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    Wikileaks : Les Américains meilleurs en analyse que les politiciens Français. Les médias remis à leur place et NPNS, toujours dans un virtuel fantasme de barbus...

    Luc Bronner – Le monde

    Aux yeux de la diplomatie américaine, la société française reste un mystère: pourquoi un pays aussi égalitariste et ambitieux en matière de droits de l’homme rencontre-t-il autant de difficultés pour faire une place aux minorités ethniques et religieuses ? Les télégrammes envoyés au département d’Etat par l’ambassade des Etats-Unis à Paris, obtenus par Wiki-Leaks et révélés par Le Monde, témoignent de l’intérêt «stratégique», pour les Américains, à suivre l’évolution d’un Etat en première ligne sur les problèmes d’intégration, notamment de la minorité musulmane.


    La logique des Américains n’avait jamais été explicitée de façon aussi transparente : dans leur analyse, si les Français sont considérés comme efficaces à court terme en matière d’antiterrorisme, ils sont perçus comme faiblement performants sur le long terme – à savoir l’intégration des musulmans français et donc la lutte contre l’éventuel embrigadement de recrues locales par des organisations terroristes.

    Un constat qui conduit les Américains à soutenir, de façon très volontariste, l’émergence d’élites issues des minorités – les mieux à mêmes de lutter contre les leaders intégristes, d’après eux– et à tenter d’infléchir les politiques publiques
    en matière de diversité pour réduire le terreau social à l’origine de dérives radicales potentielles.

    Car l’image du modèle français a évidemment pâti des émeutes de l’automne 2005. Non pas que les diplomates américains en poste à Paris aient été réellement surpris : dans les mois qui précèdent le déclenchement des émeutes, plusieurs mémorandums informent le département d’Etat sur la situation explosive des minorités en France. Les conseillers de l’ambassade visitent des mosquées, rencontrent des élus, des policiers. Ils se déplacent aussi en banlieue, à La Courneuve par exemple, pour se rendre compte par eux-mêmes de la situation. Bilan : "La France n’a pas seulement un problème d’intégrationou d’immigration; elle doit aussi agir pour donner une place aux musulmans dans l’identité française ",indique l’ambassade dans un télégramme secret du 17août 2005.

    Mais alors que, pendant les émeutes, les médias américains décrivent une France à feu et à sang et insistent sur le rôle des jeunes musulmans, l’ambassade explique très vite que l’islam n’est pas un facteur déterminant de la crise des banlieues. «Les gangs de jeunes exclus qui commettent des incendies de voitures et des violences urbaines en France ne sont pas des islamistes et ne sont absolument pas motivés par la religion. C’est une confusion majeure de les qualifier d’“insurgés” ou de jeunes “musulmans”, commele font souvent les médias », notel’ambassadeur Craig Stapletondans un «mémo» confidentiel du17novembre 2005.

    D’autres télégrammes réfuteront plus tard,avecforce, le terme d’«intifada» parfois utilisé par les médias étrangers.
    Pour comprendre, depuis cinq ans, les Américains multiplient les auditions. Lemaire de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain, leur parle d’habitants qui se sentent «citoyens de nulle part». Le juge antiterroriste Jean-François Ricard leur décrit des territoires où les symboles de l’Etat sont pris à partie et où «l’identité des cités» a pris le dessus sur «l’identité française».

    Une responsable del’association ni putes ni soumisestente de leur expliquer que lesémeutiers sont des islamistes auxbarbes rasées mais les Américainsfont comprendre qu’ils ne croientpas beaucoup à cette thèse.

    En parallèle, les diplomates gardent un œil extrêmement attentif sur l’organisation de l’islam en France, en particulier sur les débats internes au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM), dont ils font des comptes rendus détaillés à Washington.

    Si les diplomates américains récusent la lecture religieuse des émeutes, ils n’en demeurent pas moins extrêmement critiques sur le fonctionnement de la société française. Et particulièrement sévères sur ses élites : à leurs yeux, les journalistes français ont tendance à se prendre pour des intellectuels et préfèrent commenter et analyser plutôt que d’aller sur le terrain; les hommes politiques, quant à eux, leur semblent terriblement éloignés des préoccupations de la population et des réalités de la société. «Les institutions françaises ne sont pas révélées suffisamment souples pour s’adapter à une démographie de plus en plus hétérodoxe », constate Charles Rivkin dans un mémorandum confidentiel du 19 janvier 2010.

    Dans leurs documents internes, les Américains rappellent la nécessité de «discrétion» et de « tact » pour mettre en œuvre leur politique de soutien en faveur des minorités.

    Ce qui explique leur expression publique toujours très prudente.
    Leurs analyses internes, elles, sont beaucoup plus tranchées: «Le vrai problème est l’échec de la France blanche et chrétienne à considérer ses compatriotes à la peau sombre et musulmans comme des citoyens à part entière», jugeait ainsi l’ambassadeur Craig Stapleton dans un «mémo» du 9 novembre 2005, en se demandant si le modèle français d’intégration n’était pas «parti enfumée» avec les émeutes.

    Nommé en 2009, l’ambassadeur actuel, Charles Rivkin, qui a multiplié les déplacements en banlieue au point de se constituer l’un des meilleurs réseaux de la diversité(Le Monde du 7juin), insiste, lui, sur les risques d’affaiblissement de
    la société française : «Nous estimons que si la France, sur une longue période, ne réussit pas à améliorer les perspectives de ses minorités et à leur offrir une véritable représentation politique, elle pourrait s’affaiblir, être plus divisée, peut-être encline à des crises et repliée sur elle-même – en conséquence, être un allié moins efficace», écrit l’ambassadeur dans un télégramme confidentiel du 19 janvier 2010 pour justifier un nouveau renforcement des programmes américains en faveur des minorités françaises.
    "En ces temps d'imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire" (G. Orwell)
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