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L'auteur de la plus grande "fuite" américaine est un militaire désœuvré

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    L'auteur de la plus grande "fuite" américaine est un militaire désœuvré

    Officiellement, nul ne sait qui a fourni à WikiLeaks les 250 000 documents diplomatiques dont la publication a commencé le 28 novembre, mais les autorités américaines détiennent un suspect : Bradley Manning, un militaire américain âgé de 23 ans.
    M. Manning était affecté à une unité de renseignement de l'US Army basée en Irak. Bien que simple soldat, il était autorisé à travailler en permanence sur deux réseaux informatiques sécurisés, utilisés par les militaires et les diplomates américains du monde entier.

    Dans sa caserne irakienne, où il s'ennuyait ferme et avait peu d'amis, Bradley Manning passait beaucoup de temps sur les forums Internet. Entre autres, il discutait fréquemment avec Adrian Lamo, un ancien hacker dont il admirait les exploits passés. Au printemps 2010, il commence à se vanter auprès de ce nouvel ami d'avoir fait des copies de documents secrets trouvés dans les bases de données auxquelles il a accès, et d'avoir envoyé le tout à WikiLeaks.

    Le choix de M. Lamo comme confident n'était pas judicieux. L'ex-hacker, qui a déjà eu des ennuis avec la justice, prend peur à l'idée d'être accusé de complicité, et dénonce Bradley Manning à la police. Il envoie aussi une copie de ses discussions avec le jeune soldat au magazine Wired, qui en publie des extraits.

    Dans ses messages, Bradley Manning apparaît comme un jeune homme idéaliste et exalté. Il mentionne d'abord une vidéo montrant un hélicoptère américain à Bagdad en train d'abattre des civils à la mitrailleuse, qui sera effectivement diffusée par WikiLeaks en avril. Puis il explique qu'il a aussi transmis à WikiLeaks près de 260 000 rapports provenant du département d'Etat et des ambassades américaines.

    "J'ÉCOUTAIS LADY GAGA, TOUT EN EXFILTRANT..."

    Il en a lu un certain nombre, et se dit profondément choqué : " j'ai vu des arrangements politiques quasiment criminels (…) Des choses incroyables, horribles, qui doivent tomber dans le domaine public, et ne pas rester dans un serveur rangé dans une cave à Washington (…) Hillary Clinton, et des milliers de diplomates dans le monde, vont avoir une crise cardiaque quand ils se réveilleront un matin et découvriront qu'un répertoire complet de documents confidentiels sur la politique étrangère est accessible au grand public, avec un moteur de recherche. "

    M. Manning raconte aussi la façon dont il s'y prenait : " j'entrais dans la salle informatique avec un CD musical à la main (…), puis j'effaçais la musique et je créais un dossier compressé (contenant les documents) … J'écoutais Lady Gaga et je chantonnais sur la musique, tout en exfiltrant la plus grande fuite de l'histoire des Etats-Unis ". Il se sent à l'abri, car le système est défaillant : " des serveurs faibles, des mots de passe faibles, une sécurité matérielle faible, un contre-espionnage faible, une analyse bâclée… " Aussitôt après avoir été dénoncé, Bradley Manning est arrêté et incarcéré, d'abord au Koweït, puis dans la base militaire de Quantico (Virginie), près de Washington.

    En juillet, il est inculpé pour avoir " communiqué, transmis et livré à une source non-autorisée des informations sur la défense nationale ". Il risque 52 ans de prison. Aux Etats-Unis, il est considéré comme un traître par une bonne partie de la population, mais il a aussi ses défenseurs. La gauche radicale et les militants de l'Internet libertaire voient en lui un martyr de la liberté d'expression. Un comité de soutien très actif organise des meetings et collecte des fonds pour sa défense. Récemment, les membres de ce comité ont eu confirmation que la police les surveille étroitement.

    Le 3 novembre, David House, 23 ans, responsable du site militant Internet bradleymanning.org, a été retenu et interrogé pendant plusieurs heures à l'aéroport de Chicago par des agents de la sécurité intérieure, alors qu'il rentrait d'une semaine de vacances au Mexique. Les policiers ont aussi saisi son ordinateur et son téléphone mobile. En principe, ce type d'investigation est impossible aux Etats-Unis, car M. House n'a violé aucune loi. La police a dû ruser : elle a attendu qu'il quitte le pays pour l'intercepter à son retour dans la zone sous contrôle des douanes et de l‘immigration.

    Yves Eudes

    lemonde
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