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La hi-fi du futur

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  • La hi-fi du futur

    Les techniques développées actuellement dans les laboratoires d'acoustique préfigurent une petite révolution dans la manière d'écouter la musique.
    Dans une dizaine d'années, les chaînes hi-fi permettront d'écouter la musique en trois dimensions, comme si on assistait au concert.

    L'amateur de demain ne se contentera pas d'écouter tranquillement un CD dans son salon. Il pourra manipuler un morceau de musique pour en extraire tel ou tel instrument, visualiser les différentes parties d'une chanson, rechercher un rythme en le chantonnant...

    A en croire les chercheurs qui développent ces technologies, une petite révolution s'annonce d'ici à une dizaine d'années, qui pourrait offrir au public de véritables outils d'éducation musicale, assure Hugues Vinet, de l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam).

    Lui et son équipe dirigent depuis 2003, en collaboration avec plusieurs partenaires, le projet européen Semantic hi-fi (1). Objectif : mettre au point d'ici à la fin de l'année un prototype de chaîne hi-fi du futur. Leurs résultats sont d'ailleurs présentés jusquà aujourd'hui (1er avril) à Francfort au Musikmesse, un salon international pour les professionnels de la musique.

    Spatialisation du son

    La chaîne hi-fi de l'Ircam tiendra à la fois de l'ordinateur et de la chaîne traditionnelle. Une fois le CD glissé à l'intérieur ou les fichiers mp3 enregistrés sur le disque dur, le mélomane pourra décortiquer un morceau de musique. La chaîne lui donnera le tempo, la tonalité, le timbre (c'est-à-dire les différents instruments), les différentes parties du morceau (intro, couplet, refrain). L'auditeur pourra ainsi rechercher dans sa bibliothèque musicale d'autres morceaux qui sont joués sur le même rythme, avec le même timbre ou encore où l'on retrouve une mélodie proche. Et chantonner un rythme ou un air pour le retrouver dans une chanson. Une façon de s'approprier la musique. Il sera même possible de «se balader à l'intérieur de l'orchestre, confie Hugues Vinet. En déplaçant le piano à droite, la guitare à gauche. En ne faisant ressortir que la batterie par exemple».

    Pour l'heure, les chercheurs doivent encore accomplir des progrès en matière d'analyse musicale. «Séparer les différents instruments sur un enregistrement en stéréo reste très difficile, souligne Yves Grenier, acousticien à l'Ecole nationale supérieure des télécommunications de Paris. On arrive à en différencier jusqu'à quatre dans la mesure où ils ne se masquent pas les uns les autres.» Le même problème se pose pour trouver le bon tempo. Un rythme de jazz est bien reconnu alors que ceux d'une salsa ou d'une sonate pour piano, plus complexes, trompent souvent la machine. La solution viendra peut-être d'un changement des formats de distribution de la musique.

    Nombreux sont ceux à demander aux producteurs une diffusion de supports sur lesquels figurent les pistes correspondant à chaque instrument. La chaîne hi-fi de demain lira donc probablement des DVD audio ou des fichiers mp4, les seuls actuellement à offrir cette possibilité.

    Une telle évolution changerait radicalement l'écoute physique elle-même de la musique. Car en disposant du son de chaque instrument séparément ainsi que des informations sur leur position respective au moment de l'enregistrement, cela permettrait de faire entendre la musique en trois dimensions, comme si on assistait au concert. Les chercheurs appellent ça la «spatialisation du son». Le concept est encore différent de celui du home cinéma. Car dans ce cas, «si on s'écarte d'un point central d'écoute, l'effet d'immersion n'est pas rendu», note Etienne Corteel, de l'Ircam.

    Avec la spatialisation du son, il s'agit de recréer physiquement les ondes sonores. Le procédé, qui trouve son origine en sismologie, est un peu l'équivalent des hologrammes où l'on fabrique une image en trois dimensions avec des lasers. Il consiste à répartir plusieurs dizaines de haut-parleurs sur un mur et à les faire vibrer au moment voulu les uns par rapport aux autres. Plusieurs ordinateurs s'occupent de coordonner les signaux en temps réel. Quel que soit l'endroit où on se trouve dans la salle, on a l'impression d'être devant une scène où l'on peut localiser avec précision chaque musicien.

    Une autre méthode de rendu tridimensionnel du son qui nécessite, elle, de porter un casque audio est développée dans les laboratoires. Elle exploite la physionomie du corps humain. Le cerveau est en effet capable de savoir d'où provient un son en fonction de ce que chaque oreille perçoit. L'écartement des oreilles, la forme du pavillon de l'oreille, celle de la tête et celle du torse, et même la masse des cheveux...

    Tout cela influence la perception des sons. L'idée est donc de filtrer les sons – atténuer certaines fréquences, en amplifier d'autres – de manière différente pour chaque individu pour qu'il ait l'impression que le son l'entoure. Reste maintenant à savoir si cette révolution en matière d'écoute musicale trouvera preneur.

    (1) Voir le site

    Par le Figaro
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