Source LeMonde
Vaste offensive de l'armée algérienne contre Al-Qaida
Des milliers d'hommes sont déployés contre Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) en Kabylie L'opération, commencée en décembre, mobilise notamment des forces aéroportées Les autorités se refusent à tout commentaire
Le gouvernement algérien a lancé une vaste offensive contre les maquis de l'organisation Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), à une centaine de kilomètres au sud-ouest d'Alger, notamment dans la région de Sidi Ali Bounab, près de la ville de Tizi-Ouzou.
Confirmée à l'envoyée spéciale du Monde, Isabelle Mandraud, et largement commentée dans la presse algérienne, l'opération est la plus grosse intervention militaire contre les militants islamistes depuis plusieurs années.
Elle a commencé courant décembre et devrait durer jusqu'en janvier. Elle mobilise des milliers d'hommes, appuyés par des hélicoptères. Aucun bilan n'a encore été rendu public.
AQMI a établi ses principales bases arrière en Kabylie, dans une région déjà en proie à des désordres de toutes sortes. En lançant cette opération d'envergure dans le nord du pays, l'armée algérienne entend sans doute couper l'organisation islamiste de ses bases du Sud, dans le Sahel, dans les régions frontalières avec le Mali et le Niger Suite page 8).*
Page 8.*
L'armée algérienne mène une vaste offensive en Kabylie contre Al-Qaida
Une opération militaire est en cours dans la région où le chef d'Al-Qaida au Maghreb islamique a établi son quartier général. Pendant six jours, les réseaux de téléphonie mobile ont été brouillés
Officiellement, il ne s'est rien passé en Kabylie. Aucune déclaration, aucun communiqué du gouvernement n'est venu confirmer l'opération militaire menée contre les islamistes d'Al-Qaida au Marghreb islamique (AQMI) dont la presse algérienne s'est pourtant fait largement l'écho. " C'est une opération qui ne va pas s'arrêter là mais qui va durer un bon moment ", lâche prudemment au Monde un ministre algérien. " Jusqu'en janvier " 2011, croit savoir le responsable d'un parti politique. Il s'agit de la plus grosse intervention militaire de ces dernières années contre les combattants d'AQMI, et plusieurs milliers de militaires, envoyés sur place, auraient été mobilisés.
Commencée le 9 décembre, l'offensive de l'armée, aérienne et terrestre, qui s'est principalement concentrée dans les maquis de Sidi Ali Bounab, au sud-ouest de la ville de Tizi-Ouzou, à moins de cent kilomètres d'Alger, se poursuit donc. Mais, jeudi 16 décembre, les trois réseaux de téléphonie mobile, qui étaient brouillés depuis six jours, comme a pu le constater sur place Le Monde, ont été rétablis. Pour la première fois, ces réseaux avaient été coupés, non seulement pour éviter tout contact entre les groupes de combattants mais surtout pour les empêcher d'actionner à distance des bombes cachées et disseminées sur le terrain.
Sur la route principale du sud, qui relie Alger à Bouira, les barrages filtrants de la gendarmerie n'ont rien d'inhabituel dans cette région, pas plus que la présence de nombreux postes de contrôle protégés par des sacs de sable au bord du bitume. Mais à plusieurs kilomètres de distance de Sidi Ali Bounab, les détonations des bombardements de la zone survolée par des hélicoptères ont été ressenties par les habitants. Aucun bilan sur le nombre de victimes n'a été rendu public. Citant des sources officieuses, la presse algérienne a cependant avancé le chiffre de douze à quinze islamistes tués, sans indication sérieuse, pour le moment, sur leur identité. Des tests ADN seraient en cours d'expertise.
Les manoeuvres militaires, présentées dans la presse comme des opérations de " ratissage ", ont été lancées sur la foi de renseignements faisant état, après l'arrestation au début de décembre de deux de ses membres, d'une réunion imminente d'AQMI au niveau de ses chefs.
