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Sexe, drogues et espionnage : Le scandale qui a emporté le chef de la station CIA à Alger

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  • Sexe, drogues et espionnage : Le scandale qui a emporté le chef de la station CIA à Alger

    C’est une affaire qui prend une dimension nouvelle avec les câbles révélés par le site Wikileaks sur la diplomatie américaine dans le monde. Cette affaire que nous allons raconter met en scène Andrew Warren, ex-chef de la CIA en Algérie. Arrivé à Alger en 2007, l’espion qui exerçait ses fonctions sous couverture avait un penchant pour les femmes. Fatalement, son péché le conduira en prison. Impliqué dans deux affaires de viol alors qu’il était en poste en Algérie, il a d’abord été renvoyé vers Washington en octobre 2008 avant d’être officiellement inculpé le 18 juin 2009 par un Grand Jury du District of Columbia (Washington) de viol et de tentative de viol d’une algérienne le 17 février 2008. Warren qui s’est rendu aux autorités américaines le 30 juin 2009 encoure une peine de prison à vie.
    Une star montante ce Warren, un type bien, une bonne recrue, un espion compétent. Anciens et actuels membres de la CIA (Centrale Intelligence Agency) ne s’embarrassaient pas de mots pour louer les compétences d’Andrew. Promu chef de la station de la CIA à Alger en septembre 2007, poste qu'il occupa au Caire pendant deux ans, Andrew Warren, 42 ans, était promu à un bel avenir. Afro-américain, détenteur de plusieurs diplômes obtenus dans de grandes universités américaines, maitrisant plusieurs dialectes, sociable, fervent patriote comme l’Amérique sait en fabriquer, il avait tout pour réussir une grande carrière dans le renseignement. Mais voila, Warren a tout gâché.
    Comment diable celui que l’on décrivait comme un espion modèle, un homme qui dirigeait l’antenne de la CIA à Alger, un poste hautement stratégique compte tenu de l’importance de l’Algérie comme partenaire économique et politique des Etats-Unis, a-t-il chuté si lourdement ? Comment Andrew Warren a-t-il gravi les échelons au sein de l’Agence pour devenir agent en Afghanistan, au Caire et à Alger avant d’être relégué au rang de détraqué sexuel ? La disgrâce d’Andrew Warren se joue en plusieurs actes.
    Le premier remonte au 1er juin 2008. Une algérienne, détentrice d’un passeport allemand, se présente devant le commandant du détachement des Marines à l’ambassade US à Alger. La dame affirme être victime d'un viol commis par Andrew Warren. Les faits rapportés par la femme sont trop concis et trop précis pour être pris à la légère. Embarrassant !
    A l'ambassade américaine, on prend donc la chose au sérieux tant et si bien qu’un rapport est transmis à Washington où l’on ordonne l’ouverture d’une enquête préliminaire. Celle-ci sera confiée à l’agent Jared Campbell, du Diplomatic Security Service (DSS), une division de sécurité au sein du département d’Etat. Campbell n’est pas un enfant de chœur. En poste depuis 5 ans au DSS, ancien procureur, bardé de diplômes (Bachelors of Science Degree, Juris Doctorate, Master of Science Degree), il a à son actif plusieurs enquêtes impliquant des responsables américains dans des affaires d’atteintes sexuelles. Dépêché en Allemagne où réside la plaignante, Campbell recueille son témoignage le 25 septembre 2008. Voici la version des faits tels que Campbell l’avait transcrite dans un affidavit, un document officiel rédigé par l’enquêteur appointé par la cour fédérale du District of Columbia.
    Dans le courant d’août ou de septembre 2007, la femme dont l’identité n’a pas été révélée est invitée par des employés de l'ambassade américaine à Alger pour assister, en compagnie de plusieurs autres convives, à une soirée organisée dans la résidence de Warren, située dans un quartier huppé de la capitale algérienne. Au cours de cette réception, l'officier de la CIA qui n’a jamais croisé la dame auparavant propose à celle-ci un cocktail à base de whisky et de Coca-Cola.
    Elle en consomme plusieurs verres tant et si bien qu'elle finira par être prise de violentes nausées. Habituée à prendre de l’alcool, elle n’a jamais connu pareil effet. Elle se rend dans la salle de bain pour s soulager. Warren se place dans l’encadrement de la porte et lui propose de dormir sur place. Dans un état de semi-inconscience, elle se laisse guider par le maitre des lieux. Tard dans la soirée, tous les invités sont repartis sauf la dame, une de ses amies qui dormira dans un coin de la résidence, et bien sûr Andrew Warren.
