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LHC : les protons laissent la place aux ions de plomb

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  • LHC : les protons laissent la place aux ions de plomb

    Par Laurent Sacco, Futura-Sciences

    C’est fait ! Le 4 novembre 2010 à 8 h 00 au Cern, les faisceaux de protons ont momentanément cessé de circuler dans le LHC. Ils laissent la place aux faisceaux d’ions de plomb dont les collisions vont permettre d’étudier l’état de la matière quelques millionièmes de seconde après le Big Bang, lorsque la température dépassait les mille milliards de degrés.

    Les physiciens du Cern sont satisfaits. Comme indiqué sur leur site, l’un de leurs buts principaux cette année était de parvenir à une luminosité (une mesure du taux de collisions) de 1032 /cm2/s. Objectif atteint le 13 octobre 2010, avec deux semaines d’avance par rapport au calendrier. Une avancée encourageante, surtout si l’on se rappelle qu’après la journée historique du mercredi 10 septembre 2008, un accident au niveau des connexions entre les aimants du plus puissant accélérateur du monde avait conduit les chercheurs à adopter un pas beaucoup plus prudent et plus lent pour faire monter en puissance le LHC.

    Devant ce résultat positif, les physiciens peuvent maintenant préparer le LHC à la prochaine étape : des collisions d’ions lourds. L’objectif n’est pas ici de découvrir le boson de Higgs, les particules de matière noire ou de démontrer que l’univers possède bien des dimensions spatiales supplémentaires. Il s’agit de reconstituer l’état de la matière hadronique quelques millionièmes de seconde après l’hypothétique temps zéro du modèle du Big Bang, principalement lors des collisions dans le détecteur Alice.


    Une reconstitution de la matière hadronique du Big Bang

    Selon la théorie de la QCD (la chromodynamique quantique) et les expériences conduites au Cern auparavant (et actuellement au RHIC de Brookhaven), la densité extrême et les températures au moins 100.000 fois supérieures à celles régnant au cœur du Soleil, devaient permettre aux « gouttelettes » de liquide hadronique que sont protons et neutrons de se vaporiser à cette époque de l'histoire de l'univers observable. Les quarks confinés ordinairement dans les hadrons pouvaient alors se déplacer librement, baignant dans un gaz de gluons (les photons des forces nucléaires fortes), et formant avec eux le mythique plasma de quark-gluon.

    Cette transition de phase est un bon moyen d’étudier comment (et pourquoi) les protons et les neutrons peuvent peser environ 100 fois plus lourd que les quarks les constituant. En outre, il se pourrait qu’elle soit en partie responsable des champs magnétiques cosmologiques qui semblent bel et bien exister, selon une observation récente du satellite Fermi.

    Les collisions d’ions lourds produits dans Alice devraient durer jusqu’au 6 décembre 2010. Le LHC sera ensuite en arrêt technique pour maintenance. Les collisions de protons reprendront en février et l’expérimentation pour la physique se poursuivra tout au long de l’année 2011. Comme pour les faisceaux de protons, on peut suivre en direct les faisceaux d’ions au LHC.

    Une grille mondiale de calcul

    La multiplicité des collisions avec les ions de plomb dans Alice sera importante, beaucoup de données seront ainsi enregistrées, concernant un grand nombre de particules. La Grille mondiale de calcul pour le LHC (WLCG) sera bien mise à contribution. Cette grille concentre la puissance informatique de plus de 140 centres de calcul indépendants, répartis dans 34 pays. Elle permet de répondre au million d'analyses demandées quotidiennement par des centaines de physiciens et d'expédier les données à haut débit. On a déjà observé des pics de l'ordre de 10 gigaoctets par seconde, équivalant au transfert de 2 DVD complets par seconde.


  • #2
    Enfin les premières collisions d'ions lourds au LHC !

    Par Laurent Sacco, Futura-Sciences

    Depuis quelques jours au LHC, les ions de plomb avaient remplacé les protons. Les premières collisions se sont produites dimanche, elles ont été observées et mesurées à l’intérieur du détecteur Alice, l’expérience dédiée à l’étude des collisions d’ions lourds.

    L'excitation est grande pour les physiciens traquant les secrets de la transition de phase qui a conduit un plasma de quark et de gluons libres à devenir un gaz de nucléons, moins d’un millionième de seconde après le Big Bang. Ce dimanche 7 novembre 2010, à 12 h 30 environ, des collisions Pb-Pb se sont produites pour la première fois dans Alice, l’un des quatre grands détecteurs équipant le LHC.

    Les énergies que l’on pourra atteindre lors de ces collisions entre les ions de plomb sont en effet susceptibles de créer des conditions de pression et de température permettant aux gouttes de liquides hadroniques (que sont les protons et neutrons de ces noyaux) de se vaporiser avant de se « liquéfier » à nouveau, créant de nombreux hadrons. On cherchera donc dans Alice à créer et étudier ce plasma de quark et de gluons, que l'on désigne aussi par l'acronyme QGP, pour Quark Gluon Plasma en anglais.

    Des collisions peut-être en relation avec la théorie des cordes

    De telles collisions ne sont pas seulement intéressantes pour sonder la physique hadronique découlant des équations de la chromodynamique quantique, ou pour mieux comprendre ce qui s’est passé au début de l’histoire de l’univers observable. Il semble qu’il y ait bel et bien une connexion entre certaines prédictions issues des équations de la théorie des cordes, liant la formation d’un plasma de quark-gluons en QCD et l’évaporation d’un trou noir en théorie de la supergravité, dans un espace-temps Anti de Sitter en 10 dimensions.

    Bien que ne prouvant pas que le cosmos soit effectivement le résultat des interactions entre des supercordes tissant un espace-temps de 10 à 11 dimensions, si cette connexion était plus solidement établie par l’expérience, elle contribuerait à crédibiliser la théorie des cordes.

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