Trente-quatre pour cent des Marocains reconnaissent avoir versé des pots-de-vin au cours des douze derniers mois, selon une récente étude de Transparency International.
Pour son Baromètre mondial de la corruption 2010, publié le 9 décembre, l'organisation berlinoise a interrogé plus de 91 500 personnes dans 86 pays et territoires. Près d'un millier de chefs de familles, dont 483 femmes, participaient à cette enquête.
Soixante-dix-neuf pour cent des Marocains interrogés estiment que la corruption a, soit augmenté ces dernières années, soit stagné, tandis que 91,7 pour cent pensent que les citoyens ordinaires peuvent jouer un rôle positif dans la lutte contre ce phénomène. Bien que Transparency souligne le fort potentiel de l'opinion à s'impliquer dans cette lutte, 38 pour cent affirment qu'ils hésiteraient à s'exprimer librement dans des affaires de corruption.
La publication de ce rapport a coïncidé avec la première réunion de l'ICHA (International Corruption Hunters Alliance). Abdessalam Aboudrar, directeur de l'Instance Centrale marocaine pour la Prévention de la Corruption (ICPC), participait à cette réunion à Washington, qui a rassemblé plus de 200 responsables venus de 134 pays.
En dépit des efforts livrés par le Gouvernement pour lutter contre ce phénomène, la corruption reste très présente au Maroc, et même les responsables gouvernementaux reconnaissent publiquement l'étendue du problème.
Selham M, salarié dans le secteur de la construction, a dû payer une somme d'argent "en dessous de table" à l'organisme d'adjudication pour pouvoir remporter un appel d'offres de marché public.
"Ils m'ont dit que je n'avais pas les références nécessaires. Cela m'a totalement coincé, parce qu'il fallait que je fasse tourner mon entreprise. Je suis opposé à la corruption, mais il faut avant tout assainir le monde des affaires afin que la concurrence puisse se dérouler sur des bases transparentes", a-t-il déclaré à Magharebia.
Kawter Benmehdi, assistante de direction, raconte qu'il est parfois nécessaire, pour recevoir des documents à temps, de donner de l'argent à des petits responsables, sinon les choses risquent de s'éterniser, avec un chômage technique susceptible de durer plusieurs jours.
Selon Azzeddine Akesby, président de Transparency Maroc, le manque de législation visant à protéger les membres du public dissuade ceux qui ont constaté ou souffert de la corruption d'en signaler les cas.
Lors de la séance plénière du Parlement du 8 décembre, des députés de la majorité et de l'opposition ont interrogé Mohamed Saad Alami, Ministre de la Modernisation du secteur public, sur ce problème.
Le parlementaire Mustapha Mohamed Ibrahimi a considéré que, malgré les récentes mesures anti-corruption, la réalité n'a pas changé, portant gravement atteinte aux principes de la concurrence et réduisant l'attractivité des investissements.
Pour sa part, son collègue Lahbib Choubani estime que le Gouvernement a fait preuve de son impuissance face à ce fléau, et appelle les hauts responsables à ouvrir les Ministères à un examen public complet.
"La corruption est culturellement enracinée dans la société, et nous avons besoin de campagnes de sensibilisation publique pour déraciner le mal", a expliqué le député Omar Hjira, ajoutant que même les citoyens ordinaires sont à blâmer, car ce sont eux qui versent les pots-de-vin.
Le député Abdelkader Tatou a souligné la nécessité de commencer à s'en prendre à la corruption à grande échelle, qui est le plus gros danger, plutôt que de se concentrer sur les petits responsables qui ont recours aux pots-de-vin parce qu'ils sont sous-payés.
Alami a déclaré que le Gouvernement est déterminé à mettre un terme à ce problème, rappelant qu'il a adopté un plan de deux ans en octobre destiné à prévenir et à lutter contre la corruption. Ce programme vise à réaffirmer les normes de moralité au sein de l'opinion publique et d'introduire des règles pour garantir la transparence entre les citoyens et le Gouvernement, en matière de gestion financière et d'appels d'offres publics, et de renforcer les mécanismes de contrôle au sein de l'administration publique.
"Nous devons mettre en place des mécanismes concrets pour mettre fin à ce problème", a affirmé Alami.
