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Finance Islamique

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  • Finance Islamique

    Le système monétaire islamique
    En finance islamique la monnaie est un instrument de mesure de la valeur des biens et services. Pour pouvoir assurer efficacement cette fonction, la monnaie doit disposer de trois caractéristiques essentielles :
    1. La stabilité. Si vous utilisez une règle pour mesurer et que la longueur de cette règle change tout le temps, qu’un jour elle fasse 20 cm, le lendemain 23 cm et un autre jour 30 cm, il est évident que cette règle n’est pas un bon instrument de mesure.
    2. La durabilité. La monnaie doit pouvoir conserver intacte l’épargne issue du revenu du travail ou du commerce, et ceci même sur une longue durée.
    3. La valeur intrinsèque. La valeur de la monnaie doit être contenue dans la monnaie et ne pas dépendre du bon vouloir d’un législateur. Le croyant ne reconnaît que Dieu comme dispensateur de richesse. La richesse appartient à Dieu seul et il la donne et la retire à qui il veut. Nul autre ne doit pouvoir diminuer la richesse que Dieu vous a donnée, sauf à commettre une injustice.
    Il est clair que la monnaie papier – aussi appelée monnaie fiduciaire, du latin fides qui signifie confiance – ne possède aucune des trois caractéristiques précitées… et ne mérite pas son attribut de confiance. En fait, la notion d’actif toxique pourrait être étendue à la monnaie fiduciaire non convertible en or, et en premier lieu au dollar.
    La tradition prophétique a validé comme monnaie soit des métaux précieux (or et argent), soit à titre exceptionnel d’autres commodités qui présentent les trois caractéristiques de stabilité, de durabilité et de valeur intrinsèque. A Médine les monnaies les plus utilisées étaient le dinar d’or et le dirham d’argent. Il y a 1400 ans un dinar d’or permettait d’acheter un bœuf et un dirham d’argent pouvait acheter un poulet. Aujourd’hui la même pièce d’or permettrait encore d’acheter un bœuf et la même pièce d’argent achèterait aussi un poulet. 0% d’inflation en 1400 ans, qui dit mieux ?!!
    Non, l’inflation n’est pas un phénomène « naturel »
    La plupart des gens pensent que ce sont les Etats qui créent l’argent. Les spécialistes de la finance savent qu’en réalité la monnaie fiduciaire est créée à près de 90% par les banques privées, sans parler des produits dérivés et autres inventions financière toxiques dont les bulles spéculatives éclatent régulièrement, semant la panique parmi les « investisseurs ». Chaque fois qu’une banque accorde un crédit, elle créée de l’argent, et pour chaque euro ou dollar qu’elles possèdent en réserve les banques sont autorisées à créer 9 autres euros ou dollars qui n’ont aucune réalité économique. Cette création artificielle d’argent est la principale source d’inflation. Le droit de créer la monnaie doit être restreint aux seuls états.
    Les banques rendent de nombreux services aux particuliers et aux entreprises : conservation de l’argent dans un lieu sûr, transfert d’argent de compte à compte et de pays à pays, intermédiation financière, financement de l’investissement et du commerce etc. Mais ces fonctions utiles au développement ne justifient aucunement que les banques s’arrogent le droit de créer artificiellement de l’argent et d’alimenter ainsi une inflation qui va détruire plus de richesses que n’en créera l’opération financée par la banque. Cette destruction de richesse est aggravée par la pratique de l’intérêt (riba) qui gonfle de manière mécanique la masse monétaire (inflation vient du latin inflare qui signifie gonfler).
    Voilà ce que l’ancien Président des Etats-Unis, Thomas Jefferson, anticipant les risques d’inflation, de récession et de dévalorisation d’actifs disait à propos de la gestion de la monnaie par les banques privées et de ses conséquences potentiellement destructrices : « Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit… » Thomas Jefferson, Président des Etats-Unis d’Amérique, 1802.
    « Le système bancaire moderne fabrique de l’argent à partir de rien. Ce processus est peut-être le tour de dextérité le plus étonnant qui fut jamais inventé. La banque fut conçue dans l’iniquité et est née dans le pêché. Les banquiers possèdent la Terre. Prenez la leur, mais laissez-leur le pouvoir de créer l’argent et, en un tour de mains, ils créeront assez d’argent pour la racheter. Ôtez-leur ce pouvoir et toutes les grandes fortunes comme la mienne disparaîtront et ce serait bénéfique car nous aurions alors un monde meilleur et plus heureux. Mais, si vous voulez continuer à être les esclaves de banques et à payer le prix de votre propre esclavage, laissez donc les banquiers continuer à créer l’argent et à contrôler les crédits. » Josiah Stamp, Directeur de la Banque d’Angleterre de 1928 à 1941
    Face à l’inflation monétaire, les commerçants et les prestataires indépendants réagissent en augmentant à leur tour leurs prix et tarifs, mais les salariés sont démunis de cette possibilité, et même lorsque les organisations syndicales se mobilisent en faveur de revendications salariales, les augmentations accordées ne compensent que partiellement les effets de l’inflation. D’autres catégories sociales tels que les retraités, les étudiants, les chômeurs etc. sont totalement démunies devant les effets pervers de l’inflation.
    La finance islamique source de développement durable
    ولا تبخسوا الناس أشياءهم ولا تفسدوا في الأرض بعد إصلاحها

