Le titre est rigolo (mais juste). Le contenu est très sérieux !
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La «marche verte» vers… l’impasse
07-11-2010
Le discours prononcé samedi par le roi Mohammed VI à l’occasion du 35e anniversaire de la «marche verte» vient confirmer l’évidence du doute qui planait sur les chances d’un hypothétique «compromis» souhaité par les Nations unies aux négociations informelles qui devront s’ouvrir aujourd’hui à New York, entre le Maroc et le Front Polisario.
Le ton de la menace
Comme par le passé en pareilles circonstances, le roi a laissé l’impression d’avoir définitivement écarté l’idée d’une base de travail dans ces négociations, autre que son plan d’autonomie-annexion pour l’ancienne colonie espagnole. Samedi soir, il a fait mieux encore dans cette traditionnelle politique de verrouillage de la question sahraouie.
Il a indirectement menacé de reprendre par les armes les 20% du territoire sahraoui sous contrôle du Front Polisario et s’en est pris, plus ouvertement que par le passé, à l’Algérie qu’il accuse de «violer la légalité internationale», de «séquestrer» à Tindouf «les enfants marocains qui veulent retourner à la mère-patrie (le Maroc)».
Le ton et le langage employés par le souverain alaouite à la veille des négociations de New York, sans doute les dernières en cas d’échec, sont donc loin d’être ceux de la flexibilité souhaitée par Christopher Ross.
Pourtant, le représentant personnel du secrétaire général des Nations unies ne désespère encore pas dans cette ambiance de «tambours de guerre» créée à dessein par le monarque alaouite d’arriver à un minimum de «compromis» entre les deux parties impliquées dans ce conflit qui n'altérera en rien le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
L’«ennemi extérieur»
M. Christopher n’ignore pas que le langage employé par Mohammed VI n’est pas inédit. Il est même aussi vieux que la «marche verte» décidée le 6 novembre par le défunt Hassan II, soit à une semaine de la signature des «accords secrets de Madrid», le 14 novembre de la même année, entre Madrid, Rabat et Nouakchott sur le partage du Sahara.
Il sait que ce langage, par le ton et le contenu, est destiné en partie à impressionner l’autre partie au conflit, le Front Polisario, histoire d’arracher des concessions au mouvement sahraoui en prévision des négociations d’aujourd’hui.
Il sait aussi que le souverain marocain s’adressait en priorité à ses sujets et qu’il ne pouvait pas employer un ton plus mesuré à l’heure où le pays subit des pressions internationales sans précédent des «ennemis de la cause nationale» et le pays en proie à de graves difficultés économiques et sociales quasi-insolubles.
Ces «ennemis», outre le Front Polisario et l’Algérie, sont en Occident et le roi se garde bien de les nommer. Ce sont pourtant eux les organisations civiles internationales, les parlementaires et la presse espagnole, notamment, qui lui causent le plus de soucis.
C’est contre eux qu’il a mobilisé les «manifestations populaires spontanées» au procès des indépendantistes de Casablanca, samedi dernier, et aux port et aéroport d’Al Ayoune pour avoir porté la réalité des camps de toile à la connaissance de l’opinion publique mondiale.
La «diplomatie civile»
Le roi a trop promis à ses sujets, au plan économique et social, trop fait dans la fuite en avant dans le «dossier Sahara» pour mettre la communauté internationale devant le «fait accompli».
Visiblement, il avait surestimé le soutien de la France aux Nations unies où sont parvenus les échos de détresse des populations sahraouies qui ont choisi d’être des «réfugiés» libres dans leur propre pays que des «sujets de sa Majesté», sinon carrément sous-estimer le poids des organisations humanitaires et civiles. La vraie source de la diplomatie moderne.
Pour des raisons qui sont propres à la France, Nicolas Sarkozy ne peut plus beaucoup pour son allié marocain, trop compromis pour ses violations répétées des droits de l’homme au Sahara et la cible privilégiée de ces organisations humanitaires qui ne se comptent pas parmi ses meilleurs amis.
