Peut-on concilier économie et éthique ? A l’heure de l’économie de marché, de la mondialisation et de la sacro-sainte religion du profit, de la croissance et de la bonne santé de la Bourse, les considérations éthiques n’ont pas, ou peu, de place dans la pratique.
Très conscient de cette réalité, le Haut Conseil islamique (HCI) ne fait que lancer le débat sur «l’éthique islamique et l’économie de marché» en espérant qu’un jour l’économie tiendra compte de cet aspect qui, bien que non mesurable, pourrait changer un tant soit peu le quotidien de centaines de millions de laissés-pour-compte sur cette planète. La conférence internationale organisée par le HCI ne s’adresse pas au monde occidental seulement. Le manque d’éthique existe aussi dans les économies et les pratiques commerciales et sociales dans le monde musulman. Cheikh Youcef Al Qaradaoui l’a rappelé hier, dans le chapitre de la prohibition du gaspillage par l’Islam de son intervention, en affirmant que dans les pays du Golfe on continue de jeter la nourriture «alors que des gens meurent de faim en Afrique». Pour l’orateur, «l’éthique doit être omniprésente» et «l’Islam n’accepte pas sa séparation de la politique, de l’économie, de la science, et même dans les situations de guerre», a-t-il ajouté. Parmi d’autres fléaux décriés par Al Qaradaoui, qui se réfère à des versets du Coran et des hadiths et sunna du Prophète (QSSL), il y a le recours à la tromperie sur la qualité des produits et services proposés (y compris par des messages publicitaires), à l’usure et au monopole sur des produits alimentaires (en particulier) dans l’intention de faire augmenter les prix. «L’interdiction de l’usure, explique Al Qaradaoui, s’inscrit principalement dans la valorisation de la notion du travail et de la prohibition de l’exploitation». Pour l’économiste algérien Sid-Ali Boukrami, dont la communication s’intitule «Gouvernance, éthique et nouveau contexte international», «les nouvelles politiques sans frontières (mondialisation de l’économie à travers l’OMC et les accords bilatéraux et d’association, ndlr) et l’absence de consensus sur les normes universelles semblent limiter le développement harmonieux de la planète», ce qui engendre des «incohérences». Boukrami note que la régulation de l’économie «devient un préalable indispensable pour obtenir de meilleurs résultats en privilégiant l’éthique». Les questions de la «gouvernance» et la «mise en oeuvre de politiques publiques» (éviter de tout laisser entre les mains du privé, ndlr) lui semblent nécessaires. A ce titre, il cite comme exemple l’intervention des gouvernements des Etats-Unis et d’Europe pour «une mise en ordre de la certification des comptes et de l’audit des sociétés après les multiples scandales» en se substituant aux «ordres professionnels jaloux de leurs prérogatives». Rencontré en marge de cette rencontre, Mgr Teissier s’interroge sur la manière «d’appliquer dans notre temps» certains principes religieux, partagés aussi bien par l’islam, le christianisme et le judaïsme, «comme l’interdiction de certains comportements tels que l’usure». A la question de savoir s’il est toujours possible de concilier éthique et économie devant cette déferlante de la mondialisation basée strictement sur la recherche du profit, notre interlocuteur estime qu’il y a lieu d’abord d’engager et d’approfondir un «débat interne entre les spécialistes» des questions religieuses «ensuite débattre avec les spécialistes des sciences économiques». Pour Mgr Teissier, «il est inconcevable que des gens gagnent en quelques secondes d’énormes sommes dans des opérations boursières». Comme l’usure, c’est la destruction de toute notion de travail et de labeur.
M. Mehdi
Très conscient de cette réalité, le Haut Conseil islamique (HCI) ne fait que lancer le débat sur «l’éthique islamique et l’économie de marché» en espérant qu’un jour l’économie tiendra compte de cet aspect qui, bien que non mesurable, pourrait changer un tant soit peu le quotidien de centaines de millions de laissés-pour-compte sur cette planète. La conférence internationale organisée par le HCI ne s’adresse pas au monde occidental seulement. Le manque d’éthique existe aussi dans les économies et les pratiques commerciales et sociales dans le monde musulman. Cheikh Youcef Al Qaradaoui l’a rappelé hier, dans le chapitre de la prohibition du gaspillage par l’Islam de son intervention, en affirmant que dans les pays du Golfe on continue de jeter la nourriture «alors que des gens meurent de faim en Afrique». Pour l’orateur, «l’éthique doit être omniprésente» et «l’Islam n’accepte pas sa séparation de la politique, de l’économie, de la science, et même dans les situations de guerre», a-t-il ajouté. Parmi d’autres fléaux décriés par Al Qaradaoui, qui se réfère à des versets du Coran et des hadiths et sunna du Prophète (QSSL), il y a le recours à la tromperie sur la qualité des produits et services proposés (y compris par des messages publicitaires), à l’usure et au monopole sur des produits alimentaires (en particulier) dans l’intention de faire augmenter les prix. «L’interdiction de l’usure, explique Al Qaradaoui, s’inscrit principalement dans la valorisation de la notion du travail et de la prohibition de l’exploitation». Pour l’économiste algérien Sid-Ali Boukrami, dont la communication s’intitule «Gouvernance, éthique et nouveau contexte international», «les nouvelles politiques sans frontières (mondialisation de l’économie à travers l’OMC et les accords bilatéraux et d’association, ndlr) et l’absence de consensus sur les normes universelles semblent limiter le développement harmonieux de la planète», ce qui engendre des «incohérences». Boukrami note que la régulation de l’économie «devient un préalable indispensable pour obtenir de meilleurs résultats en privilégiant l’éthique». Les questions de la «gouvernance» et la «mise en oeuvre de politiques publiques» (éviter de tout laisser entre les mains du privé, ndlr) lui semblent nécessaires. A ce titre, il cite comme exemple l’intervention des gouvernements des Etats-Unis et d’Europe pour «une mise en ordre de la certification des comptes et de l’audit des sociétés après les multiples scandales» en se substituant aux «ordres professionnels jaloux de leurs prérogatives». Rencontré en marge de cette rencontre, Mgr Teissier s’interroge sur la manière «d’appliquer dans notre temps» certains principes religieux, partagés aussi bien par l’islam, le christianisme et le judaïsme, «comme l’interdiction de certains comportements tels que l’usure». A la question de savoir s’il est toujours possible de concilier éthique et économie devant cette déferlante de la mondialisation basée strictement sur la recherche du profit, notre interlocuteur estime qu’il y a lieu d’abord d’engager et d’approfondir un «débat interne entre les spécialistes» des questions religieuses «ensuite débattre avec les spécialistes des sciences économiques». Pour Mgr Teissier, «il est inconcevable que des gens gagnent en quelques secondes d’énormes sommes dans des opérations boursières». Comme l’usure, c’est la destruction de toute notion de travail et de labeur.
M. Mehdi
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