    … ne dépréciez pas aux gens leurs valeurs et ne semez pas la corruption sur terre.
    Coran, Houd 11:85


  • #2
    Les principes éthiques de la finance islamique, son système monétaire adossé à l’or et à l’argent, ainsi que ses instruments financiers validés par la tradition prophétique et éprouvés par une pratique millénaire, apportent une réponse décisive aux maux de l’économie contemporaine.
    L’objectif premier d’une finance islamique fidèle à son héritage humanitaire est d’instaurer la justice dans les transactions économiques, de préserver les capitaux petits ou grands, et de libérer l’énergie créative des entrepreneurs (la Moudharaba est l’ancêtre du capital risque). En plus de ces objectifs économiques, la finance islamique offre un filet de sécurité aux plus démunis et à ceux que le sort a placé dans des conditions d’infortune : la veuve et l’orphelin qui ont perdu leur soutien, le commerçant ruiné, le voyageur en détresse etc. Ce dispositif de sécurité sociale est alimenté par la collecte et la redistribution de la Zakat.
    Le paiement de la Zakat est une obligation pour tout musulman qui détient un minimum d’épargne appelé nissab qui est de l’ordre de 2300 euros en 2010. La Zakat est le principal impôt islamique, et au-delà de sa dimension sociale, la Zakat constitue un remarquable levier de développement qui a injustement été marginalisé au profit d’une fiscalité inspirée des modèles occidentaux.
    La fiscalité occidentale taxe principalement la consommation (TVA) et le revenu. Ces deux impôts sont socialement injustes : la TVA pénalise les pauvres ; quant à l’impôt sur le revenu il pénalise d’une part les individus les plus entreprenants et d’autre part les familles nombreuses. La Zakat qui taxe uniquement l’excédent d’épargne (celle qui est thésaurisée) encourage ainsi la circulation des richesses et l’investissement productif.
    Tout ce que vous donnerez à usure pour augmenter vos biens aux dépens des biens d’autrui ne les accroît pas auprès d’Allah, mais ce que vous donnez comme Zakat, tout en cherchant la satisfaction d’Allah, voilà ce qui les multipliera.
    Coran, Les romains 30:39

