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L’affaire Tehzaz dévoile le côté Hassan II de Mohammed VI

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  • L’affaire Tehzaz dévoile le côté Hassan II de Mohammed VI

    Il avait promis une vraie justice en montant sur le trône, mais le bilan de Mohammed VI, roi du Maroc, n'est pas vraiment à la hauteur des espoirs que la communauté internationale avait placés en lui. Le colonel Kaddour Therzaz en paye hélas les pots cassés. Ce militaire franco-marocain est en effet emprisonné pour avoir écrit une simple lettre.

    Le colonel Kaddour Tehrzaz, 73 ans, passera une fois de plus les fêtes de fin d’année au fond d’un cachot. L’emprisonnement de ce franco-marocain, ex-numéro deux de l’armée de l’air du royaume, condamné à 12 ans de prison en 2008 pour une simple lettre fort courtoise à Mohammed VI, reste inexplicable. Le colonel s’étonnait du mauvais accueil réservé par les autorités marocaines aux militaires marocains, ses collègues, anciens prisonniers du Front Polisario. Pas de quoi susciter les arrêts et les barreaux.

    C’est pourtant le sort du colonel Tehrzaz, traduit en justice sur plainte du général Bennani, chef d’État major. Pur produit de l’arbitraire, sa détention suscite l’étonnement et l’indignation de 150 députés européens- ils ont adressé une lettre au roi- et de multiples interventions internationales.

    Celle de Nicolas Sarkozy se fait un peu attendre- pourtant Kaddour Tehrzaz est aussi français !- bien que le Quai d’Orsay ait été depuis longtemps mis au courant de l’affaire. On y a même reçu ces jours-ci la fille du prisonnier, Sonia Tehrzaz, qui se bat pour que justice soit faite. La vraie justice, promise par Mohammed VI en montant sur le trône en juillet 1999, et non celle de son père Hassan II. « Je suis un roi citoyen », proclamait, il y a 11 ans, l’héritier de la dynastie alaouite.

    La création de l’instance « Équité et réconciliation », chargée d’instruire les dossiers des victimes de la répression des opposants à Hassan II, avait secoué le monde arabe et enthousiasmé l’Europe.

    Or, le procès expéditif et à huis-clos du colonel Tehrzaz, sa condamnation, le refus obstiné de toutes les grâces royales depuis deux ans, sont en contradiction totale avec les promesses du souverain et l’image que se faisaient les Européens des nouvelles mœurs politiques de la « transition marocaine ». D’autant que les responsables directs de l’embastillement du vieux militaire n’ont pas à se vanter.

    Un rapport américain, que s’est procuré le quotidien espagnol El Pais, épingle la corruption de l’armée marocaine. Et, précisément, celle de son chef d’état-major, ce général Bennani qui a diligenté la plainte contre le condamné. Selon l’ambassadeur des États-Unis au Maroc, la haute hiérarchie des Forces armées royales est ultra-corrompue. Son rapport relève que ce haut-gradé « tire des revenus des contrats militaires et exerce son influence sur les décisions du monde des affaires ». « Comme d’autres officiers vétérans, Bennani possède une fastueuse résidence familiale qui fut probablement construite avec l’argent des pots-de-vin. Car une position de leader dans une région est, pour la hiérarchie militaire, une source importante de revenus non légaux », notent Thomas Riley et les attachés de l’ambassade américaine à Rabat.

    Des pratiques qui embarrassent beaucoup le Palais. Pour sa part, le colonel Tehrzaz, n’avait cessé de dénoncer les pratiques contraires à son idée de l’honneur et de la loyauté. Est-cela qui lui vaut le cachot ? Triste affaire qui pourrait bien nous faire croire qu’il reste beaucoup de Hassan II sous Mohammed VI.

    Martine Gozlan - Marianne
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