Poste : La colère monte aux guichets.

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  • Algérie Poste : La colère monte aux guichets.

    Rien ne va plus à Algérie Poste : dans de nombreuses wilayas, il est impossible d’obtenir de l’argent liquide. Et les arguments - peu convaincants de la direction et du ministre - n’empêchent pas la grogne de s’amplifier. Surtout à la veille de l’Aïd.


    -Jijel : Les agents contraints au chômage
    La crise de liquidités dans les bureaux de poste dans la wilaya de Jijel est à son paroxysme. Depuis l’été dernier, après un bref retour à la normale, la situation est de plus en plus intenable pour les usagers des CCP, contraints de prendre leur mal en patience ou d’aller faire le tour des bureaux de poste dans les régions limitrophes. La wilaya de Mila est depuis un certain temps devenue la Mecque des salariés et autres fonctionnaires payés par voie de CCP venant, notamment de la ville d’El Milia, deuxième grande agglomération de la wilaya de Jijel.
    Certains assurent, en effet, qu’ils ont fait le déplacement à Grarem, chef-lieu de daïra relevant de la wilaya de Mila, pour retirer leur salaire par manque de liquidités dans les bureaux de poste à El Milia, El Ancer, Belghimouze ou Sidi Maârouf, pour ne citer que ces régions de l’est de la wilaya de Jijel. Dans le chef-lieu de cette wilaya, la situation est la même dans l’ensemble des bureaux de poste où les agents sont contraint au chômage par le fait d’une crise qui frappe de plein fouet les salariés et les retraités à l’approche de l’Aïd. Priée de nous donner quelques explications sur ce phénomène, une source responsable à la direction de wilaya d’Algérie Poste, nous a plutôt orientés vers le chargé de communication de cet organisme à Alger.
    Contacté à son tour, c’est à sa secrétaire que nous avons eu affaire, cette dernière répliquant sèchement que «le ministre a parlé, hier, de ce problème à la télévision». Mercredi, dès l’ouverture des deux bureaux de poste de la ville d’El Milia, le seul mot d’ordre annoncé par les agents et échangé entre les usagers était : «Il n’y a pas d’argent.» «Depuis le début de la semaine et jusqu’à ce jour, l’argent a été disponible les seules les matinées de samedi et dimanche. Depuis il n’y a plus rien !» assure un citoyen, constatant par ailleurs que l’excuse servait aussi à refuser la consultation des avoirs…

    -La version officielle
    Pour Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des TIC, interrogé sur le problème de manque de liquidités lors de son déplacement à Oran, le problème s’explique «par plusieurs facteurs comme le virement des salaires des travailleurs durant la même période, l’absence d’une culture d’épargne des citoyens et enfin le non-recours à d’autres modes de paiement lors des différentes transactions». Pour lui, il est nécessaire d’encourager les usagers à utiliser des modes de paiement autres que l’argent liquide. Des efforts seront faits pour «généraliser la carte de paiement car, sur les 11 millions de détenteurs de comptes postaux seuls 6 millions disposent de cartes», a-t-il précisé, ajoutant qu’un projet d’installation de terminaux de paiement électronique est en cours d’étude.
    Concernant la question des détournements enregistrés dans plusieurs agences postales, le ministre a souligné que «des dispositions ont été prises pour enrayer ce phénomène, notamment par des audits et des contrôles systématiques de toutes les opérations financières. Toutefois, a-t-il précisé, ce phénomène sera réglé avec la généralisation des modes de paiement électronique».

    -Aïn defla : Personne ne croit plus aux discours de la Poste
    Une vieille dame attend depuis 7h l’ouverture du bureau de poste situé au quartier Boutane à Khemis Miliana pour retirer une somme dérisoire. Au bord des larmes, et pleine d’amertume, elle préfère finalement rentrer chez elle. Le calvaire des usagers de la poste désireux de retirer leur argent se poursuit dans la wilaya de Aïn Defla. Les queues interminables observées devant les bureaux de postes tôt avant l’ouverture témoignent de la souffrance des concernés. Ces derniers après une attente de plusieurs heures, repartent souvent bredouilles.
    D’autres choisissent de se déplacer dans les wilayas limitrophes ou jusqu’à la capitale pour retirer leur argent. Une situation intenable que renforce l’absence de communication au niveau des services concernés ou des agents contaminés sans doute par l’ambiance exécrable qui règne en ce moment aux guichets. Il faut savoir que le spectacle de femmes, d’hommes, parfois très âgés en train de se disputer une place dans la chaîne n’est pas pour reposer les esprits. Des voix s’élèvent par ailleurs ces derniers jours appelant à l’organisation de mouvements de contestation pour exiger que cesse cette situation.
    «On voudrait qu’un haut responsable se donne au moins une fois la peine de nous expliquer à la télévision les raisons de cette situation tragique», s’exclame une cliente. Mohamed a même dû déposer une demande d’absence au niveau de son établissement pour se déplacer dans une autre wilaya pour retirer son argent. Tous ici se posent la question de savoir ce qui se passe réellement dans les coulisses des institutions concernées et ne croient plus vraiment aux thèses officiellement avancées.

