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Intégration maghrébine ; en attendant le cataclysme tectonique

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  • Intégration maghrébine ; en attendant le cataclysme tectonique

    Quel est l’évènement qui peut relancer l’intégration économique du Maghreb ? Des chercheurs se sont posés cette question, parmi d’autres, à la fondation Friedrich Ebert, autour du thème « l’Algérie et les intégrations économiques régionales ». La première réponse qui fuse est bien sûr politique : le règlement de la question sahraouie. Mais elle ne contente pas les extrapolations historiques. La construction maghrébine avait commencé en 1989 alors que le cessez le feu n’était pas encore signé entre le Polisario et le Maroc, et qu’ils se trouvaient des centaines de militaires marocains détenus dans les camps sahraouis de Tindouf. En théorie donc, le projet UMA peut repartir avant la fin du conflit au Sahara Occidendal.

    Aux origines, l’UMA était même portée par ses promoteurs comme un instrument de solution du conflit Sahraoui, rappelle Abdelaziz Rahabi, présent à Marrakech en février 1989 pour le coup de starter. Alors quoi d’autre ? Nachida Bouzidi, professeur à L’ENA et spécialiste de la question, note que le rapprochement de la fin des années 80 entre les pays du Maghreb correspond à une crise profonde des systèmes de production de chacun des pays. Les Marocains et les Tunisiens rééchelonnent et ajustent, les Algériens croulent sous le service de la dette. Faut-il souhaiter les sept plaies d’Egypte aux pays Maghrébins pour qu’ils se remettent à regarder les uns vers les autres ? Il faut le dire tout net, la conjoncture économique actuelle n’est pas, aux yeux des gouvernements dans chaque pays, de celle qui montre le voisin comme un recours d’urgence.

    Les trois pays du Maghreb central, colonne vertébrale de l’UMA, sont sur des cycles relativement longs de croissance soutenue. Autour de 3,5% sur les 7 dernières années. Ce n’est pas du tout le tableau des 7 dernières années de la décennie 80 qui a débouché sur la naissance de l’UMA. En outre les années de séparation ne sont pas restées sans conséquences. Le Maroc et la Tunisie cherchent toujours à s’intégrer. Mais à l’Union Européenne. Les tropismes des systèmes de production s’en ressentent. La spécialisation partielle dans la sous-traitance pour des donneurs d’ordre outre méditerranée, a masqué le commerce transversal intra-maghrébin. Il est inférieur à 3%, le plus bas au monde pour un groupement économique régional.

    L’Algérie, elle, n’a pas renouvelé sa réflexion sur l’intégration économique maghrébine. Pas une ligne de doctrine. Circonstance aggravante, ses officiels se pensent à l’abri de tout, allongés sur 157milliards de dollars de réserves de change et grisés au baril à plus de 80 dollars. Croissance soutenue pour tous, aisance financière en Algérie et en Libye : le statu quo est donc l’option la plus prévisible sur le chantier maghrébin à l’arrêt depuis 1994. Pas besoin des voisins. Il suffit pourtant juste de déplacer le curseur sur l’échelle du temps, de reculer le zoom sur la carte du monde pour se rendre compte que le sort du Maghreb, pris pays par pays, n’est pas brillant. D’abord la prospective : le Maroc et la Tunisie sont rentrés dans un cycle structurel de déficit de leur balance commercial. Il est à la fois la conséquence du démantèlement tarifaire avec l’Europe et du renchérissement de l’énergie.

    Dans le temps, seule une bien plus forte attractivité d’investissements étrangers peut compenser le gap sur la balance des paiements. Ce surcroît d’attractivité c’est notamment le marché maghrébin uni qui peut l’apporter significativement. Le temps joue aussi contre l’Algérie. Les revenus énergétiques vont rester conséquents sur la prochaine décennie. Mais la perte de volume à l’exportation commencera vers la fin de cette même décennie. A cause de la hausse de la consommation énergétique interne et au plafonnement du renouvellement des géants vieillissants : Hassi R’mel et Hassi Messaoud. La aussi la nouvelle connexion au monde passe, entre autres cap stratégique, par le Maghreb intégré.

    Tout va donc moins bien si l’on regarde au-delà des cinq ans. Mais tout n’est déjà pas si bien maintenant. C’est le critérium de la croissance qui le dit. La Turquie est bien plus dynamique sur le pourtour méditerranéen. En s’éloignant vers l’Asie à l’est, et vers l’Amérique latine à l’ouest, les taux moyens de 3,5% de croissance au Maghreb deviennent pâles. La région rend de deux à trois points de croissance aux autres pôles émergents de la planète. Même l’Afrique subsaharienne croît, dans sa partie anglophone, plus vite que le Maghreb depuis cinq ans.

    La crise financière de 2008-2009 aurait pu être l’occasion d’un sursaut maghrébin. L’Europe s’est avérée un partenaire fébrile de la Tunisie et du Maroc (chute brutale de la demande) et le monde a fermement décidé de sortir rapidement de l’énergie fossile (message à Alger et Tripoli). Au lieu de quoi, Ahmed Ouyahia considère, du haut de la tribune de l’APN, que comparer les performances de l’Algérie à ceux de la Tunisie et du Maroc, pour montrer l’incompétence de son gouvernement, est une « trahison ». L’évènement qui relancera le Maghreb ? Un grand cataclysme tectonique.


    El Kadi Ihsane

    ELWATAN

  • #2
    Au lieu de quoi, Ahmed Ouyahia considère, du haut de la tribune de l’APN, que comparer les performances de l’Algérie à ceux de la Tunisie et du Maroc, pour montrer l’incompétence de son gouvernement, est une « trahison ».
    Lol, j'etais pas au courant de ca. C'est ca le prochain dirigeant/lumiere algerien?

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