Par le comportement brutal de ses forces d’occupation du Sahara, le Maroc a perdu progressivement le soutien de ses amis les plus sûrs, sur lesquels il comptait encore pour assurer la promotion de son plan d’autonomie et voiler ses pratiques de violence à l’encontre des Sahraouis.
Même le gouvernement Zapatero prend ses distances vis-à-vis du roi du Maroc et de son plan et pas seulement parce que cette initiative d’inspiration espagnole n’a pas fait recette à l’étranger et à l’ONU. Depuis la grève de la faim, en 2009, d’Aminatu Haider, le gouvernement socialiste espagnol refuse de s’engager dans cette voie à haut risque à moins de deux ans des élections générales.
Députés espagnols maltraités
Les protestations sociales et politiques dans les camps de toile dressés aux alentours des villes du Sahara occidental, en particulier celui d’Al Ayoune, où sont établis plus de 20 000 Sahraouis, a eu un écho international aussi puissant que la grève de la faim d’Aminatu Haider.
A cause de la répression des Sahraouis mais aussi pour celles des étrangers, en majorité espagnols, qui ont voulu s’informer de la réalité de ces camps. Journalistes, avocats et même des députés espagnols sont maltraités par la police marocaine à leur arrivée à l’aéroport d’Al Ayoune. Depuis samedi, trois parlementaires basques sont bloqués et humiliés par la police dans la capitale sahraouie.
Les protestations formulées hier par Mme Elena Valenciano, secrétaire aux relations internationales du PSOE, au pouvoir, qui est considérée comme l’un des membres les plus influents du lobby socialiste pro-marocain, n’y ont rien changé. Rabat est-il en train d’être lâché par ses amis ?
Cette année, l’anniversaire de la «marche verte» est intervenu dans une conjoncture interne et internationale des plus défavorables à la monarchie alaouite. Le roi Mohammed VI avait-il donc d’autre choix que de jouer à fond le «statu quo " à l’ONU et de faire dans la surenchère nationaliste pour consommation interne ? Il sait depuis longtemps que la «marche verte» initiée par son défunt père voilà 35 ans a débouché sur une impasse.
H. A
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La «marche verte» vers… l’impasse
07-11-2010
Le discours prononcé samedi par le roi Mohammed VI à l’occasion du 35e anniversaire de la «marche verte» vient confirmer l’évidence du doute qui planait sur les chances d’un hypothétique «compromis» souhaité par les Nations unies aux négociations informelles qui devront s’ouvrir aujourd’hui à New York, entre le Maroc et le Front Polisario.
Le ton de la menace
Comme par le passé en pareilles circonstances, le roi a laissé l’impression d’avoir définitivement écarté l’idée d’une base de travail dans ces négociations, autre que son plan d’autonomie-annexion pour l’ancienne colonie espagnole. Samedi soir, il a fait mieux encore dans cette traditionnelle politique de verrouillage de la question sahraouie.
Il a indirectement menacé de reprendre par les armes les 20% du territoire sahraoui sous contrôle du Front Polisario et s’en est pris, plus ouvertement que par le passé, à l’Algérie qu’il accuse de «violer la légalité internationale», de «séquestrer» à Tindouf «les enfants marocains qui veulent retourner à la mère-patrie (le Maroc)».
Le ton et le langage employés par le souverain alaouite à la veille des négociations de New York, sans doute les dernières en cas d’échec, sont donc loin d’être ceux de la flexibilité souhaitée par Christopher Ross.
Pourtant, le représentant personnel du secrétaire général des Nations unies ne désespère encore pas dans cette ambiance de «tambours de guerre» créée à dessein par le monarque alaouite d’arriver à un minimum de «compromis» entre les deux parties impliquées dans ce conflit qui n'altérera en rien le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
L’«ennemi extérieur»
M. Christopher n’ignore pas que le langage employé par Mohammed VI n’est pas inédit. Il est même aussi vieux que la «marche verte» décidée le 6 novembre par le défunt Hassan II, soit à une semaine de la signature des «accords secrets de Madrid», le 14 novembre de la même année, entre Madrid, Rabat et Nouakchott sur le partage du Sahara.