Depuis plusieurs années, l'organisation islamiste, dirigée par Abdelmalek Droukdal, alias Abou Mousaab Abdel Oualaoud, a établi son quartier général en Kabylie. Si les accrochages avec l'armée et les forces de sécurité sont nombreux et réguliers, jamais, jusqu'ici, l'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), rebaptisé AQMI en janvier 2007 après avoir prêté allégeance à Oussama Ben Laden, n'a pu être vraiment défait. La topographie des lieux, un mélange de forêts et de montagnes, a fourni un cadre sûr à ses combattants.
Avec le temps, la région s'est de plus en plus trouvée en proie aux exactions de toutes sortes. Les enlèvements de chefs d'entreprise contre rançon - évalués à une soixantaine en un an - sont désormais légion et se terminent parfois par mort d'homme, sans que l'on sache exactement si leurs auteurs font partie d'AQMI ou ont plus à voir avec le banditisme. Leur ampleur est telle que l'on a pu parler d'" industrie " du rapt et que les députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, parti d'opposition d'origine kabyle) ont à plusieurs reprises interpellé le gouvernement sur le sujet.
En lançant une vaste offensive contre les maquis du nord de l'Algérie affaiblis par des arrestations et enclavés dans les montagnes, les autorités algériennes, selon un spécialiste des questions sécuritaires, tenteraient de couper AQMI de ses bases du sud, dans le Sahel, dirigées par d'autres émirs, dont Abou Zeid. Ce dernier est l'auteur de l'enlèvement de sept employés d'Areva au Niger, dont cinq Français, dans la nuit du 15 au 16 septembre, détenus au nord du Mali, mais c'est Abdelmalek Droukdal qui, le dernier, s'est exprimé sur leur sort. Dans un message audio de 2 minutes 14 secondes diffusé par la chaîne qatarie Al-Jazira le 18 novembre, le chef d'AQMI avait annoncé que la France devrait retirer ses troupes d'Afghanistan et négocier avec Oussama Ben Laden pour obtenir leur libération.
Jusqu'ici, toutes les opérations de déstabilisation d'AQMI ont échoué, comme celles qui ont consisté à donner à plusieurs reprises Abdelmalek Droukdal, aujourd'hui âgé de 40 ans, pour mort.
Isabelle Mandraud
Vaste offensive de l'armée algérienne contre Al-Qaida
Des milliers d'hommes sont déployés contre Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) en Kabylie L'opération, commencée en décembre, mobilise notamment des forces aéroportées Les autorités se refusent à tout commentaire
Le gouvernement algérien a lancé une vaste offensive contre les maquis de l'organisation Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), à une centaine de kilomètres au sud-ouest d'Alger, notamment dans la région de Sidi Ali Bounab, près de la ville de Tizi-Ouzou.
Confirmée à l'envoyée spéciale du Monde, Isabelle Mandraud, et largement commentée dans la presse algérienne, l'opération est la plus grosse intervention militaire contre les militants islamistes depuis plusieurs années.
Elle a commencé courant décembre et devrait durer jusqu'en janvier. Elle mobilise des milliers d'hommes, appuyés par des hélicoptères. Aucun bilan n'a encore été rendu public.
AQMI a établi ses principales bases arrière en Kabylie, dans une région déjà en proie à des désordres de toutes sortes. En lançant cette opération d'envergure dans le nord du pays, l'armée algérienne entend sans doute couper l'organisation islamiste de ses bases du Sud, dans le Sahel, dans les régions frontalières avec le Mali et le Niger Suite page 8).*
Page 8.*
L'armée algérienne mène une vaste offensive en Kabylie contre Al-Qaida
Une opération militaire est en cours dans la région où le chef d'Al-Qaida au Maghreb islamique a établi son quartier général. Pendant six jours, les réseaux de téléphonie mobile ont été brouillés
Officiellement, il ne s'est rien passé en Kabylie. Aucune déclaration, aucun communiqué du gouvernement n'est venu confirmer l'opération militaire menée contre les islamistes d'Al-Qaida au Marghreb islamique (AQMI) dont la presse algérienne s'est pourtant fait largement l'écho. " C'est une opération qui ne va pas s'arrêter là mais qui va durer un bon moment ", lâche prudemment au Monde un ministre algérien. " Jusqu'en janvier " 2011, croit savoir le responsable d'un parti politique. Il s'agit de la plus grosse intervention militaire de ces dernières années contre les combattants d'AQMI, et plusieurs milliers de militaires, envoyés sur place, auraient été mobilisés.
