Par Isabelle de Foucaud
25/12/2010 | Mise à jour : 16:17 Réagir
La People's Bank of China a annoncé ce samedi un relèvement d'un quart de point (0,25%) de ses taux d'intérêt sur les emprunts et les dépôts , à compter du 26 décembre. Crédits photo : AP/AP
La Banque centrale avait déjà relevé le 19 octobre dernier les taux directeurs de 25 points de base (0,25 point de pourcentage), et ce pour la première fois en près de trois ans.
La nouvelle était largement attendue. La People's Bank of China, la banque centrale chinoise, a annoncé ce samedi un relèvement d'un quart de point (0,25%) de ses taux d'intérêt sur les emprunts et les dépôts , à compter du 26 décembre. Dans un bref communiqué repris par l'agence Chine Nouvelle, l'institution précise qu'elle va augmenter les taux d'emprunt et de dépôt sur un an à 5,81% et 2,75% respectivement.
La Banque centrale avait déjà relevé le 19 octobre dernier les taux directeurs de 25 points de base (0,25 point de pourcentage), et ce pour la première fois en près de trois ans, afin de lutter contre l'inflation et la spéculation immobilière. Ce nouveau relèvement n'est pas une surprise. Début décembre, le Bureau politique du Parti communiste chinois avait annoncé un resserrement de la politique monétaire de la Chine. Cette politique, «relativement accomodante» jusqu'ici, deviendra «prudente» en 2011, avait prévenu l'instance dirigeante. Hu Xiaolian, le vice-gouverneur de la Banque centrale, a de son côté déclaré vendredi que son institution entendait utiliser plusieurs outils pour combattre l'inflation et éviter la formation d'une bulle d'actifs.
Ces déclarations interviennent alors que le spectre de l'inflation refait surface en Chine, suscitant des craintes de révolte sociale. La hausse des prix à la consommation a atteint 5,1% en novembre pour la première fois en deux ans, contre 4,4% en octobre et 3,6% en septembre, tandis que la hausse des prix alimentaires a atteint 12% sur un an le mois dernier, selon les chiffres officiels.
L'inflation est nourrie par la quantité d'argent injectée dans l'économie chinoise depuis la crise financière mondiale. Les mesures de soutien s'étaient élevées à 4000 milliards de yuans (455 milliards d'euros) et le gouvernement avait ouvert très largement les vannes du crédit, tandis que les autorités locales ont créé des structures ad hoc pour pouvoir s'endetter et investir. Ces investissements ont notamment créé une envolée des prix dans le secteur immobilier et ont fragilisé les banques. Cette seconde hausse des taux d'intérêt vise donc à freiner la spéculation immobilière, en limitant l'expansion de la masse monétaire et en incitant à l'épargne grâce à une meilleure rémunération.
Le choix surprenant du jour de Noël
En Asie, les analystes ont salué la décision de la Banque centrale de Chine. «L'arme la plus importante contre l'inflation est de relever les taux», estime Shen Jianguang, analyste chez Mizuho Securities basé à Hong Kong, cité par l'AFP. «La Banque centrale a besoin de faire cela pour gagner en crédibilité dans sa lutte contre l'inflation», a ajouté Ken Peng, économiste de Citigroup basé à Pékin. Peu avant cette annonce, Wei Yao, de Société Générale CIB, estimait en effet que «l'absence d'une nouvelle hausse des taux d'intérêt d'ici à la fin de l'année montrerait que Pékin rechigne au resserrement (de sa politique monétaire, NDLR), ce qui serait un signal négatif pour les perspectives de l'économie chinoise en 2011».
Au fond, la seule surprise pour les analystes aura été la date de cette annonce. «Le choix du jour de Noël est un peu surprenant», avoue Ken Peng, de Citigroup. «Un relèvement des taux d'intérêt ne fait pas normalement partie des choses que l'on inscrit sur la liste du Père Noël», ajoute Brian Jackson, économiste chez Royal Bank of Canada à Hong Kong, cité par Reuters. «Mais dans le cas de la Chine, c'est une décision prudente.» La prudence,en effet, sera le mot d'ordre des autorités chinoises en 2011. Lors de la conférence économique annuelle, clôturée le 12 décembre, elles se sont engagées à garantir pour l'année prochaine un développement économique «stable et sain».