    La finance islamique est basée sur le financement de l’économie réelle selon le principe de partage des pertes et profits. Elle dispose pour cela de nombreux instruments financiers et contrats, qui peuvent être adaptés pour tenir compte de l’environnement réglementaire spécifique à un pays ou un marché. Les professionnels de la finance islamique moderne doivent cependant éviter de détourner ces outils de leur finalité originelle et rester fidèles aux principes fondateurs de cette finance, à savoir la justice dans les transactions, la préservation des capitaux petits et grands et la promotion de l’esprit d’entreprise.
    Ces objectifs ne peuvent toutefois être pleinement atteints que dans le cadre d’un système financier basé sur une monnaie digne de confiance, qui présente les trois caractéristiques de stabilité, de durabilité et de valeur intrinsèque, nommément un système monétaire basé sur l’or et l’argent.
    Que faire pour protéger son éparne ?
    La pire chose à faire est de garder son épargne à la banque sur un compte d’épargne rémunéré. D’une part la religion interdit de percevoir ou de payer des intérêts et avertit ceux qui s’engagent dans ces opérations de la colère divine. D’autre part parce que cette pratique est économiquement stupide : l’intérêt que vous verse la banque ne représente qu’une faible part de l’inflation et la valeur réelle de l’argent bloqué sur le compte d’épargne va de toutes façons diminuer avec le temps.
    En l’absence d’un système monétaire basé sur l’or et l’argent, l’idéal pour le musulman qui dispose d’une épargne est d’acheter de l’or physique, notamment des pièces d’or, sans oublier de payer la Zakat.
    En France, CPoR Devises, intermédiaire leader pour les transactions d’or, a anticipé une hausse de la demande et a démarré en novembre 2010 la commercialisation de lingotins, des minilingots d’or de 50, 100, 250 et 500 grammes, plus accessibles que le lingot traditionnel de 1 kg.
    Une autre solution pour l’épargnant – s’il a cette possibilité – consiste à investir dans des produits d’épargne islamiques. A défaut, l’investissement immobilier reste intéressant pour ceux qui en ont les moyens.
    Un mouvement citoyen s’amorce
    Un mouvement international s’amorce pour que les besoins des citoyens redeviennent la finalité du système financier. Ce mouvement prend la forme d’initiatives telles que l’appel à un retrait massif d’argent des banques – Bankrun 2010. Les premières actions auront un effet limité mais peuvent conduire à une prise de conscience plus large.
    Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives économiques insiste sur la nécessité d’une mobilisation citoyenne plus forte pour réformer le système : « Depuis que nous avons renoncé à l’étalon-or, la valeur de cette monnaie ne repose plus que sur la confiance que nous lui accordons ainsi qu’à ceux qui la créent et la gèrent. La crise actuelle montre à n’en pas douter que ces personnes et ces institutions ont trahi la confiance que nous leur faisions. Il convient d’en tirer toutes les conséquences à travers des réformes profondes à la fois dans les institutions financières elles-mêmes et chez ceux censés les surveiller. Et, à bien des égards il y a lieu d’être inquiet des retards et des reculs encaissés sur la voie de cette réforme depuis deux ans. Pour relancer le processus, il faudrait à n’en pas douter une mobilisation citoyenne plus forte. »
    L’oligarchie financière internationale ne renoncera pas facilement à ses intérêts colossaux et ceux qui militent pour un système financier à visage humain doivent s’attendre à un combat de longue haleine. C’est pourtant un combat nécessaire pour offrir aux générations futures un développement durable et sans dette.
    RIBH
    * Dans un article intitulé “The G20 must look beyond Bretton Woods II” publié le 8 novembre 2010 sur le Financial Time.

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    • #3
      merci pour le sujet,
      que pense les ulema de la finance islamique?
      amchich ig khlen tadderth

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      • #4
        A croire que Ricardo était musulman...

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        • #5
          Autre son de cloche, un article qui dénonce la finance islamique :

          La finance islamique est la loi islamique

          La finance conforme à la charia est invitée et encouragée dans tous les pays occidentaux. Cet article vise à lever le voile sur les mensonges et les mythes qui lui sont associés, en particulier l'argument économique. Il est rédigé dans le contexte de l’Australie mais est applicable à tout pays civilisé.