    Le lendemain, le réveil est très douloureux. Allongée sur un lit, entièrement nue, seule dans la chambre dont la porte est fermée, elle ressent de légers maux de tête, mais surtout des douleurs au bas du ventre. Comme si elle venait d’avoir des rapports sexuels. Pourtant, elle ne souvient pas avoir couché avec un homme…Bizarre.
    A gauche du lit, elle remarque la présence d’un préservatif négligemment jeté à côté d’une poubelle. La capote est encore imbibée de sperme. Passablement énervée, elle appelle son amie pour lui faire constater la situation. Les deux femmes quittent enfin les lieux. Depuis, la victime n’a plus eu de contacts avec son supposé violeur.
    Interrogée par un enquêteur faisant office d’assistant de Jared Campbell, un témoin, présent à la dite réception, affirme que Warren avait filmé à plusieurs reprises son invitée avec une caméra vidéo. Plus tard, les enquêteurs tomberont sur ces fameux enregistrements que l’espion en chef avait sauvegardés dans son ordinateur portable.
    La seconde victime dont les autorités américaines se sont gardées de révéler l’identité est une algérienne résidente en Espagne. Le 15 septembre 2008, elle se présente devant le chef de mission de l’ambassade des Etats-Unis à Alger, Thomas F. Daughton, pour déposer plainte.
    Lors de cette entrevue avec Daugthton, elle explique avoir été forcée à engager des rapports sexuels avec l’agent de la CIA en date du 17 février 2008. Moins de dix jours après que l’enregistrement de la plainte, le Diplomatic Security Service diligente une enquête. Deux dénonciations pour abus sexuels contre le responsable de l’antenne de la CIA en Algérie, cela commence à faire dégâts. C’est l’agent Gregory Schossler qui sera chargé de mener les investigations. Celles-ci le conduisent en Espagne où réside la deuxième victime.
    Contrairement à la première plaignante, la seconde est une vieille connaissance de Warren. Son mari avait travaillé pendant plusieurs années à l’ambassade américaine au Caire. C’est au bord du Nil que le couple et Warren s’étaient liés d’amitié du temps ou l’honorable agent officiait comme chef d’antenne de la CIA en Egypte. Depuis lors, le contact entre ces trois là n’a jamais été rompu.
    Le 17 février 2008, l’amie de Warren est invitée dans la résidence de celui-ci à Alger. Dans le salon, ils bavardent de tout et de rien. Warren lui propose un verre. Ce sera un Martini-pomme pour tous les deux. Pendant qu’ils sirotent tranquillement leurs verres, Warren prend des photos de la dame à l’aide de son téléphone cellulaire. Elle accepte volontiers. Ne sent-elle pas en confiance devant cet ami de longue date et qui connait si bien son conjoint ? Après un deuxième Martini-pomme, l’invitée est soudainement prise de nausées. Warren la conduit dans la salle de bain pour soulager ses maux.
    Sur place, il tente de la débarrasser de ses habits. Bien qu’elle soit dans un état second, la femme s’y oppose et lui demande de la laisser seule. Warren lui propose alors de prendre un bain. Emmenée dans la chambre à coucher, elle se débat une fois de plus, mais sa résistance est vaine face aux assauts d’un gaillard doté d’une forte corpulence. « Nobody stays in my expensive sheets with clothes on… (Personne ne s’allonge sur mes beaux draps avec ses habits) », lui dit-il.
    Déterminé à passer à l’acte, il lui enlève son jeans et ses sous-vêtements puis la viole. Les jours passent avant que la femme ne décide de contacter son « agresseur » via un Sms dans lequel elle l’accuse de viol. En guise de réponse, Warren lui adresse un laconique « I am sorry (je suis désolé) ». Bien qu’elle informa son mari et son psychologue sur son drame, elle décide de ne rien entreprendre contre l’espion jusqu’à ce qu’elle revienne en Algérie en septembre 2008. Fin du premier acte de la disgrâce de Warren qui s’achève avec les témoignages des deux femmes. Début du second acte.
    Fortement troublées par les agissements du chef de l’antenne de la CIA à Alger, les autorités américaines décident de le rappeler à Washington pour y être entendu. Il faut surtout éviter que le scandale n’éclate au grand jour. L’affaire est doublement sensible. Malmenée par ses déboires en Irak et en Afghanistan, la CIA a d’autres priorités à gérer que les errements d’un agent un peu trop porté sur le sexe. De plus, l’Algérie étant un pays avec lequel les Etats-Unis entretiennent des rapports privilégiés, il serait mal venu de maintenir à son poste un agent de renseignements qui se serait rendu coupable d’actes de viols contre des femmes dans un pays musulman. Les Américains se seraient bien passés de cette affaire.
    Dernière modification par ROUMI, 03 décembre 2010, 21h53.