(Avec agences)
25/12/2010 | Mise à jour : 16:17 Réagir
La People's Bank of China a annoncé ce samedi un relèvement d'un quart de point (0,25%) de ses taux d'intérêt sur les emprunts et les dépôts , à compter du 26 décembre. Crédits photo : AP/AP
La Banque centrale avait déjà relevé le 19 octobre dernier les taux directeurs de 25 points de base (0,25 point de pourcentage), et ce pour la première fois en près de trois ans.
La nouvelle était largement attendue. La People's Bank of China, la banque centrale chinoise, a annoncé ce samedi un relèvement d'un quart de point (0,25%) de ses taux d'intérêt sur les emprunts et les dépôts , à compter du 26 décembre. Dans un bref communiqué repris par l'agence Chine Nouvelle, l'institution précise qu'elle va augmenter les taux d'emprunt et de dépôt sur un an à 5,81% et 2,75% respectivement.
La Banque centrale avait déjà relevé le 19 octobre dernier les taux directeurs de 25 points de base (0,25 point de pourcentage), et ce pour la première fois en près de trois ans, afin de lutter contre l'inflation et la spéculation immobilière. Ce nouveau relèvement n'est pas une surprise. Début décembre, le Bureau politique du Parti communiste chinois avait annoncé un resserrement de la politique monétaire de la Chine. Cette politique, «relativement accomodante» jusqu'ici, deviendra «prudente» en 2011, avait prévenu l'instance dirigeante. Hu Xiaolian, le vice-gouverneur de la Banque centrale, a de son côté déclaré vendredi que son institution entendait utiliser plusieurs outils pour combattre l'inflation et éviter la formation d'une bulle d'actifs.
Ces déclarations interviennent alors que le spectre de l'inflation refait surface en Chine, suscitant des craintes de révolte sociale. La hausse des prix à la consommation a atteint 5,1% en novembre pour la première fois en deux ans, contre 4,4% en octobre et 3,6% en septembre, tandis que la hausse des prix alimentaires a atteint 12% sur un an le mois dernier, selon les chiffres officiels.
L'inflation est nourrie par la quantité d'argent injectée dans l'économie chinoise depuis la crise financière mondiale. Les mesures de soutien s'étaient élevées à 4000 milliards de yuans (455 milliards d'euros) et le gouvernement avait ouvert très largement les vannes du crédit, tandis que les autorités locales ont créé des structures ad hoc pour pouvoir s'endetter et investir. Ces investissements ont notamment créé une envolée des prix dans le secteur immobilier et ont fragilisé les banques. Cette seconde hausse des taux d'intérêt vise donc à freiner la spéculation immobilière, en limitant l'expansion de la masse monétaire et en incitant à l'épargne grâce à une meilleure rémunération.
Le choix surprenant du jour de Noël
En Asie, les analystes ont salué la décision de la Banque centrale de Chine. «L'arme la plus importante contre l'inflation est de relever les taux», estime Shen Jianguang, analyste chez Mizuho Securities basé à Hong Kong, cité par l'AFP. «La Banque centrale a besoin de faire cela pour gagner en crédibilité dans sa lutte contre l'inflation», a ajouté Ken Peng, économiste de Citigroup basé à Pékin. Peu avant cette annonce, Wei Yao, de Société Générale CIB, estimait en effet que «l'absence d'une nouvelle hausse des taux d'intérêt d'ici à la fin de l'année montrerait que Pékin rechigne au resserrement (de sa politique monétaire, NDLR), ce qui serait un signal négatif pour les perspectives de l'économie chinoise en 2011».
Au fond, la seule surprise pour les analystes aura été la date de cette annonce. «Le choix du jour de Noël est un peu surprenant», avoue Ken Peng, de Citigroup. «Un relèvement des taux d'intérêt ne fait pas normalement partie des choses que l'on inscrit sur la liste du Père Noël», ajoute Brian Jackson, économiste chez Royal Bank of Canada à Hong Kong, cité par Reuters. «Mais dans le cas de la Chine, c'est une décision prudente.» La prudence,en effet, sera le mot d'ordre des autorités chinoises en 2011. Lors de la conférence économique annuelle, clôturée le 12 décembre, elles se sont engagées à garantir pour l'année prochaine un développement économique «stable et sain».
(Avec agences)
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