Magharebia
2010-12-16
Pour son Baromètre mondial de la corruption 2010, publié le 9 décembre, l'organisation berlinoise a interrogé plus de 91 500 personnes dans 86 pays et territoires. Près d'un millier de chefs de familles, dont 483 femmes, participaient à cette enquête.
Soixante-dix-neuf pour cent des Marocains interrogés estiment que la corruption a, soit augmenté ces dernières années, soit stagné, tandis que 91,7 pour cent pensent que les citoyens ordinaires peuvent jouer un rôle positif dans la lutte contre ce phénomène. Bien que Transparency souligne le fort potentiel de l'opinion à s'impliquer dans cette lutte, 38 pour cent affirment qu'ils hésiteraient à s'exprimer librement dans des affaires de corruption.
La publication de ce rapport a coïncidé avec la première réunion de l'ICHA (International Corruption Hunters Alliance). Abdessalam Aboudrar, directeur de l'Instance Centrale marocaine pour la Prévention de la Corruption (ICPC), participait à cette réunion à Washington, qui a rassemblé plus de 200 responsables venus de 134 pays.
En dépit des efforts livrés par le Gouvernement pour lutter contre ce phénomène, la corruption reste très présente au Maroc, et même les responsables gouvernementaux reconnaissent publiquement l'étendue du problème.
Selham M, salarié dans le secteur de la construction, a dû payer une somme d'argent "en dessous de table" à l'organisme d'adjudication pour pouvoir remporter un appel d'offres de marché public.
"Ils m'ont dit que je n'avais pas les références nécessaires. Cela m'a totalement coincé, parce qu'il fallait que je fasse tourner mon entreprise. Je suis opposé à la corruption, mais il faut avant tout assainir le monde des affaires afin que la concurrence puisse se dérouler sur des bases transparentes", a-t-il déclaré à Magharebia.
Kawter Benmehdi, assistante de direction, raconte qu'il est parfois nécessaire, pour recevoir des documents à temps, de donner de l'argent à des petits responsables, sinon les choses risquent de s'éterniser, avec un chômage technique susceptible de durer plusieurs jours.
Selon Azzeddine Akesby, président de Transparency Maroc, le manque de législation visant à protéger les membres du public dissuade ceux qui ont constaté ou souffert de la corruption d'en signaler les cas.
Lors de la séance plénière du Parlement du 8 décembre, des députés de la majorité et de l'opposition ont interrogé Mohamed Saad Alami, Ministre de la Modernisation du secteur public, sur ce problème.
Le parlementaire Mustapha Mohamed Ibrahimi a considéré que, malgré les récentes mesures anti-corruption, la réalité n'a pas changé, portant gravement atteinte aux principes de la concurrence et réduisant l'attractivité des investissements.
Pour sa part, son collègue Lahbib Choubani estime que le Gouvernement a fait preuve de son impuissance face à ce fléau, et appelle les hauts responsables à ouvrir les Ministères à un examen public complet.
"La corruption est culturellement enracinée dans la société, et nous avons besoin de campagnes de sensibilisation publique pour déraciner le mal", a expliqué le député Omar Hjira, ajoutant que même les citoyens ordinaires sont à blâmer, car ce sont eux qui versent les pots-de-vin.
Le député Abdelkader Tatou a souligné la nécessité de commencer à s'en prendre à la corruption à grande échelle, qui est le plus gros danger, plutôt que de se concentrer sur les petits responsables qui ont recours aux pots-de-vin parce qu'ils sont sous-payés.
Alami a déclaré que le Gouvernement est déterminé à mettre un terme à ce problème, rappelant qu'il a adopté un plan de deux ans en octobre destiné à prévenir et à lutter contre la corruption. Ce programme vise à réaffirmer les normes de moralité au sein de l'opinion publique et d'introduire des règles pour garantir la transparence entre les citoyens et le Gouvernement, en matière de gestion financière et d'appels d'offres publics, et de renforcer les mécanismes de contrôle au sein de l'administration publique.
"Nous devons mettre en place des mécanismes concrets pour mettre fin à ce problème", a affirmé Alami.
Magharebia
2010-12-16
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