Allo Tizi ?
Depuis quelques jours, les trois opérateurs mobiles ont coupé leur réseau, sur ordre des autorités militaires. De Boumerdès à Tizi, aucune communication n’était possible encore jusqu’à hier soir. Comment joindre un parent ou un proche en Kabylie quand on n’y est pas ? Il y a la route d’abord, pour les plus entreprenants. Il y a ensuite les pigeons voyageurs, les signaux de fumée, Internet et les émetteurs radio. Citons enfin la télépathie et l’amour dans le domaine des communications paranormales. Mais pourquoi ? Pour transmettre des informations et des émotions. Et c’est là où les drames invisibles peuvent se créer à l’ombre des gros événements médiatiques.
Au moment où l’armée entame son opération, on peut imaginer un homme qui ne lit pas les journaux, ce qui arrange le régime, et se dispute avec sa copine, ce qui arrange les islamistes. Elle s’en va chez elle, à Tizi Ouzou, et laisse son copain à Alger. Le soir, parce qu’aucun des deux ne veut sérieusement rompre, il l’appelle. Injoignable. L’Algérien étant naturellement doué pour la paranoïa, il s’imagine le pire. Il contacte les proches de son amie, injoignables, sa famille injoignable, et arrive à la conclusion qu’elle l’a quitté, brûlé sa puce, que c’est fini et tout son entourage fait partie du complot. Qui a brisé ce couple ?
L’armée, le GSPC ou les trois opérateurs de mobile ? S’il avait lu les journaux, il l’aurait su. Et comme à la télévision, on n’en parle pas, c’est tout le drame de l’information et de la communication. Rien ne sert d’être informé si l’on ne peut pas communiquer. Rien ne sert de communiquer si l’on n’est pas informés. Heureusement, il peut y avoir un épilogue dans cette triste histoire ; en colère et désespéré, l’homme monte au maquis rejoindre le GSPC. Il devient injoignable, mais peut faire des faux barrages pour kidnapper son ex. Reste une question : mais qui est Sidi Ali Bounab ?
Par Chawki Amari in El Watan.
Commentaire