Le syndrome africain.

[Loubia]

Le syndrome africain

Il y a peut-être un lien. Ou pas. Au moment où les salaires des policiers sont augmentés de 50%, des émeutes éclatent en plusieurs points d’Alger, à Bachdjerrah et Oued Ouchayeh, Baraki et Diar Echems, et les policiers sont envoyés en première ligne de l’affrontement pour contrer les violences. Sans augmentation, y auraient-ils été avec autant d’ardeur ? Personne ne peut le dire, mais cet exercice comptable rappelle l’augmentation conséquente des députés juste avant le vote à main levée pour le mandat à vie de l’actuel président. C’est d’ailleurs lui qui a donné le feu vert à l’augmentation des salaires des policiers et, d’un point de vue logique, il a entièrement raison ; un gouvernement qui ne crée pas de bonheur a tout intérêt à bien payer sa garde rapprochée, policiers, gendarmes et militaires, plutôt que le reste de la population, les raisons de l’émeute étant encore nombreuses. Le contraire fonctionnerait-il ?

Le président pourrait augmenter tout le monde de 50% et plus personne n’aurait à faire d’émeute. De fait, les policiers n’auront donc plus rien à matraquer et ils ne serviront à rien, pas besoin de les augmenter. Cette autre construction comptable n’est que théorique puisque que le régime algérien connaît bien le syndrome africain. On paye toujours bien ceux qui vont protéger le régime en dernière instance. A terme, ne resteront plus que les députés et les policiers pour défendre le président quand le peuple sera à ses portes. Non, pour les députés on plaisante ; ceux-ci se seront déjà enfuis, les mains dans les poches, en jurant qu’on les a forcés à voter toutes ses lois. Resteront les policiers et la reconnaissance du ventre.

En attendant ce jour, espérons juste qu’avec leur nouveau salaire, les policiers vont enfin intervenir quand on agressera une jeune femme sous leurs yeux. Ou au moins lui donner un peu d’argent pour panser ses blessures.

Chawki Amari, El Watan.