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Vos Présidents dans les mémoires de leurs Présidents .

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  • Vos Présidents dans les mémoires de leurs Présidents .

    Vos Présidents dans les mémoires de leurs Présidents





    C'est devenu une tradition intellectuelle savoureuse: lire les mémoires des ex-présidents de l'Occident et des «puissances» pour retrouver les « lignes » consacrées à son propre président. Souvent, il s'agit d'une grosse révélation, d'un jugement que les us diplomatiques ne permettaient pas, à l'époque, de rendre publics, de caprices, de préjugés mais aussi de révélations. Le dernier épisode en date est celui des mémoires de Bush le fils, sous le titre «Instants décisifs», révélant que le président de l'ex-Egypte, Moubarak, l'avait induit en erreur en lui affirmant que Saddam détenait des armes de destructions massives. L'ancien président américain écrit que Moubarak a dit au commandant des forces américaines, le général Tommy Franks, que «l'Irak possédait des armes bactériologiques et était décidé à les utiliser contre nos troupes». Bush ajoute que Moubarak refusait de prononcer ces accusations en public «de peur de provoquer la rue arabe». «Le renseignement venant d'un dirigeant du Moyen-Orient qui connaissait bien Saddam a influé sur ma réflexion», a encore justifié l'ex-président US, rapportent les journaux. Et s'il faut prendre avec précaution ce genre de révélations qui visent à blanchir un ex-président américain et à diluer ses responsabilités et celle de son équipe guerrière, on ne peut s'empêcher d'accorder du crédit à ce qu'il dit. La raison ? Nous connaissons tous nos présidents «arabes», leurs vocations de pupilles des puissances et leurs fonctions dans l'histoire moderne et surtout celle du Moyen-Orient. Qu'un président égyptien demande à son maître d'attaquer un «pays frère» incommodant n'a rien d'étonnant. Le lire dans les mémoires d'un autre Président est un plaisir intellectuel, pas plus. Bien sûr, cela tombe mal pour le monarque qui va se fabriquer un bon score électoral dans quelques jours dans son pays, mais cela ne va pas changer l'histoire. Il en va de même pour les autres mémoires écrites sur nos « Présidents » par d'autres chefs d'Etat occidentaux. On les lit avec amusement, plaisir, satisfaction, voyeurisme et délectation morbide : si le colon le dit c'est que l'indigène existe. Pour notre cas à nous, pays de la RADP et de la plus grande mosquée d'Afrique, c'était une mode depuis longtemps. Les mémoires des présidents français, ceux de Giscard ou de Chirac, entre autres, nous ont assuré quelques intenses moments de libido: on y retrouvait ce que la France n'osait pas dire mais qu'un retraité peut oser: des jugements, des portraits peu reluisants, des agacements face aux discours fleuves des nôtres, des clins d'œil à leurs mœurs quand ils font le saut à Paris et des jugements presque définitifs sur leur compétence de leaders autoproclamés. C'est vous dire que les «mémoires» des présidents occidentaux sont un ravissement, même si elles ne serviront jamais à des révolutions. L'avantage est que les régimes autochtones ne peuvent pas les censurer ou demander leurs corrections: Chirac par exemple ou Bush ne sont pas Benflis, Bentobal ou Chadli. Pour ces derniers, on peut expliquer que les mémoires c'est pour après la mort, on peut menacer, laisser entendre que cela va être chèrement payé. Les nôtres n'ont pas l'audace de les écrire même après leurs enterrements, savent que le peuple n'existe pas, contrairement au Pouvoir, et que publier des mémoires ne sert à rien sauf à allonger les condoléances ou à dissoudre les dernières chances d'être à nouveau appelé à «revenir». L'absence de tradition des «mémoires» chez nos politiques n'est pas donc due à des clauses de loi sur la vie privée et la vie publique ni à une humilité profonde, mais à la conviction solide que cela ne sert à rien ou, seulement, à provoquer d'affreux retours de manivelle qui peuvent remonter jusqu'aux premières balles de la guerre. Beaucoup d'universitaires demandent à la France de faire « un travail de mémoire». Ah, s'ils savaient quel affreux cauchemar intime cela est pour les nôtres si on ose parler de leur jeunesse et de leur mauvaise vieillesse !



    par Kamel Daoud


    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    Pas mal, pas mal, quand il parle politique, il est lucide.

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