    -Ouargla : 5000 DA sinon rien !
    Les crises de liquidités sont monnaie courante à Ouargla où chaque année apporte son lot de manque de billets. L’actuelle pénurie perdure depuis deux mois avec des pics réguliers. Banques et bureaux de poste enregistrent une affluence record où un seuil maximal de 5000 DA vous est imposé dans les meilleurs des cas, c’est-à-dire quand il y a de l’argent au niveau des guichets. Le directeur local d’Algérie Poste, M. Halimi, tente maladroitement d’apaiser la population exaspérée sur les ondes de radio Ouargla. Il défend son mode de gestion de la crise et répète depuis des semaines qu’«il s’agit d’un problème national qui ne concerne pas exclusivement Ouargla. Bien au contraire, on a su maîtriser les choses et canaliser une distribution équitable des billets de banque».
    Mais les citoyens ne l’entendent pas de cette oreille et les échos de la rue sont très négatifs. Ils reflètent une tendance accrue à exiger des responsables locaux de se débrouiller un peu plus. Les clients des CCP sont insatisfaits de la prestation de services et se disent obligés de se déplacer vers la soi-disant grande poste qui ne répond plus aux besoins de la population. Avant-hier, des citoyens aux aguets sont vainement restés très tard dans l’attente d’un versement salvateur. A Gherbouz, quartier périphérique, des hommes se relaient nuit et jour devant le distributeur automatique pour traquer le moindre signe de remise en marche du DAB, mais «quand il y a de l’argent, les machines sont en panne», rétorque un citoyen à Aïn Beïda.
    Les clients de la BEA Ouargla se disent «humiliés», le DAB affiche un écran noir désespérant depuis des années sans que personne ne s’en offusque. A la BDL, le DAB est tout aussi noir ces jours-ci, mais l’agence arrive tant bien que mal à gérer la demande de sa clientèle, à l’instar des consœurs qui s’adaptent comme elles le peuvent à la crise et là la touche personnelle des gestionnaires est visible. Le directeur de la «BNA 945» alimente personnellement son DAB tôt le matin et sort volontiers son chiffon imbibé de nettoyant pour astiquer la machine avant l’arrivée des clients.
    Les usagers matinaux y trouvent des billets et le retrait est limité à 5000 DA par semaine pour les non-clients de la BNA. Comme quoi, même en matière de banque publique il y a banque et banque. A Touggourt, nul besoin de parler de DAB, la modernité n’est pas pour les Touggourtois, dont certains en sont arrivés aux mains la semaine dernière pour quelques billets. Même topo à Hassi Messaoud, le poumon économique du pays où aucun DAB ne marche depuis plusieurs années. Là encore, le citoyen se dit humilié par la nonchalance des banques et des bureaux de poste où le service, lamentable, ne s’explique pas dans une région où l’argent coule à flots.

    -Oran : Tensions en fin d’après-midi
    Les receveurs des recettes postales de Saint-Charles, la Grande Poste et de Bir El Djir affirment être quotidiennement alimentés en liquidités en fonction de leurs besoins par le service des finances de la trésorerie d’Algérie Poste. Mais ils ont aussi reconnu que parfois, en fin d’après-midi, ils manquaient d’argent, surtout à l’approche des fêtes ou lors des grandes occasions. La raison ? «Certaines recettes postales, surtout celles qui sont implantées à Oran-ville, dans la périphérie ou dans les chef-lieux de daïra, traitent (uniquement pour le paiement) quelque 500 CCP par jour», nous avance-t-on.
    Parfois les recettes font face également au retrait de grosses sommes d’argent, sans aucun avis de la part du détenteur du chèque postal, 48 heures à l’avance, comme l’exigent certaines banques. «Ces retraits perturbent le fonds de roulement quotidien et la bonne marche du travail», précise-t-on. Ce qui pousse les préposés aux guichets à inviter les usagers à se rendre vers d’autres structures postales. Cette situation, surtout pour les personnes âgées, cause des désagréments pour ceux obligés de faire la chaîne devant les guichets dès l’ouverture de la poste. Cette situation entraîne par ailleurs des tensions avec les agents, «accusés de tous les maux». Le véritable problème chez Algérie Poste réside, selon certains clients rencontrés sur place, dans les fréquentes pannes du système informatique, l’affluence des usagers et la non-utilisation des 25 distributeurs automatiques de billets.

    Houria Alioua, Aziza L., Tegguer Kaddour (El Watan).
    Il y a des gens si intelligents que lorsqu'ils font les imbéciles, ils réussissent mieux que quiconque. - Maurice Donnay
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