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Quand les Saoudiennes se rebellent contre les abus de pouvoir de leurs pères

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  • Quand les Saoudiennes se rebellent contre les abus de pouvoir de leurs pères

    LE CAIRE (AP) — Un nombre croissant de femmes saoudiennes maintenues contre leur gré dans le célibat dénoncent devant les tribunaux ou dans les médias les abus de pouvoir de leurs pères qui les empêchent de convoler, bien souvent pour s'approprier leurs revenus.

    La loi musulmane interdit aux hommes d'empêcher les filles, les soeurs ou les autres parentes dont ils ont la tutelle de se marier - cela reviendrait à encourager les relations sexuelles extraconjugales. Un tuteur qui les contraint à rester célibataires commet un "adhl".

    En Arabie saoudite, des dizaines de femmes célibataires malgré elles ont poursuivi leur tuteur pour "adhl". La plus célèbre d'entre elles est la "chirurgienne de Médine", comme l'a surnommée la presse saoudienne. Agée de bientôt 43 ans, elle tente d'obtenir justice depuis 2006.

    Cette femme a produit les témoignages de tous les prétendants qui ont été repoussés par son père, ainsi que les relevés bancaires qui prouvent que son père s'approprie ses revenus. Son salaire est élevé puisqu'elle possède les certificats pour exercer la chirurgie en Arabie saoudite mais aussi au Canada et en Grande-Bretagne. Elle a également fourni des certificats médicaux attestant qu'elle avait été battue.

    Pour l'instant, aucun verdict n'a été prononcé. Et la seule réponse qu'elle a obtenue du juge était de retourner auprès de son père pour tenter une réconciliation. "Il veut m'envoyer à la mort", a-t-elle déclaré lors d'un entretien téléphonique accordé à l'Associated Press.

    Elle habite actuellement sous une fausse identité dans une maison pour femmes battues et victimes de l'adhl. Et elle est escortée aux audiences par des gardes du corps, par crainte des représailles paternelles. "Jusqu'à quand vais-je devoir attendre", se demande-t-elle. "Le prophète Mahomet lui-même n'aurait pas autorisé cet adhl".

    La Société nationale pour les droits de l'Homme a reçu cette année 30 signalements d'adhl, rapporte le journal "Al-Hayat". Mais ce chiffre est probablement sous-évalué.

    Les pères avancent différentes raisons -ou prétextes- pour refuser le mariage à leurs filles. Ils n'ont pas les moyens de fournir une dot, ou alors le prétendant est originaire d'une tribu d'un rang inférieur. Dans d'autres cas, le tuteur veut garder l'allocation que le gouvernement verse aux femmes célibataires des familles modestes.

    Si le Coran condamne l'adhl, les juges saoudiens se montrent très tolérants vis-à-vis des tuteurs qui le commettent. La peine la plus lourde qu'ils puissent prononcer est de lever leur tutelle -rien de plus. Et parfois, ils condamnent la femme lésée au lieu de son tuteur.
    Cela a été le cas d'une jeune mère célibataire, Samar Badawi, qui avait demandé à la justice de lever la tutelle de son père qui refusait qu'elle se marie. En mars 2008, elle a fui le domicile de son père pour se réfugier dans une maison pour femmes battues à Djeddah, dans l'attente de la décision de justice.

    En avril, Samar Badawi a été condamnée à six mois de prison pour désobéissance. Le juge a tout de même transféré la tutelle à son oncle.
    Une professeure d'université, elle-même victime d'adhl, a créé un groupe Facebook pour dénoncer l'inertie des tribunaux et réclamer des sanctions plus sévères contre les tuteurs qui abusent de leurs pouvoirs. "Assez avec l'adhl" compte plus de 400 membres. Sa fondatrice, qui ne s'identifie que comme "Amal Saleh", estime que près de 800.000 femmes sont victimes d'adhl. Sa famille l'a menacée "de torture et de mort" lorsqu'elle a demandé à se marier alors qu'elle n'avait pas 30 ans, a-t-elle raconté au quotidien saoudien "Al-Watan". Elle a maintenant 37 ans et est toujours célibataire.
    L'Arabie saoudite compte près de 25 millions d'habitants dont environ quatre millions de femmes célibataires de plus de 20 ans. Passé cet âge, les femmes sont rapidement considérées trop vieilles pour se marier, souligne Sohila Zein el-Abdydeen, de la Société nationale pour les droits de l'Homme.

    Pour la féministe saoudienne Wajeha al-Hawaidar, la tutelle est "une forme d'esclavage". "Une femme saoudienne ne peut même pas acheter un téléphone sans la permission de son tuteur", rappelle-t-elle. "Cette loi traite les femmes comme des mineurs qui ne peuvent s'occuper d'elles-mêmes et en même temps elle donne tous les pouvoirs aux hommes". AP
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte
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