          Les principaux arguments en faveur de la finance islamique sont :

          1. Rendre service à la communauté musulmane qui actuellement ne disposerait pas de la liberté de choisir. Pourtant la finance islamique est de création très récente, les musulmans ont tout juste commencé à en entendre parler et de récentes études montrent qu’elle stagne par manque d’intérêt desdits musulmans. Ce qui n'est pas surprenant, la finance islamique est plus chère et personne n’a envie de payer plus pour leurs produits. …

          En outre de nombreux musulmans la voient quand même pour ce qu'elle est vraiment. Le Dr. Mohamed Ariff, professeur à l’université Bond, commentant le scepticisme de la communauté musulmane énonce : "Beaucoup disent que les banques islamiques ne sont pas vraiment différentes des banques classiques et jouent sur les mots, la sémantique et ainsi de suite en employant des mots arabes qui sonnent très islamiques mais que, si vous grattez un peu, vous voyez que ce n'est pas si différent des produits financiers classiques. Donc, cette préoccupation existe. "[34]

          Le peu de succès des produits financiers islamiques a été récemment très médiatisé en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud : "L'Afrique du Sud compte une population musulmane de plus de deux millions de personnes et beaucoup d'entre elles sont établies dans le commerce et les professions libérales.... Mais le recours aux produits du système financier islamique par les entreprises appartenant à des musulmans ne peut au mieux qu’être qualifié de faible."

          2. La finance islamique serait socialement éthique parce qu'elle applique les principes islamiques. Je ne vais pas commencer à perdre mon temps à rendre la justice qu'elle mérite à cette idée ridicule et laisse ce soin aux centaines d'articles déjà publiés sur ce site. Cet argument se fonde en outre beaucoup trop lourdement sur le postulat que les produits à base de viande de porc sont l'une des plus grandes menaces qui pèsent sur la planète.

          3. La finance islamique va nous donner accès aux capitaux en pétrodollars. C’est possible mais ces capitaux nous arrivaient déjà sans avoir besoin de cet incitant purement politique et, en tout cas, se mettre à genoux pour cet argent c’est le payer d’un prix trop élevé.

          4. La finance islamique serait bonne pour l'économie et basée des principes économiques sains et utiles à la société.

          C'est sur ce point que je veux me concentrer ainsi que sur l’insécurité juridique qu’elle va créer.

          Non seulement cet argument est sans fondement et faux, mais la finance islamique est en réalité mauvaise pour l'économie et rien que pour cela elle devrait être écartée.

          Pourtant, c’est surtout cette fiction qui permet à cette industrie de se vendre, à l'Islam de s’implanter dans notre économie et risque de finir par lui donner le pouvoir. C'est la duperie suprême, la tactique du loup dans la bergerie et il n'y a ni lapidations ni décapitations pour nous faire réfléchir mais un flot continu de poudre aux yeux et de mensonges destinés à nous faire croire que nos économies en tireront profit.

          Etude de cas sur les structures artificielles et inefficaces de la finance islamique

          La finance islamique c’est la primauté de la forme sur le fond : rigidité et inefficacité. Comment ?

          A titre d'exemple, voici le mécanisme classique d’un prêt hypothécaire. La banque acquiert sur la maison une part de co-propriété correspondant au montant de son prêt (NB : généralement 100% de la maison au départ.) Vous devez ensuite «louer» auprès de la Banque la partie de l’immeuble qu’elle possède. Chaque mois, vous rachetez donc à la banque une fraction de sa part (remboursement du principal) tout en lui payant un "loyer" (intérêts). Le « loyer » est calculé en fonction d’un « taux du marché » qui fluctue en fonction des mêmes mécanismes que ceux employés par une banque qui veut faire payer un intérêt variable.

          Si vous n’êtes plus en mesure de payer, la banque peut alors mettre en vente la maison, le montant de la vente étant partagé en proportion des parts respectives. En cas de défaut de paiement, la banque peut aussi récupérer le principal en vous obligeant à racheter sa participation dans la maison au prix de l'encours.

