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WikiLeaks : le "guide" libyen et ses sept fûts d'uranium enrichi

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  • WikiLeaks : le "guide" libyen et ses sept fûts d'uranium enrichi

    "Nous demandons instamment de répondre 'sans commentaire' à toute interrogation de la presse à ce sujet". C’est ainsi que s’achève la note rédigée le 25 novembre 2009 par l’ambassadeur américain à Tripoli, en Libye, Gene A. Cretz, à l’attention du département d’Etat. Un avion-cargo russe venu récupérer le dernier stock d’uranium hautement enrichi encore aux mains des Libyens est reparti à vide, faute d’autorisations, et la diplomatie américaine s’interroge sur les raisons de la volte-face libyenne.

    Depuis des mois, Washington incite Mouammar Kadhafi de se défaire de ce vestige d’un programme nucléaire avorté. Les Américains souhaitent que l’engagement pris en 2003 par le "guide" de renoncer aux armes de destruction massives pour le prix de sa réintégration dans le concert des nations trouve enfin sa traduction, six ans plus tard, pour ces 5,2 kilos stratégiques.

    Après des mois d’invitations pressantes, les deux parties ont fini par conclure un accord secret, le 28 octobre, comme le précise un "mémo" daté du même jour obtenu par WikiLeaks et examiné par Le Monde. Cet accord doit entrer en application le 21 du mois suivant. Mais tout se grippe.

    UN SEUL GARDIEN

    L’inquiétude américaine n’est pas seulement alimentée par l’imprévisibilité du régime libyen. Les experts de l’ambassade s’alarment également du sort des sept fûts de cinq tonnes scellés par l’Agence internationale de l’énergie atomique qui moisissent dans le centre nucléaire de Tajoura.

    Lors de leur visite du 24 novembre, précise une note datée du lendemain, ces experts n’ont aperçu qu’un seul gardien armé d’un pistolet ("sans qu’ils puissent savoir si l’arme était chargée"). Les fûts sont jugés "facilement transportables", d’autant que la grue prévue pour les charger est restée sur place.

    Les Libyens ont un mois pour procéder à l’évacuation, après cette date, il faudra sortir l’uranium hautement enrichi des containers et le réinstaller dans le centre. "Au bout de trois mois, la température du combustible radioactif pourrait atteindre un tel niveau qu’elle menacerait les fûts et provoqueraient des fuites radioactive".

    Le 27 novembre, deux jours après le redécollage du cargo russe, les soutes vides, les diplomates américains s’entretiennent avec l’un des fils du "guide", Seif Al-Islam. C’est un torrent de reproches : "le régime est las" des atermoiements de la relation bilatérale, rapporte une note du 30 novembre, "il n’a pas été compensé", ce qui revient à l’avoir "insulté" après le renoncement à son programme d’armement.

    Seif Al-Islam Kadhafi ajoute encore que les autorités américaines ont "humilié" le dirigeant libyen en s’opposant à ce qu’il visite le site de Ground zero lors de sa dernière visite à New York, à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies, deux mois auparavant. "Nous recommandons au département d’Etat de joindre Moussa Koussa, [le 'ministre' des affaires étrangères libyen] pour l’assurer de notre détermination à aller de l’avant dans notre relation" tout en insistant sur le fait que le stock d’uranium hautement enrichi "ne doit pas être pris en otage".

    Le département d’Etat semble avoir su trouver les mots. Un message secret du 7 décembre fait part de "l’augmentation visible du nombre de gardes en armes" sur le site. "Personne n’est assez sophistiqué" en Libye pour pouvoir faire quoi que ce soit de ces fûts, assure un responsable du régime. Deux semaines plus tard, un avion russe emporte définitivement cette cargaison problématique hors du pays.

    Gilles Paris Article paru dans l'édition du 05.12.10
    LEMONDE | 03.12.10 | 23h03 • Mis à jour le 04.12.10 | 21h31
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