  • #2
    suite

    C’est ainsi que le 10 octobre 2008, Andrew Warren est accueilli au siège de la CIA à Langley (Etat de Virginie) pour y être interrogé sur les accusations portées contre lui. Il se montre plutôt coopératif. S’il admet des relations sexuelles avec les deux accusatrices, il nie les avoir violées. Les dénégations de Warren ne sont pas suffisamment sérieuses pour dissiper les doutes. Les enquêteurs, à l’appui d’un mandat de perquisition délivré par une cour fédérale, se saisissent de l’ordinateur que Warren avait laissé dans une chambre d’hôtel à Washington et dans lequel ils retrouvent des photos très « osées » de femmes.
    L’administration américaine n’en reste pas là. Un second mandat permet à une autre équipe d’enquêteurs de se rendre à Alger pour perquisitionner la résidence du chef de la station de la CIA. Le domicile étant sous la juridiction territoriale des Etats-Unis, ils ont eu tout le loisir de recueillir des pièces à convictions. A Alger, les agents se saisissent de divers documents notamment plusieurs disques durs, des vidéos, des images pornographiques, des cartes mémoire, des comprimés de Valium et de Xanax, des antidépresseurs, ainsi qu’un manuel sur le harcèlement sexuel. Bref, autant de pièces à convictions susceptibles d’envoyer Andrew Warren en prison pour y croupir le reste de sa vie.
    Le troisième acte de la disgrâce intervient le 28 janvier 2009, huit jours après l’investiture de Barak Obama. Ce jour là, la célèbre chaine de télé américaine ABC News met à la Une le scandale. Un agent de la CIA en poste en Algérie, coupable de viols sur deux « musulmanes », voila qui pourrait non seulement embarrasser la nouvelle présidence incarnée par un homme qui voudrait restaurer l’image de son pays à l’étranger mais aussi contribuer à brouiller l’Amérique avec ses partenaires arabes et musulman. Ls révélations d’ABC font les choux gras des médias américains et arabes.
    Si dans la presse américaine, on commente avec la prudence habituelle les agissements d’Andrew Warren, les journaux du monde arabe, algériens en particulier, s’en donnent à cœur joie. Andrew Warren est dépeint sous ses plus mauvais jours. Pervers, détraqué, obsédé sexuel, agent imprudent, pied nickelé, espion à la petite semaine, rien ne lui sera épargné. Paradoxalement, du côté officiel, l’affaire est prise, bien sur au sérieux, mais avec doigté. « L’individu en question est retourné à Washington et le gouvernement US suit l’affaire de près », expliquait doctement Robert A. Wood, porte-parole du département d’Etat américain.
    A l’ambassade des USA à Alger, on refuse de se livrer au moindre commentaire renvoyant ainsi les journalistes aux déclarations fournies par le département d’Etat. Les autorités algériennes, quant elles donnent, l’impression d’observer les faits de loin. « C’est une affaire qui concerne l’Amérique », fait remarquer l’ex ministre algérien de l’Intérieur. Interrogé au mois de février 2009 sur ce scandale, le nouveau patron de la CIA, Leon Penneta, nommé le 5 janvier 2009, s’est montré très clair sur le sujet : « Le niveau de comportement de cet individu dans cette situation est tellement dommageable qu’il doit être mis fin à ses fonctions, déclare-t-il. Nous avons la responsabilité, en tant que direction de la CIA, d’en finir avec ce genre de comportements. »
    Troisième acte, lundi 26 avril 2010. Andrew Warren se terre dans un hôtel de Norfolk, dans l’Etat de Virginie. Alors qu’il était attendu à une audience préliminaire à Washington pour statuer sur son procès prévu le 21 juin 2010, l’homme ne donne plus signe de vie. La justice américaine se décide à émettre un mandat d’arrêt contre lui. Après plusieurs jours de recherches, les policiers parviennent enfin à l’appréhender.
    L’arrestation est tumultueuse. Neutralisé grâce à un pistolet Taser, Andrew Warren n’est pas moins devenu un légume. Une épave. Dans la chambre de son hôtel, les policiers découvrent un revoler ainsi qu’une trousse à usage de drogues. Déferré devant un tribunal fédéral quelques jours plus tard, l’homme se présente devant le juge en chaise roulante, malade, hébété…Ses avocats réclament que leur client soit soumis à des soins psychiatriques avant qu'il ne puisse répondre de ses actes. L’ultime acte de cette affaire survient avec l’inculpation officielle d’Andrew Warren pour viol. Il risque la perpétuité.


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    Jeudi, 02 Décembre 2010, 22:00 | Farid Alilat

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