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Djamel sabri , el bachtola, le retour ..

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  • Djamel sabri , el bachtola, le retour ..

    Une interview récente du chanteur chaoui d'oum bouaghi presage de son retour sur la scène musicale. Son absence n'était visiblement qu'une pause et aussi le temps de faire quelques soins qui ont visiblement porté leurs fruits.

    Le visage ascétique, la souplesse du geste, contrastent avec la fixité du regard. Inoxydable, il y a de la noblesse chez Djo, de la majesté, de l’élégance, quelque chose de l’âme berbère. Un Jugurtha des temps modernes. Il nous accorde un entretien dans son temple (local de répétition).
    Liberté : Nous avons appris que tu étais malade…
    Djamel Sabri : Oui, c’est vrai. Je me suis fait opérer dune hernie. J’ai passé des moments un peu difficiles mais ça va beaucoup mieux. Tu vois, je suis debout.



    Tu ne passes plus à la télévision, pas de nouvelles dans la presse écrite, sauf rarement, et bien, nous sommes venus te voir… prendre des tes nouvelles…

    Bienvenue à Bougui [ndlr : Oum el Bouaghi]. On parlait santé, ça va beaucoup mieux, si tu parles musique, ça ira mieux (rires). J’ai fait un temps d’arrêt de quelques années que certains trouvent assez long, moi, je considère que pour travailler, il faut être sincère avec soi mais surtout envers les gens auxquels on donne à écouter, c'est-à-dire les mélomanes que je respecte. Je ne suis pas un appareil polaroïd ou une cocotte-minute. Je chante des textes, je ne raconte pas n’importe quoi, genre mon amour sur la plage, les nuages, garage… Ce n’est pas mon truc. Moi, c’est le cœur pas les hanches. Je ne fais pas danser les gens. Ce n’est pas mon métier.

    Depuis Yemma el-Kahina et Ma Yella, c’est le silence…

    Corrigez, s’il vous plaît, ce n’est pas Ma Yella qui n’est qu’un refrain de la chanson, mais Bachtola. Effectivement, nous avons commencé l’aventure et le groupe les Berbères, qui s’est fait connaître par le titre Yemma El Kahina. J’aime l’original et l’originel. En deux mots, ce qui a une origine et qui est unique, sinon rare. Je ne suis pas plus malin que les autres mais je suis comme ça. Je suis né et j’ai grandi dans une région où les anciens racontaient et continuent de le faire — Dieu merci ! — de belles histoires d’amour, de bravoure, où le mythe et la réalité se disputent le premier rôle. Je suis imprégné de ça, c’est ma culture. Je ne peux pas composer une chanson toutes les deux heures et mettre la boîte à rythme sur l’Orient, car j’habite l’Afrique du Nord. Je me respecte pour qu’on me respecte. S’ajoute un autre facteur et pas des moindres. Il n’était pas permis de chanter en chaoui, mal nous a pris de le faire, et pourtant on a gardé le cap. Aussi, ici, tu es à plus de 500 km de la capitale, loin de la Maison de la presse, loin des studios d’enregistrement et pas en 2010. Nous avons osé à la fin des années 1970. Pour se procurer un fil de guitare électrique, il fallait se déplacer à Constantine ou Batna, alors les baguettes de la batterie, je ne vous dis pas. (Rires).

    Mais tu chantes quoi exactement ?

    Je ne sais même pas si je chante. Je crois que je me contente de dire à ma manière. Il y a des réalités qui s’imposent dans le temps et dans l’espace. Prenez la chanson Bachtola, par exemple, c’est inspiré de la tradition et du génie populaire. Un homme avec sa bachtola (pistolet) veut défier la tribu de sa bien-aimée et toutes les autres tribus, si c’était nécessaire. C’est la mort certaine, mais c’est aussi l’amour absolu. Ce n’est pas une histoire qui nous vient d’Orient ou d’Occident, non, c’est une histoire racontée par les anciens et elle a eu lieu dans le pays chaoui. Pour répondre à votre question, je crois que, quelque part, je suis en train de dépoussiérer une culture, une civilisation, méprisée par les siens. El Harez, Chaoui yegouma ou Yemma el Kahina, que j’ai chantées à Tizi Ouzou en présence du regretté Matoub, c’est l’histoire partagée, le destin commun et pas uniquement au Djurdjura. Je reçois des centaines, sinon des milliers, de lettres électroniques de jeunes filles ou garçons, de toute l’Algérie, qui reprennent surtout Yemma el Kahina, en arabe ou en berbère. Cela me fait un énorme plaisir, car j’ai réussi à partager et c’est ce que je voulais. On me disait que j’ai des textes difficiles, il n’en est rien, et je vous avoue que je ne suis pas moutrib, ça fait très égyptien et ça ne me plaît pas du tout.


    Vingt après, où en es-tu ?

    Et après ? (Rires). J’ai toujours la même fougue et la même idée. Je porte l’âme berbère dans mon cœur, pas sur mes vêtements. Puisque je vous aime bien, je vous informe que nous entamons un travail pour un nouvel album. Les Rahaba (troupes traditionnelles dans les Aurès) disent : “Viens, on va taper du pied jusqu'à faire trembler la terre.” Et c’est ce qu’ils font depuis la nuit des temps. Ils maintiennent en vie une tradition, une pratique qui a frisé la mort. J’ai la prétention de faire la même chose. Chaque chanson, chaque texte, chaque album est une tentative, pour garder notre culture, notre histoire, notre identité en vie, et vivre notre époque. C’est la réussite de cette alchimie, avoir une racine, ne pas la perdre, car c’est notre ancrage, mais aussi vivre notre époque, dire qui nous sommes, pas qui nous voulons être.
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