          Techniquement, vous signez un nouveau bail chaque mois et c'est ainsi que le « loyer » peut fluctuer (et respecter la charia puisque le loyer reste inchangé pendant la durée de votre bail d’un mois). De votre côté, vous vous engagez à renouveler le bail chaque mois jusqu'à ce que le principal soit complètement remboursé.

          Donc il n'y a absolument aucune différence dans le profil du risque financier, les intérêts ou les droits de la Banque. Aucune. John Foster, ancien rédacteur en chef de Islamic Business & Finance déclare : «même si le produit est revêtu de termes arabes tels que Mudarabah ou Ijara, il consiste en une hypothèque, il s'agit d'un prêt hypothécaire et dire autre chose relève de la sémantique. "[10]

          Mais au lieu de faire un emprunt, vous concluez une série de contrats avec la banque :

          1. Un contrat de crédit-bail simple (ijara)
          2. Un contrat où la banque achète en son nom la maison pour vous (moyennant une avance) et vous la revend (avec paiement échelonné) avec une marge bénéficiaire fixée d’avance ou alors, un accord de Musharaka où vous formez une association de « joint venture» avec la banque pour acheter la maison et où les parts de la banque dans l’association "diminuent" au fur et à mesure que vous les lui «rachetez » jusqu'à transfert complet de la propriété.
          3. Pour les bâtiments à construire : un accord istisna par lequel la banque vous avance les fonds pour construire la maison. Une fois la maison finie, la banque en devient propriétaire et vous la loue avec option d’achat.
          4. Un contrat de crédit-bail avec promesse d’achat du bien par le « loueur » à l’expiration de la soukouk
          5. Un engagement du « bailleur » de vendre la propriété au locataire à un prix convenu à la fin du soukouk
          6. Un Servicing Agency Agreement (en vertu de la charia un propriétaire ne peut faire payer au locataire les assurances et les gros travaux d'entretien, la banque vous charge donc à titre d'agent de veiller à l’entretien du bien faisant l’objet de la soukouk)
          7. Une lettre d'accompagnement clarifiant les conditions du prêt (en vertu de la charia une transaction ne peut être conditionnelle mais il suffit juste de ne pas le dire aux oulémas ...)
          Dernière modification par caius, 15 décembre 2010, 13h47.

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          • #6
            Dans l’exemple de la location vous concluez une location fictive, et non un prêt, et donc les options de flexibilité habituelles ne sont pas disponibles.

            Comment cela aidera-t-il l'économie si les ressources ne peuvent être rapidement et efficacement utilisées et mobilisées là où elles sont le plus nécessaires ? Les mêmes questions se posent au niveau des entreprises et c'est un véritable frein à l'économie. Que ce soit une Ijara pour le financement d'actifs, une Musharaka ou une Mudharaba où la banque et l'emprunteur font semblant de s'associer dans un investissement commun ou les contrats d'agence, vous vous retrouvez toujours coincé dans un cadre contractuel artificiel et contraignant qui doit être respecté et n’est qu’un piètre ersatz de son homologue conventionnel.

            Et puis il y a des techniques de financement des entreprises (qui s'appliquent également pour les prêts aux particuliers) où un mécanisme entièrement fictif d’achat/vente de métal précieux est utilisé pour produire un prêt à usage général. Cela simplifie un peu mais reste une structure rigide qui patine lamentablement sur le front de l'économie réelle.

            Si une entreprise ne peut pas utiliser et appliquer les ressources rapidement et efficacement, la croissance et l'investissement sont bridés.

