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Maroc - Les ratés des accords de libre échange

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  • Maroc - Les ratés des accords de libre échange

    La course aux accords de libre échange menée par le Maroc au début des années 2000 pour doper ses exportations et arrimer son économie au ‘’cours mondial’’ montrent, dix ans après, leurs limites. Le pays importe plus et exporte moins, avec un déficit commercial toujours en hausse. Mais, attention, prévient le ministre du commerce, Abdelatif Maazouz, ‘’il n'est pas question de faire marche arrière’’.


    Les accords commerciaux conclus par le Maroc à la fin des années 90 pour développer son économie, moderniser son industrie, et surtout améliorer le volume de ses recettes d’exportation, sont-ils en train de donner les résultats contraires ? Selon des économistes marocains, ces accords profitent plus aux partenaires du Maroc. Le cas de l’accord d’association signé en 1996 en est un parfait exemple. Cet accord, entré en vigueur en 2000, a complètement changé la structure du commerce extérieur du Maroc avec l’union européenne (UE). Entre 2007 à 2009, les exportations des pays de l’UE vers le Maroc réalisées sous le régime préférentiel ont bondi de 20%. Ils sont passé de 55 à 66 milliards de DH (1 euro=12 dirhams). Leur croissance a été plus forte que celle des exportations totales vers le Maroc tous régimes confondus, qui sont passées de 138 à 139 milliards de DH sur la même période. Autre constat : depuis l’entrée en vigueur de cet accord, le déficit de la balance commerciale du Maroc avec l’UE est passé de 23,3 milliards de DH en 2004 à 65,6 milliards en 2009.

    Inquiétude pour 2012

    L’approche de la date butoir du démantèlement douanier total prévu pour 2012, inquiète encore plus. Car les exportations marocaines vers l’UE ont chuté de 90,3 milliards de DH en 2007 à 73,4 milliards en 2009. Plus grave : les ventes réalisées sur ce marché sous le régime préférentiel ont suivi la même tendance, passant de 8,3 à 7,8 milliards de DH, et la part de ces exportations ne représente plus que 10% des ventes totales de biens marocains sur le marché communautaire. Les produits manufacturiers, qui constituent l’essentiel des exportations du Royaume, n’ont pas bénéficié du régime préférentiel, notamment les vêtements confectionnés et les articles de bonneterie dont les ventes vers ce marché, totalisant respectivement 17,4 et 6,4 milliards de DH en 2009, ont dû s’acquitter des tarifs douaniers ordinaires. La part des expéditions vers l’UE qui a profité du régime préférentiel porte sur une valeur insignifiante de respectivement 381 millions de DH pour les vêtements confectionnés et 249 millions de DH pour les articles de bonneterie. Et, avec 80% de ses besoins en tissus importés, le secteur se heurte aux règles d’origine.
    ALE, l’autre souci des ‘’mordus’’ du libre échange
    Même scénario avec les Etats-Unis à travers l’accord de libre échange (ALE) signé en 2004 et entré en vigueur en 2006. En dépit de sérieux avertissements de la société civile, le gouvernement marocain a signé un accord dont les piètres résultats font mal aujourd’hui à l’économie du pays. Ainsi, les Etats-Unis ont triplé leurs exportations vers le Maroc depuis l’entrée en vigueur de l’ALE. Elles sont passées de 6,1 milliards de Dh en 2005 à 18,8 milliards de DH en 2009. Les ventes réalisées sous le régime préférentiel ont totalisé 11 milliards de DH. Par contre, les expéditions marocaines vers les Etats-Unis ont peu progressé, passant de 2,5 milliards de DH en 2005 à 3,6 milliards en 2009, dont 2,4 Mds de Dh dans le cadre préférentiel de l’accord). Ce sont les phosphates (sous régime préférentiel) qui ont boosté les exportations marocaines vers les Etats-Unis avec 2,2 milliards de DH, alors que les produits textiles n’ont presque pas pu franchir les frontières américaines. L’accord de libre échange maroco-américain conclu au mois d’avril 2004 et signé au mois de juin, après 13 mois de négociations, lève pratiquement toutes les barrières douanières aux produits américains exportés vers le Maroc. Il introduit certaines restrictions, notamment dans le domaine de la production des génériques et des textiles, aux industriels marocains.
    L’accord d’Agadir, l’autre déception ?
    L’accord d’Agadir, conclu en 2004 avec la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie, et entré en vigueur en 2007, est également une grande déception pour les professionnels marocains de l’export. Les importations marocaines effectuées dans le cadre de cet accord sont passées de 560 millions de DH en 2007 à 2,8 milliards de DH en 2009, alors que les importations totales en provenance de ces pays ont atteint près de 5 milliards DH en 2009 (contre 4,5 milliards de DH en 2007). Quant aux exportations marocaines vers la zone de l’accord d’Agadir, elles ont peu progressé : 1,28 milliard de DH en 2007 et 1,84 milliard de DH en 2009. Le Maroc a-t-il été victime de sa boulimie ‘’libre-échangiste’’ ? Selon des analystes, la course à la conclusion d’accord de libre échange menée par le Maroc ‘’n’est pas forcément la meilleure manière pour relancer la croissance, stimuler les investissements et améliorer le niveau de la production industrielle et agricole’. ‘’Pour avoir trop cherché à ouvrir son économie, à la libéraliser à travers des accords de libre échange tous azimuts, le Maroc est aujourd’hui acculé à trouver des solutions urgentes pour maintenir son niveau de croissance à au moins 4 PC du PIB, sans rogner sur les acquis sociaux’’, estiment des analystes marocains. Mais, pour le ministre du commerce, il faut pondérer tout cela. Il a mis en garde contre ‘’une lecture strictement comptable des accords de libre-échange’’. Refusant de remettre en cause le processus d'ouverture de l'économie du pays, il a averti que ‘’il n'est pas question de faire marche arrière et de revenir au système protectionniste’’.


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