Commencée le 9 décembre, l'offensive de l'armée, aérienne et terrestre, qui s'est principalement concentrée dans les maquis de Sidi Ali Bounab, au sud-ouest de la ville de Tizi-Ouzou, à moins de cent kilomètres d'Alger, se poursuit donc. Mais, jeudi 16 décembre, les trois réseaux de téléphonie mobile, qui étaient brouillés depuis six jours, comme a pu le constater sur place Le Monde, ont été rétablis. Pour la première fois, ces réseaux avaient été coupés, non seulement pour éviter tout contact entre les groupes de combattants mais surtout pour les empêcher d'actionner à distance des bombes cachées et disseminées sur le terrain.
Sur la route principale du sud, qui relie Alger à Bouira, les barrages filtrants de la gendarmerie n'ont rien d'inhabituel dans cette région, pas plus que la présence de nombreux postes de contrôle protégés par des sacs de sable au bord du bitume. Mais à plusieurs kilomètres de distance de Sidi Ali Bounab, les détonations des bombardements de la zone survolée par des hélicoptères ont été ressenties par les habitants. Aucun bilan sur le nombre de victimes n'a été rendu public. Citant des sources officieuses, la presse algérienne a cependant avancé le chiffre de douze à quinze islamistes tués, sans indication sérieuse, pour le moment, sur leur identité. Des tests ADN seraient en cours d'expertise.
Les manoeuvres militaires, présentées dans la presse comme des opérations de " ratissage ", ont été lancées sur la foi de renseignements faisant état, après l'arrestation au début de décembre de deux de ses membres, d'une réunion imminente d'AQMI au niveau de ses chefs.
Depuis plusieurs années, l'organisation islamiste, dirigée par Abdelmalek Droukdal, alias Abou Mousaab Abdel Oualaoud, a établi son quartier général en Kabylie. Si les accrochages avec l'armée et les forces de sécurité sont nombreux et réguliers, jamais, jusqu'ici, l'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), rebaptisé AQMI en janvier 2007 après avoir prêté allégeance à Oussama Ben Laden, n'a pu être vraiment défait. La topographie des lieux, un mélange de forêts et de montagnes, a fourni un cadre sûr à ses combattants.
Avec le temps, la région s'est de plus en plus trouvée en proie aux exactions de toutes sortes. Les enlèvements de chefs d'entreprise contre rançon - évalués à une soixantaine en un an - sont désormais légion et se terminent parfois par mort d'homme, sans que l'on sache exactement si leurs auteurs font partie d'AQMI ou ont plus à voir avec le banditisme. Leur ampleur est telle que l'on a pu parler d'" industrie " du rapt et que les députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, parti d'opposition d'origine kabyle) ont à plusieurs reprises interpellé le gouvernement sur le sujet.
En lançant une vaste offensive contre les maquis du nord de l'Algérie affaiblis par des arrestations et enclavés dans les montagnes, les autorités algériennes, selon un spécialiste des questions sécuritaires, tenteraient de couper AQMI de ses bases du sud, dans le Sahel, dirigées par d'autres émirs, dont Abou Zeid. Ce dernier est l'auteur de l'enlèvement de sept employés d'Areva au Niger, dont cinq Français, dans la nuit du 15 au 16 septembre, détenus au nord du Mali, mais c'est Abdelmalek Droukdal qui, le dernier, s'est exprimé sur leur sort. Dans un message audio de 2 minutes 14 secondes diffusé par la chaîne qatarie Al-Jazira le 18 novembre, le chef d'AQMI avait annoncé que la France devrait retirer ses troupes d'Afghanistan et négocier avec Oussama Ben Laden pour obtenir leur libération.
Jusqu'ici, toutes les opérations de déstabilisation d'AQMI ont échoué, comme celles qui ont consisté à donner à plusieurs reprises Abdelmalek Droukdal, aujourd'hui âgé de 40 ans, pour mort.
Isabelle Mandraud
Commentaire