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Nora Berra.

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  • Nora Berra.

    Le jour viendra
    Nora Berra, secrétaire d'Etat à la Santé en France, est une française d'origine algérienne. C'est un enfant de chez nous, comme on devrait dire. Fille d'un tirailleur algérien, née à Lyon, une ville qu'elle aime plus que tout, confie-t-elle, elle était venue à Oran faire des études de médecine, l'occasion in situ de choisir entre les deux pays qui s'offraient à son cœur, la France et l'Algérie. Elle a choisi la première. Mais que signifie vraiment ce choix, pour elle comme pour nous ? Rien d'important. Nora peut être française, à sa guise, elle n'en restera pas moins algérienne dans nos cœurs. Comme Zidane. Comme tous les Français d'origine algérienne, connus ou anonymes. Nous sommes fiers de tous les Algériens qui réussissent ici ou ailleurs, n'en déplaise à ceux qui veulent faire de l'Algérie une chasse gardée. Un territoire sous haute protection, réservé à une masse fanatisée par la médiocrité, sur laquelle s'exercerait une mainmise aux articulations et aux intentions politiques des plus douteuses. Qu'est-ce que l'Algérie et qu'est-ce être Algérien ? Des questions qui ne devraient plus se poser depuis l'indépendance. Aimer l'Algérie aurait dû suffire. Ce ne sont pas les papiers et la bureaucratie qui font la différence. Pas plus que la race ou la confession religieuse. Pendant la révolution, le FLN sommait le million d'Européens qui vivaient ici de choisir entre rester Français ou devenir Algériens, et il avait sans doute raison alors. Car ce choix en supposait d'autres : l'indépendance nationale, le refus du colonialisme, la victoire sur l'injustice, la naissance d'une nation… Quel sens a-t-il aujourd'hui ? Les exigences d'hier, ayant perdu leur raison par le cours de l'histoire, se sont transformées en une sorte de repli sur soi absurde et dommageable. Il ne s'agit plus seulement de Français qui vivaient en Algérie, sur le mode de la ségrégation raciale et du système colonial, mais d'Algériens aussi qui vivent et travaillent librement en France. Nous avons tant d'amis de notre pays parmi les uns et les autres. Que craignons-nous au juste ? Qu'ils viennent nous disputer les miettes d'un gâteau, ce paradis sur terre au nom idyllique de «One two three/Viva l'Algérie», que le monde entier convoite ? Qu'ils s'improvisent cheval de Troie pour revenir nous coloniser traîtreusement ? Ou encore que, jaloux de nos valeurs arabo-islamiques et le bon usage qui en est fait par certains, ils entreprennent de nous en inculquer les leurs, de valeurs, dont on sait par ici tout le satanisme… Pur délire ! Bien au contraire, en nous ouvrant sur les «nôtres», nous nous rassemblons. Nous nous ouvrons sur le monde, et nous nous dépassons en dépassant ainsi nos mesquines contradictions, de ce dépassement indispensable qui fait l'évolution humaine selon certains philosophes. Certes, rien ne nous y invite expressément encore, ni nos élites intellectuelles ni nos dirigeants bien aimés – tous baignant dans le conservatisme ambiant, l'ignorance crasse, la peur qui nous immobilise dans la stagnation et la régression. Qui nous fait redouter l'audace et l'imagination... Mais «le jour viendra» comme dit cette chanson. Le jour viendra où nous serions non pas indépendants à l'égard d'un pays donné, car nous le sommes déjà quoi qu'on en dise, mais libres simplement. Il n'y a pas d'autre véritable enseignement à tirer de notre grande Révolution que cette liberté.
    Par Aïssa Khelladi
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