            C'est ce que le Dr Mohamad Nedal Alchaar, secrétaire général de la Accounting and Auditing Organisation for Islamic Financial Institutions (AAOIFI) a reconnu en 2008 suite à un rapport de l’AAOIFI selon lequel plus de 80% de tous les soukouks (NB : terme arabe employé pour désigner les produits financiers conformes au Coran) sont non-conformes à la charia et aux critiques qui s’en sont suivies sur la rigidité de la finance islamique : «Bien que la finance islamique doive dans une certaine mesure être souple, il est essentiel que les produits et services financiers commercialisés sous le label « islamique» puissent passer le test de conformité à la charia. Les normes (de l’AAOIFI) définissent et clarifient les paramètres de la charia au sein desquels des innovations peuvent avoir lieu, "[8]

            L'un des plus influents acteurs de la finance islamique avoue donc que la charia passe avant la flexibilité. Et s’il y a bien une chose que nous nous savons, c’est que la charia n'est pas flexible.

            Les contrats de financement doivent être en même temps conformes à la charia et aux lois laïques de la nation. Pour les contrats de financement classiques, il suffit de respecter ces dernières. Le bon sens ne vous souffle-t-il pas que si vous devez appliquer deux législations en même temps vous obtenez un système financier plus lent et plus restrictif ?

            Et même si « l'innovation » va bon train pour créer des copies "islamiques" des produits financiers classiques, quel sens y a-t-il à limiter la capacité d'une banque à créer des solutions de financement appropriées en fonction des circonstances ?

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            • #7
              La spéculation

              Il existe un mythe absurde que la finance islamique interdirait la spéculation ou les prises de risque excessives.

              Si c'est le cas, je voudrais poser les questions suivantes :


              1. Pourquoi la Amlak et la Tamweel, deux banques islamiques des Emirats Arabes Unis (E.A.U.), ont-elles fait faillite lors de l'effondrement de la bulle immobilière au Moyen-Orient ? Alors que les prix de revente des propriétés avaient doublé par rapport à leurs prix de vente initiaux, ces deux banques continuaient allègrement à octroyer des prêts allant jusqu'à 90% du Loan to Value Ratio (LVR) sur des valeurs gonflées. (NDLR :le LVR est le rapport, à une date donnée, entre d’une part le montant ou l’encours en principal d’un prêt immobilier et d’autre part, la valeur de marché du ou des actifs immobiliers financés par ce prêt.)

              2. Pourquoi au Koweït la Global Investment House et la Dar Investment ont-elles fait faillite ?

              3. Que l’on m’explique la logique de la politique commerciale des banques islamiques du Moyen Orient, particulièrement la Dubai Islamic Bank (DIB), détenue par le gouvernement de Dubai, qui s’est coulée à coup de folies bancaires et de spéculations stupides. Allons-nous évoquer l'Al Saad Group et les nombreux milliards que la DIB à prêté à Dubaï World ? Ils ne sont pas prêts d’avouer le montant total de leurs pertes, mais nous savons que la DIB a perdu sa culotte dans le promoteur immobiler Nakheel qui, entre autres, construit dans le golfe Persique des châteaux de sable géants de plusieurs milliards de dollars en forme de mappemonde et de palmiers. Ils ont également perdu au moins 135 millions de dollars dans un projet de construction au beau milieu du désert de "The Plantation", le plus grand club polo (et mirage) du monde.

              Voici ce que The National dit de la DIB: "La banque a perdu son crédit en raison d’inquiétudes sur la qualité de ses actifs et de sa vulnérabilité dans le secteur immobilier". [3] Moi je dirais en raison de ses spéculations !

              Et vous savez quoi ? Ce ne sont même pas les vraies mauvaises nouvelles ! "L'ampleur des problèmes n'apparaît pas encore clairement dans les bilans des banques car elles ont utilisé diverses techniques comptables pour masquer leurs pertes" A déclaré Sohail Zubairi, directeur général du Dar Al charia (conseil de surveillance de la charia) de la Dubai Islamic Bank). [4]

              Mais au moins, quand la DIB se met dans le pétrin elle dispose de stratégies islamiques éthiques pour en atténuer l’impact. Rifat Usmani, un de leurs anciens cadres, emprisonné sur base d’accusations de fraude, a intenté auprès d’un tribunal de Miami un procès contre la DIB pour "conspiration en vue d’enlever, torturer et faire disparaître le plaignant". [11]

              4. Que l’on m’explique les nombreuses récentes faillites d’importantes soukouks comme celle de East Cameron ou celles des soukouks de Nakheel qui n’a échappé à la banqueroute qu’en se faisant renflouer par le gouvernement d'Abu Dhabi ?

