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Sahara occidental: une semaine après les émeutes, Laâyoune sous le choc

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  • Sahara occidental: une semaine après les émeutes, Laâyoune sous le choc

    De Thibauld MALTERRE (AFP)

    LAAYOUNE — Le campement de tentes installé à ses portes a disparu depuis une semaine, mais Laâyoune, dans le Sahara occidental, porte encore les cicatrices des émeutes qui ont suivi son démantèlement par les forces de l'ordre marocaines: bâtiments calcinés et habitants sous le choc.
    Le 19 octobre, plusieurs dizaines de personnes avaient installé leurs tentes à Gdim Izik, à 12 km de Laâyoune, la capitale du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée en 1975 par le Maroc.

    Après plusieurs semaines, ils étaient jusqu'à 15.000 selon les observateurs des Nations unies et un dialogue a été établi avec les autorités.
    "Les revendications des membres du camp étaient purement d'ordre socio-économique. Il n'y avait pas de discours politique, pas de drapeau du Front Polisario" qui milite pour l'indépendance du territoire, explique Ghalia Djimi, une responsable de l'Association des victimes des violations des droits de l'homme commises par l'Etat marocain.

    Mais les discussions visant à obtenir des logements sociaux, un revenu minimum pour les familles dans le besoin, des embauches dans la fonction publique pour les jeunes diplômés ont mené à une impasse, et les autorités ont décidé de disperser le campement.

    "On s'est rendu compte que les responsables du camp étaient manipulés par les séparatistes qui réclamaient toujours davantage, appuyés par une garde prétorienne qui empêchait des gens de quitter librement le campement", assure Mohamed Jelmous, wali (préfet) de la région.

    "Parmi les résidents, il y avait beaucoup de gens honnêtes qui voulaient qu'on réponde à leurs besoins, mais aussi des criminels, notamment des trafiquants des filières d'immigration clandestine et de contrebande de cigarettes et de drogue, dont les réseaux ont été démantelés dans le cadre de la coopération régionale contre le terrorisme", affirme-t-il.
    Policiers et gendarmes marocains en tenue anti-émeute sont alors intervenus le 8 novembre à l'aube. Les forces de l'ordre n'ont pas fait usage d'armes à feu, selon les observateurs de l'ONU.

    Les premiers affrontements ont éclaté dans le camp, puis très vite se sont répandus dans Laâyoune. Selon des images prises depuis un hélicoptère de la gendarmerie marocaine et que l'AFP a pu consulter, les émeutiers étaient quelques dizaines, le visage dissimulé, armés de sabres et de bâtons, circulant à bord de véhicules tout-terrain.

    On les voit entourer de mèches des bonbonnes de gaz pour en faire des explosifs artisanaux et incendier des bâtiments: état-civil, tribunal, administrations, banque, concession automobile, station de télévision...
    "Pour la population sahraouie, cela reste comme le lundi noir. Le Maroc s'était engagé à apporter des réponses à nos revendications sociales et elles ont pris la forme de gaz lacrymogènes et de canons à eau", dénonce Ahmed (un pseudonyme), membre d'une associations de jeunes cadres sahraouis.

    Le site du campement, sous la garde des forces marocaines, est aujourd'hui désert et seules les armatures métalliques des tentes et quelques ustensiles de cuisine témoignent que des milliers de personnes y ont vécu.
    Le bilan officiel fait état de 12 morts, 10 parmi les forces de l'ordre et deux civils, ainsi que d'une centaine d'arrestations. Le Polisario évoque un grand nombre de victimes civiles, sans les identifier.

    "Je veux lancer un appel très clair à toutes les parties, pour qu'elles mettent un terme à leur guerre médiatique, qui ne fait que jeter de l'huile sur le feu et polariser les extrêmes, sans le moindre résultat", met en garde Hany Abdel-Aziz, représentant du secrétaire général des Nations unies et patron de la MINURSO, qui regroupe près de 200 observateurs militaires non armés.

    Un appel à la raison qui risque de se heurter à la détermination des jeunes sahraouis. "Ils n'ont pas notre patience et ils pensent qu'il faut qu'il y ait des violences pour attirer l'attention de la communauté internationale", met en garde Ghalia Djimi.

    Copyright © 2010 AFP. Tous droits réservés.
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