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Algérie : La corruption gangrène l’économie nationale

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  • Algérie : La corruption gangrène l’économie nationale

    Après une décennie 2000 relativement positive sur le plan des finances publiques, l’année 2010 a consacré la poursuite du déficit budgétaire pour la deuxième année consécutive atteignant le seuil de 3500 milliards de dinars. Le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, lors du Conseil des ministres du 25 août dernier, a d’ailleurs ordonné au gouvernement de «veiller à éliminer, du fonctionnement de l’Etat, toute dépense superflue, précisant aussi que le budget de fonctionnement, qui aura à faire face l’année prochaine à une dépense encore lourde liée au nouveau régime indemnitaire des fonctionnaires, ne devra connaître aucune autre augmentation»

    En matière de lutte contre la corruption, l’année 2010 aura été particulièrement riche, non pas tant par le nombre d’affaires révélées par la presse régulièrement, mais plus par les acteurs mis en cause. Les révélations en début d’année sur de grosses irrégularités à Sonatrach notamment en matière de passation de marchés de gré à gré ont retenti comme une bombe et achevé de convaincre si, besoin est, les derniers sceptiques sur l’ampleur de ce phénomène.
    Que la plus importante entreprise du pays, premier pourvoyeur en devises de la nation et principal moteur de son économie soit au cœur d’un scandale de corruption qui a décapité le sommet de son staff dirigeant et coûté sa place au ministre Chakib Khelil est très symbolique du mal qui ronge l’Algérie et ne peut que susciter des inquiétudes. Cela d’autant que l’onde de choc de ce sandale a été ressentie même à l’étranger parmi les partenaires économiques et commerciaux de la compagnie nationale qui n’ont pas manqué d’afficher leurs inquiétudes même officieusement.

    L’ampleur du scandale dont le préjudice se chiffrerait à 9600 milliards de centimes a choqué l’opinion publique d’autant qu’il intervenait quelque temps seulement avant ou après d’autres révélations sur des affaires de corruption dont celle de l’autoroute Est-Ouest, de la pêche au thon rouge, du crédit populaire d’Algérie ou encore du port d’Alger. Des affaires qui ont en commun d’être d’envergure tant elles mettent en cause des hauts cadres dirigeants de ministères ou d’entreprises publiques.
    Pour les responsables au sommet de l’Etat, la révélation des ces affaires est la preuve qu’en matière de lutte contre la corruption, l’Etat n’est pas passif. D’ailleurs, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, l’a déclaré le 1er novembre devant les députés à l’APN que «la lutte contre la corruption n’est pas un discours mais des actes».

    Beaucoup de textes, peu de concret

    Pourtant, la volonté politique réelle de l’Etat sur ce sujet ne cesse d’être remise en cause, notamment quand le gouvernement annonce des échéances pour la mise en place d’organismes devant parfaire la lutte contre la corruption et qu’il n’en est rien. Djilali Hadjadj, président de l’Association algérienne de lutte contre la corruption s’interrogeait récemment dans une contribution au Soir d’Algérie sur les raisons pour lesquelles l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption dont les modalités de fonctionnement sont prévues par un décret présidentiel qui remonte à 4 ans ( décret n° 06- 413 fixant la composition, l’organisation et les modalités de fonctionnement de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption) n’est toujours pas installé. Cela, alors que dans l’intervalle, le gouvernement annonce la création d’autres organes pour lutter contre ce phénomène.
    Ainsi, Ouyahia avait parlé en février 2010 de l’installation à la fin mars 2010 d’un «Observatoire de prévention de la corruption» prévu par la loi du 20 février 2006 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. Une échéance révisée cinq mois plus tard par le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, et reportée à la fin de l’année. Quelques semaines plus tard, le Conseil des ministres du 25 août 2010 avait examiné et approuvé 4 projets d’ordonnances dont une modifiant et complétant la loi n° 06-01 du 20 février 2006 qui prévoit la création d’un «Office central de répression de la corruption».

    Des entreprises se protègent

    Un office censé venir renforcer l’organe de lutte prévu il y a quatre ans et l’observatoire annoncé pour cette année, mais force est de constater qu’aucune de ces instances n’est opérationnelle, quand bien même elles l’auraient été, comment aurait-on éviter le chevauchement de leurs prérogatives. Pour M. Hadjadj, «tant qu’il n’y a pas de réelle volonté politique de lutter contre la corruption, tout ça ne servira pas à grand-chose».
    En attendant que tous ces organes se mettent en place, certaines entreprises impliquées dans des affaires de corruption tentent tant bien que mal de redorer leur blason. C’est ainsi, qu’à la fin du mois de novembre dernier, Sonatrach se dotait d’un code de conduite qui vise aussi bien ses employés que ces partenaires. Le nouveau PDG du groupe, Noureddine Cherouati, a déclaré que ce code répond à «toutes les attentes de Sonatrach en matière d’éthique et de comportement», mais il n’est qu’un «point de départ». Le code rappelle tout de même que la corruption est un acte «puni par la loi» et entraîne des poursuites et la «rupture de la relation de travail». Un mois après l’annonce faite par Sonatrach, Sonelgaz lui emboîte le pas, en se dotant d’un code similaire, quelque temps après avoir changé sa réglementation en matière d’attribution de marchés pour prévenir tout risque de corruption.

    Septembre 2010. Djilali Hadjadj arrêté :

    En septembre 2010 Djilali Hadjadj, président de l’Association algérienne de lutte contre la corruption se fait arrêter à Constantine. Une arrestation suivie d’une condamnation à 6 mois de prison avec sursis, qui avait suscité autant d’interrogations que de réactions.
    Reporters sans trontières et Transparency International avaient d’ailleurs dénoncé un prétexte utilisé par les autorités algériennes pour «faire taire un homme qui n’a eu de cesse de dénoncer la corruption en Algérie».

    Safia Berkouk

    El Watan
    le 27.12.10
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