Alors que le roi Abdallah est absent, l'âge avancé de ses possibles successeurs, le mauvais état de leur santé et des signes de querelles internes jettent une ombre sur les lendemains saoudiens.
Tandis que le roi Abdallah, âgé de 86 ans et souffrant d'une "hernie discale compliquée", est parti le 22 novembre pour se faire soigner aux Etats-Unis, le prince héritier, premier vice-Premierministre et ministre de la Défense, Sultan ben Abdel Aziz, âgé de 83 ans, se bat contre le cancer depuis plus d'un an.
Le vice-prince héritier ne semble guère aller mieux et le gouverneur de la province de Riyad est prostré. Après le passage dans les meilleurs hôpitaux occidentaux, ils vont probablement tous se retrouver pour de longs séjours de convalescence dans la ville-sanatorium d'Agadir [au Maroc, sur la côte atlantique]. C'est là qu'ils recevront des visiteurs arabes et étrangers, que se dérouleront des négociations et que seront signés des contrats.
Et surtout, la ville grouillera de jeunes princes qui y viendront régler des affaires de famille et débrouiller les questions d'héritage que la famille régnante a tant de mal à régler.
L'héritage a été ouvert, en quelque sorte, par le roi lui-même lorsqu'il a cédé son poste de chef de la garde nationale à son propre fils. On n'aura pas à attendre longtemps avant la suite du mouvement. Bientôt, les "autorités d'Agadir" procéderont à la remise des clefs de la Défense au fils de l'actuel titulaire, qui en est déjà le vice-ministre, Khaled ben Sultan. Quand à l'Intérieur, il échouera au fils du ministre actuel, Nayef. La seule chose qui paraît encore totalement incertaine est de savoir qui montera sur le trône quand l'heure viendra.
Car il semble peu probable que le roi Abdallah puisse écarter les membres du “gouvernement d'Agadir” de la succession en imposant une personnalité de la génération suivante, quelqu'un qui n'aura pas besoin d'aller se reposer lui aussi à plus ou moins brève échéance sur les bords de l'Atlantique marocain.
Ce “gouvernement d'Agadir” est d'autant plus important qu'il comporte les piliers des Soudeiri [clan des demi-frères du roi]. Ils veilleront à ce que le roi n'impose pas sa propre lignée à la tête de l'Etat et feront en sorte que leurs fils respectifs détiennent une partie du pouvoir, l'un contrôlant la garde nationale, l'autre l'armée ou les forces de police. Toute velléité solitaire de l'un d'entre eux risquerait de provoquer des affrontements armés avec les autres, et in fine de les emporter tous. Aucun prince de la vieille génération n'oserait s'engager dans une aventure qui risquerait de sonner la fin de la saga des Al-Saoud.
Un des scénarios d'avenir est que cette division en fiefs se renforce et qu'à terme on ait affaire à une fédération d'émirats. Car, au-delà de la transformation des ministères en fiefs de père en fils, il y a les provinces qui succombent au même phénomène et qui pourraient devenir de plus en plus autonomes.
Le tout pourrait bien être couronné d'un pouvoir symbolique unitaire, mais qui serait dépourvu de véritable pouvoir. Une fédération d'émirats où l'on hérite des postes, s'imposera par la force à la population. Et les ressources de l'Etat central seront disputées par chacun de ces émirats.
Ce sinistre scénario est en train de s'installer depuis le milieu des années 1990, malgré quelques mesures bureaucratiques telles que la création d'un conseil de la succession (majlis al-bai'a), qui est néanmoins resté lettre morte. Ainsi, la population saoudienne continuera d'assister en témoin effrayé au spectacle qui se déroule à la tête de l'Etat. Cela est d'autant plus grave qu'il n'existe pas de société civile pour combler un éventuel vide de pouvoir.
Madawi Al-Rasheed
Le roir Adballah en partance pour les États-Unis, le 22 novembre
Tandis que le roi Abdallah, âgé de 86 ans et souffrant d'une "hernie discale compliquée", est parti le 22 novembre pour se faire soigner aux Etats-Unis, le prince héritier, premier vice-Premierministre et ministre de la Défense, Sultan ben Abdel Aziz, âgé de 83 ans, se bat contre le cancer depuis plus d'un an.
Le vice-prince héritier ne semble guère aller mieux et le gouverneur de la province de Riyad est prostré. Après le passage dans les meilleurs hôpitaux occidentaux, ils vont probablement tous se retrouver pour de longs séjours de convalescence dans la ville-sanatorium d'Agadir [au Maroc, sur la côte atlantique]. C'est là qu'ils recevront des visiteurs arabes et étrangers, que se dérouleront des négociations et que seront signés des contrats.
Et surtout, la ville grouillera de jeunes princes qui y viendront régler des affaires de famille et débrouiller les questions d'héritage que la famille régnante a tant de mal à régler.
L'héritage a été ouvert, en quelque sorte, par le roi lui-même lorsqu'il a cédé son poste de chef de la garde nationale à son propre fils. On n'aura pas à attendre longtemps avant la suite du mouvement. Bientôt, les "autorités d'Agadir" procéderont à la remise des clefs de la Défense au fils de l'actuel titulaire, qui en est déjà le vice-ministre, Khaled ben Sultan. Quand à l'Intérieur, il échouera au fils du ministre actuel, Nayef. La seule chose qui paraît encore totalement incertaine est de savoir qui montera sur le trône quand l'heure viendra.
Car il semble peu probable que le roi Abdallah puisse écarter les membres du “gouvernement d'Agadir” de la succession en imposant une personnalité de la génération suivante, quelqu'un qui n'aura pas besoin d'aller se reposer lui aussi à plus ou moins brève échéance sur les bords de l'Atlantique marocain.
Ce “gouvernement d'Agadir” est d'autant plus important qu'il comporte les piliers des Soudeiri [clan des demi-frères du roi]. Ils veilleront à ce que le roi n'impose pas sa propre lignée à la tête de l'Etat et feront en sorte que leurs fils respectifs détiennent une partie du pouvoir, l'un contrôlant la garde nationale, l'autre l'armée ou les forces de police. Toute velléité solitaire de l'un d'entre eux risquerait de provoquer des affrontements armés avec les autres, et in fine de les emporter tous. Aucun prince de la vieille génération n'oserait s'engager dans une aventure qui risquerait de sonner la fin de la saga des Al-Saoud.
Un des scénarios d'avenir est que cette division en fiefs se renforce et qu'à terme on ait affaire à une fédération d'émirats. Car, au-delà de la transformation des ministères en fiefs de père en fils, il y a les provinces qui succombent au même phénomène et qui pourraient devenir de plus en plus autonomes.
Le tout pourrait bien être couronné d'un pouvoir symbolique unitaire, mais qui serait dépourvu de véritable pouvoir. Une fédération d'émirats où l'on hérite des postes, s'imposera par la force à la population. Et les ressources de l'Etat central seront disputées par chacun de ces émirats.
Ce sinistre scénario est en train de s'installer depuis le milieu des années 1990, malgré quelques mesures bureaucratiques telles que la création d'un conseil de la succession (majlis al-bai'a), qui est néanmoins resté lettre morte. Ainsi, la population saoudienne continuera d'assister en témoin effrayé au spectacle qui se déroule à la tête de l'Etat. Cela est d'autant plus grave qu'il n'existe pas de société civile pour combler un éventuel vide de pouvoir.
Madawi Al-Rasheed
Le roir Adballah en partance pour les États-Unis, le 22 novembre
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