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La violence d’un enseignant peut relever de la perversion

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  • La violence d’un enseignant peut relever de la perversion

    Quel comportement doivent adopter les parents avec l’enfant maltraité à l’école ? Un suivi psychologique est-il indispensable ?

    Houria Ahcène-Djaballah. Docteur d’Etat en psychologie, professeur de psychopathologie de l’enfance et de l’adolescence à l’université d’Alger: Dès que les parents découvrent que leur enfant a été maltraité à l’école, il est préférable qu’ils se fassent aider par un psychologue qui, non seulement, prendra en charge l’enfant, mais aidera aussi les parents à trouver la manière appropriée pour expliquer à l’enfant ce qui s’est produit et l’assurer de leur protection, le rassurer sur l’avenir.

    - Certains enfants trouvent des difficultés à dénoncer leurs enseignant, directeur ou surveillant. A quoi est due cette crainte ?

    Si les enfants ont des difficultés à dénoncer l’auteur des mauvais traitements subis, c’est le plus souvent parce qu’ils se sentent coupables et ont peur d’être doublement punis, ou qu’ils pensent mériter ce qu’ils ont subi. Mais il arrive aussi que ce soit par peur de ne pas être crus, ou parce qu’ils estiment que ces représentants de l’autorité sont invulnérables. Ce qui ne fera qu’accentuer leur propre vulnérabilité dans l’établissement. L’enfant intériorise ainsi la maltraitance comme mode de communication, de relation et d’exercice du pouvoir, et considérera comme naturel le fait de maltraiter plus faible que soi pour le «soumettre». Dès lors il acceptera la maltraitance comme acte normal qu’il reproduira à l’occasion sur ses pairs, sa fratrie ou plus faible que lui, il a appris que la bonne manière pour s’affirmer, c’est l’usage de la violence.

    - En Algérie, on parle souvent de violence physique (subie à l’école), mais beaucoup moins de la violence psychologique. Cette dernière est-elle moins pernicieuse que la première ? Quelles en sont les conséquences ?

    Bien au contraire, c’est la violence psychologique qui est la plus pernicieuse, car plus difficile à identifier comme telle, et donc plus difficile à prouver et à faire reconnaître. La violence psychologique, comme toute violence, est destructrice de par le sentiment d’humiliation qu’elle engendre. L’estime de soi de l’enfant va baisser, il perd petit à petit sa confiance en lui-même, se sent perdu, incompris, peut même se laisser dépérir, avoir envie de disparaître. L’enfant maltraité à l’école est facilement repérable par ses parents du fait du changement qui s’opère en lui : il joue moins ou exprime la violence dans ses jeux, il devient facilement irritable, il est moins souriant, moins gai, pour ne pas dire triste et pleure pour un rien. Il peut aussi souffrir de maux physiques divers qui lui permettent de rester à la maison et donc d’éviter d’aller à l’école.

    D’après vous, à quoi est due la violence affichée par certains éducateurs ? A l’absence de prise en charge psychologique des enseignants récidivistes ? A la défaillance de la formation pédagogique et psychologique ?

    La violence est un problème à causalité multiple. Certes, la défaillance de la formation pédagogique et psychologique est en partie responsable, mais il y a aussi des facteurs socioculturels et des caractéristiques psychologiques individuels. Les premiers relèvent des croyances et pratiques véhiculées par la société, et qui font la part belle aux châtiments comme méthodes éducatives essentielles. Les secondes sont liées à l’impulsivité, à l’incapacité de se contrôler, mais peuvent aussi relever d’une pathologie de la personnalité, comme la perversion, par exemple.

    Lamia Tagzout, El Watan
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