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Le grand retour de Abdelhadi Alami

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  • Le grand retour de Abdelhadi Alami

    Il a investi un milliard de DH dans le projet Hivernage Garden à Marrakech : appartements, hôtels, lieux d’animation. Portrait-enquête d’un des précurseurs du tourisme au Maroc.


    Il a pendant longtemps défrayé la chronique, que ce soit à travers des actions audacieuses pour l’époque, dans l’hôtellerie et le tourisme ou encore en raison de ses démêlés financiers avec les banques, après la crise qui a terrassé le secteur touristique à la suite de la première guerre du Golfe en 1991. Depuis, il s’était fait discret, très discret. Plus précisément, depuis les déboires de son groupe hôtelier, Dounia Hôtels, avec le Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH), qui a duré jusqu’au début des années 2000, et le dénouement de ce feuilleton judiciaire par la vente du complexe Palais des congrès de Marrakech qui faisait sa fierté, au Consortium maroco-koweitien de développement (CMKD). «Le Palais de tous les soucis», lâche Abdelhadi Alami, patron du groupe Dounia Hôtels que nous avons rencontré à Marrakech le samedi 18 décembre. Plusieurs années après avoir été contraint de sacrifier ce qui fut le premier véritable Palais des congrès au Maroc, notre homme ne se démonte pas et résume cette affaire en une phrase : «Nous avons été blousés par le CIH, le groupe Dounia s’est fait avoir...». Le propos ici n’est pas d’évaluer les dégâts subis par les uns et/ou les autres, mais d’écouter l’homme revenir sur son itinéraire professionnel. Mais avant tout, il tient à faire une précision importante à ses yeux, comme pour rectifier cette impression que l’on a : «On parle du retour de Abdelhadi Alami, du groupe Dounia Hôtels, sur les devants de la scène, mais Dounia n’est jamais parti ; nous nous sommes juste accordé un délai de réflexion de 2 ans pour restructurer le groupe autour de nouvelles idées et de nouveaux projets». Pour rappel, au cours des dernières années, le groupe continuait quand même de détenir quelques unités hôtelières dont le Karam Palace de Ouarzazate, l’hôtel Reda à Zagora et la résidence Karam Palace à Ouarzazate, confiés en gérance à des opérateurs locaux.
    Quoi qu’il en soit, et nonobstant les dénégations de l’homme d’affaires qui a également fait une incursion dans le domaine de la presse (Le Temps, Maghrib Al Yaoum), c’est un retour remarqué que le groupe opère en se lançant dans l’hôtellerie de luxe. Un projet est en cours de concrétisation avec la construction, à Marrakech, de la résidence touristique Hivernage Garden. Le groupe projette également de construire une vingtaine de villas de maîtres, à 10 kilomètres du centre de Marrakech, sur la route de Tahanaout, dont 18 seront mises en vente sur plan vers la fin du 1er trimestre 2011. Ces villas, qui relèvent plus de domaines, puisque bâties chacune sur un hectare dont 900 m2 couverts, seront vendues pour la bagatelle de 25 MDH. Un lieu d’animation, «Morroco land», est prévu sur le site pour encourager le tourisme familial. Une sorte de Disneyland pour la ville de Marrakech qui ne dispose jusqu’à présent que d’un parc aquatique. «Il sera de dimensions internationales et sera doté de la dernière génération des jeux qui existe dans le monde», promet M. Alami.
    Mais revenons à la résidence touristique, située, comme pour narguer le passé, juste derrière le Palais des congrès.
    Cette résidence donne le coup d’envoi de la troisième étape de la vie hôtelière de Abdelahadi Alami. Les deux premières étapes furent l’hôtellerie club dans les années 1970 et l’hôtellerie d’affaires qui a pris fin avec la vente du Palais des congrès. Ce découpage de la carrière est de l’intéressé lui-même.