Il sait que ce langage, par le ton et le contenu, est destiné en partie à impressionner l’autre partie au conflit, le Front Polisario, histoire d’arracher des concessions au mouvement sahraoui en prévision des négociations d’aujourd’hui.
Il sait aussi que le souverain marocain s’adressait en priorité à ses sujets et qu’il ne pouvait pas employer un ton plus mesuré à l’heure où le pays subit des pressions internationales sans précédent des «ennemis de la cause nationale» et le pays en proie à de graves difficultés économiques et sociales quasi-insolubles.
Ces «ennemis», outre le Front Polisario et l’Algérie, sont en Occident et le roi se garde bien de les nommer. Ce sont pourtant eux les organisations civiles internationales, les parlementaires et la presse espagnole, notamment, qui lui causent le plus de soucis.
C’est contre eux qu’il a mobilisé les «manifestations populaires spontanées» au procès des indépendantistes de Casablanca, samedi dernier, et aux port et aéroport d’Al Ayoune pour avoir porté la réalité des camps de toile à la connaissance de l’opinion publique mondiale.
La «diplomatie civile»
Le roi a trop promis à ses sujets, au plan économique et social, trop fait dans la fuite en avant dans le «dossier Sahara» pour mettre la communauté internationale devant le «fait accompli».
Visiblement, il avait surestimé le soutien de la France aux Nations unies où sont parvenus les échos de détresse des populations sahraouies qui ont choisi d’être des «réfugiés» libres dans leur propre pays que des «sujets de sa Majesté», sinon carrément sous-estimer le poids des organisations humanitaires et civiles. La vraie source de la diplomatie moderne.
Pour des raisons qui sont propres à la France, Nicolas Sarkozy ne peut plus beaucoup pour son allié marocain, trop compromis pour ses violations répétées des droits de l’homme au Sahara et la cible privilégiée de ces organisations humanitaires qui ne se comptent pas parmi ses meilleurs amis.
Par le comportement brutal de ses forces d’occupation du Sahara, le Maroc a perdu progressivement le soutien de ses amis les plus sûrs, sur lesquels il comptait encore pour assurer la promotion de son plan d’autonomie et voiler ses pratiques de violence à l’encontre des Sahraouis.
Même le gouvernement Zapatero prend ses distances vis-à-vis du roi du Maroc et de son plan et pas seulement parce que cette initiative d’inspiration espagnole n’a pas fait recette à l’étranger et à l’ONU. Depuis la grève de la faim, en 2009, d’Aminatu Haider, le gouvernement socialiste espagnol refuse de s’engager dans cette voie à haut risque à moins de deux ans des élections générales.
Députés espagnols maltraités
Les protestations sociales et politiques dans les camps de toile dressés aux alentours des villes du Sahara occidental, en particulier celui d’Al Ayoune, où sont établis plus de 20 000 Sahraouis, a eu un écho international aussi puissant que la grève de la faim d’Aminatu Haider.
A cause de la répression des Sahraouis mais aussi pour celles des étrangers, en majorité espagnols, qui ont voulu s’informer de la réalité de ces camps. Journalistes, avocats et même des députés espagnols sont maltraités par la police marocaine à leur arrivée à l’aéroport d’Al Ayoune. Depuis samedi, trois parlementaires basques sont bloqués et humiliés par la police dans la capitale sahraouie.
Les protestations formulées hier par Mme Elena Valenciano, secrétaire aux relations internationales du PSOE, au pouvoir, qui est considérée comme l’un des membres les plus influents du lobby socialiste pro-marocain, n’y ont rien changé. Rabat est-il en train d’être lâché par ses amis ?
Cette année, l’anniversaire de la «marche verte» est intervenu dans une conjoncture interne et internationale des plus défavorables à la monarchie alaouite. Le roi Mohammed VI avait-il donc d’autre choix que de jouer à fond le «statu quo " à l’ONU et de faire dans la surenchère nationaliste pour consommation interne ? Il sait depuis longtemps que la «marche verte» initiée par son défunt père voilà 35 ans a débouché sur une impasse.
H. A
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