              5. Expliquez-moi pourquoi les gouvernements du Moyen-Orient doivent constamment injecter des liquidités dans les banques islamiques et pourquoi cette année le gouvernement du Qatar a dû renflouer tout son système bancaire y compris la Qatar Islamic Bank et la Qatar International Islamic Bank?. [5]

              Est-ce seulement au Moyen-Orient ? Même avant la crise financière, la Banque islamique de Malaisie, "le symbole de la finance islamique en Malaisie» et «le porte-drapeau de l'industrie des services financiers islamiques dans le pays ", a avoué en 2005 des pertes massives sur des créances douteuses et de mauvais investissements et n’a été sauvée de la faillite que grâce à une recapitalisation. [13]

              Par rapport aux banques européennes et américaines, les banques islamiques avaient une exposition limitée aux obligations adossées à des dettes (collateralised debt obligations ou CDO), néanmoins elles ont mal résisté à la crise financière. D’ailleurs depuis environ un an (les islamistes) n’osent plus affirmer qu’elles résistent mieux : la réalité est devenue trop difficile à masquer. Compte tenu de leur relatif manque d'options en matière de couverture des risques et de diversification des actifs, elles se sont retrouvées surexposées et vulnérables dans certaines classes d'actifs et ce n'est jamais une bonne position pour une banque. C’est particulièrement vrai en matière d’actifs immobiliers, la classe d'actif à l’origine de la crise mondiale des subprimes et de l’explosion de la bulle immobilière.

              Comme l'écrit Asiamoney: "Mais le fait que les banques islamiques aient l’interdiction d’opérer sur les actifs plus risqués du moment n’implique pas automatiquement qu'elles appliquent les meilleures pratiques en matière de gestion des risques, d’octroi de crédit ou de processus d'investissement." [13]

              Les produits dérivés et la couverture des risques

              Les instruments dérivés sont des actifs qui tirent leur valeur d'un actif sous-jacent et dont des exemples courants sont les options, swaps et contrats à terme. Ils sont souvent utilisés à titre spéculatif et ont été un facteur de la crise financière.

              La finance islamique laisse entendre qu’elle s’interdit de tels produits mais nous allons voir ce que les professionnels eux-mêmes en pensent :

              Le texte suivant est tiré de Euromoney’s FOW, une publication de référence mondiale sur les produits dérivés :

              "Mais l'intérêt croissant pour des mécanismes de couverture islamiques et la grande variété des initiatives en cours d'élaboration vont dans le sens opposé : un marché islamique des produits dérivés est en train naître et il finira par offrir une vaste gamme de services." ... "Ces produits sont commercialisés à grande échelle et l'intérêt des investisseurs est de plus en plus marqué "..." La majeure partie de ce qui est jusqu'ici proposé par les banques occidentales est une copie de leurs produits conventionnels présentés comme conformes à la charia », explique Danny Goldblum, responsable de FX chez HSBC à Londres. "Les produits islamiques proposés par HSBC comprennent les forwards, options vanilles et over-the-counter swaps."

              Ghazantar Naqvi, responsables des produits financiers islamiques à la Standard Chartered de Dubaï énonce que les instruments de couverture islamiques « croissent substantiellement tous les ans. Il y a beaucoup d'espace dans ce marché. Depuis 2005, Standard Chartered offre des solutions islamiques de couverture des risques de change et de taux d'intérêt qui sont comparables aux solutions conventionnelles de produits dérivés."