    Un milliard de DH dans le projet Hivernage Garden

    Hivernage Garden donc, c’est 250 appartements de luxe, style art déco, un centre d’affaires de 1 200 personnes, un supermarché et des magasins. Les appartements sont vendus entre 20 000 et 25 000 DH le m2, avec un éventail de choix allant de la petite superficie (70 m2) à la plus grande qui fait 180 m2 et même des duplex de 245 m2 pour les plus nantis. La première tranche, déjà vendue à 70%, selon M. Alami, sera livrée en février prochain et les deux autres, 18 mois et 24 mois plus tard. Les ventes sur plan ont déjà commencé. La clientèle est surtout étrangère (Suisses, Canadiens, Anglais, quelques MRE...). Le promoteur se lance par la même occasion dans la gestion locative au profit des propriétaires, mais sous le régime du droit commun, car la loi sur les Résidences immobilières de promotion touristique (RIPT) ne l’inspire pas trop.
    Un centre de loisirs sur plusieurs étages baptisé Espace Opéra est également en train de sortir de terre. Il comprend une discothèque sur deux niveaux pouvant accueillir jusqu’à 1 500 personnes, des lieux de restauration rapide, un restaurant de luxe avec animation, etc. Le complexe devrait coûter au bas mot un milliard de DH, dont 500 millions pour les deux premières tranches, engagés en fonds propres, affirme Abdelhadi Alami.
    Fonceur ? On l’est assurément quand, après moult déboires, on continue à croire dans le secteur touristique. Il faut dire que Abdelhadi Alami est tombé dans la marmite quand il était petit. Sa carrière c’est des souvenirs forts qu’il raconte avec fierté et une pointe d’amertume quand il évoque les «tuiles» qu’il a eues. Une carrière qui commence en 1960 quand le jeune homme de 19 ans, un bac philo et un diplôme d’arabe classique en poche, il intègre le ministère des finances comme inspecteur au sein de l’administration centrale avec un salaire, se rappelle-t-il, de 450 DH par mois. Parallèlement, il poursuit ses études et obtient, en 1964, un DES en droit public tout en suivant une formation en fiscalité durant un an qui le mène tout droit à rejoindre l’Office des changes.
    En 1970, il est recruté par la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) où il restera jusqu’en 1975. Il eut en charge la gestion du pôle hôtelier constitué d’une dizaine d’unités à travers le Royaume et c’est là qu’il va contracter le virus. «J’ai fait mes armes à la CDG et le métier m’a passionné», souligne-t-il. L’ambition est là, et il devait se sentir à l’étroit dans cette structure puisque dès 1976, à l’âge de 35 ans, il se lance dans les affaires en créant Dounia Hôtels avec dans le tour de table la BCM, la BNDE, un membre de la famille Rothschild qui possède la marque PLM et déjà le CIH avec une petite participation de 5%. M. Alami, lui, possède 34% qui en font le vrai patron de la chaîne PLM.

    Il a formé plusieurs patrons d’hôtels


    Parallèlement, il continue à gérer les unités de la CDG et compte dans son parc des hôtels prestigieux de l’époque : le Méridien, les Dunes d’or à Agadir, un hôtel à Kétama qu’il évoque avec nostalgie et d’autres. De fil en aiguille, il rachète les parts de ses associés et devient actionnaire unique de Dounia Hôtels dès 1981. Le groupe continue sur sa lancée avec une équipe de 70 personnes et le statut d’opérateur majeur dans le tourisme marocain. Il a du mal à se rappeler tous les jeunes de l’époque qui ont, à un moment ou un autre, travaillé pour le groupe et qui sont aujourd’hui de grands patrons dans le secteur : dans la liste, Abdellatif Kabbaj, patron et fondateur du groupe Kenzi, Kamal Bensouda, d’Atlas Hospitality, Essaid Sqali de FSTours, entre autres. A 69 ans, l’enfant terrible du tourisme opère un nouveau virage avec un enthousiasme toujours intact.

    Royale décision : La petite histoire du Palais des congrès de Marrakech



    Il est toujours là et, de par sa taille et une salle de dimensions inégalées et à la structure pouvant se prêter aussi bien aux conférences qu’aux spectacles, reste le plus grand édifice pour l’incentive construit à ce jour en termes de capacité. Sait-on que l’idée vient du défunt Souverain ? Flash-back. En 1986, Abdelhadi Alami est reçu par feu Hassan II qui lui avoue son embarras pour accueillir le congrès mondial des médecins gynécologues qui devait se tenir en 1989. Le Roi lui demande de construire un Palais des congrès à Marrakech qui peut accueillir 3 700 congressistes. Il relève le défi par cette phrase : «Ce sera fait, Sire». Selon M. Alami, le projet a été réalisé dans les délais au prix de 18 mois de travail, jour et nuit. Par la suite, il accueillera bien des événements prestigieux dont le sommet du Gatt à Marrakech, en 1994, et qui allait donner naissance à l’Organisation mondiale du commerce. On comprend donc pourquoi il était si difficile à son propriétaire de s’en séparer....






    Mohamed Moujahid
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