              FOW poursuit : «Le marché secondaire des instruments islamiques de couverture est beaucoup plus complexe. Si une partie veut se retirer d'un contrat, la nouvelle entité qui prendra sa place doit établir un nouveau contrat avec la contrepartie d'origine.» «Vous pouvez prévoir des dispositions qui vous permettent de transférer le contrat à quelqu'un d'autre », explique Naqvi, « mais cela nécessite un petit supplément d'effort par rapport aux contrats classiques. »

              «L'un des obstacles à leur croissance est le manque de standardisation. Chaque produit nécessite une grande quantité de documentation, ce qui en fait des transactions nécessitant du temps et coûtant cher. »[6]

              Cela ne vous rappelle rien ? Une imitation du système conventionnel, mais en plus rigide et plus compliqué.

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              • #8
                C’est cher

                La finance islamique n'a pas de sens économique car elle est toujours plus chère et rapporte moins aux entreprises qui y investissent.


                1. Les coûts sont plus élevés à cause :
                a) des coûts engendrés par les nombreux contrats supplémentaires à conclure pour la même affaire,
                b) de la rémunération des divers courtiers en métaux, agents et autres participants requis pour faire fonctionner le mécanisme.

                2. Les banques facturent au moins 30 points supplémentaires et généralement beaucoup plus pour couvrir le «risque lié à la charia ». Ce risque est :

                a) bien que les vrais tribunaux ne se soient pas encore penchés sur les contrats soukouks, il existe un réel risque que cela change comme nous l'avons vu récemment dans le litige opposant devant les tribunaux anglais The Investment Dar à la Blom Bank. [21] Les tribunaux pourraient réviser des contrats et les banques islamiques perdront une fortune si elles doivent prendre en charge les pertes en capital actuellement assumées par leurs clients.

                b) les conseils de surveillance de la charia eux-mêmes peuvent décréter qu’une transaction faite en vertu d'un contrat soukouk n'est finalement pas conforme à la charia (gharar) et que les bénéfices doivent en être attribués à des organisations caritatives islamiques. Les banques islamiques ne vont naturellement pas renoncer à cet argent, elles le récupèrent en prenant des marges plus élevées, en particulier sur les frais pour retard de paiement qui ne sont pourtant pas conformes à la charia. Soit dit en passant les frais pour retard de paiement sont une véritable vache à lait pour les banques islamiques ou non (une plainte collective contre ces frais est actuellement examinée par les tribunaux australiens en raison de leur nature disproportionnée [22]) alors que seule une fraction de ces frais pour retard de paiement couvre des pertes réelles. Pour le client d'une banque islamique, cela finit par coûter cher….

                3. il y a moins d’épargnants dans la finance islamique mais avec une bonne campagne de marketing qui mette en avant la menace de l'enfer éternel, leur nombre augmentera peut-être ?

                J'ai généreusement fait abstraction des coûts de mise en conformité juridiques et réglementaires, en partant de l’hypothèse qu’ils disparaîtront puisque le gouvernement (australien) va faire le nécessaire pour encourager la finance islamique.

                Voici un exemple des coûts du système bancaire islamique dans un pays non musulman : «des banques islamiques comme la Albaraka Bank (Afrique du Sud) et les filiales islamiques de banques comme la FNB, l ‘ABSA, la Nedbank ou la Standard Bank ont fait l'objet de fortes critiques de leurs clients musulmans à cause de leur culture bancaire fondée sur la cupidité et même dans certains cas de leurs frais plus élevés que ceux de leurs homologues classiques ". [2]
                Et du côté des entreprises : "les produits soukouks sont généralement plus chers en raison des coûts associés à l'approbation du conseil de surveillance de la charia, des frais juridiques et des frais supplémentaires inhérents à des structures souvent complexes." [12]

                Est-il logique de promouvoir ce système de financement alors que nous savons d’avance qu’il est plus cher ? Assez cher pour l'Australian Competition and Consumer Commission ( NB : organisme de protection des consommateurs) se penche sur la question ? Mais les laissera-t-on faire des commentaires ? L'hypothèse selon laquelle l’introduction de la finance islamique rendra le marché plus concurrentiel reste en tout cas à démontrer.

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