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Pr Djillali Saïghi nommé chevalier de l’ordre national du Mérite

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  • Pr Djillali Saïghi nommé chevalier de l’ordre national du Mérite

    La Tribune : Vous avez été récemment récompensé par le président français Nicolas Sarkozy ; pouvez-vous nous dire un peu plus sur cette prestigieuse distinction ?

    Le Pr Djillali Saïghi, du service urologie de l'hôpital Cochin, à Paris : Le président Nicolas Sarkozy m’a nommé, en effet, chevalier de l’ordre national du Mérite par décret du 14 novembre 2010. Il s’agit d’un titre qui récompense les mérites distingués rendus à la nation. J’éprouve, bien entendu, une grande fierté pour cet honneur qui m’est rendu. A travers moi, c’est un hommage rendu à l’ensemble de mes collègues et compatriotes qui ont suivi un parcours atypique et laborieux pour s’affirmer et exercer leur talent en France. Ils sont également nombreux à avoir du mérite. Je suis également profondément touché par les marques d’amitié et de sympathie manifestées par ma famille et mes amis en France et en Algérie.

    Vous êtes auteur de nombreuses recherches sur le cancer de la prostate localisé et les nouvelles méthodes de reconnaissance et de traitement en cours de développement, pouvez-vous nous en parler ?

    J’exerce dans un grand service avec des collègues de renommée internationale. L’activité de recherche, de développement et d’application de nouveaux traitements fait partie des devoirs de chacun. J’ai effectivement de nombreuses publications sur plusieurs sujets, dont le cancer de la prostate, et je suis aussi coauteur de L’Abrégé d’urologie. Nous étions les premiers à traiter les cancers de la prostate par curiethérapie, devenue actuellement une technique routinière. Nous lancerons bientôt un nouveau traitement par focale thérapie. Mais, il y a également d’autres maladies, notamment le cancer de la vessie dont nous sommes un centre référant. Nous travaillons en étroite collaboration avec les unités de recherche et les laboratoires pour de nouvelles molécules dans le cancer de la prostate.

    Qu’est-ce que le cancer de la prostate ? Comment expliquer l’augmentation de la fréquence de cette pathologie ?

    Le cancer de la prostate est le premier cancer de l’homme de plus de 50 ans. Sa fréquence varie avec l’âge et n’est pas la même en fonction des pays et de la race. Ainsi, il est plus fréquent aux Etats-Unis, particulièrement chez les Noirs américains qu’en Europe et encore moins en Asie. Cela dit, il n’y a pas vraiment d’augmentation de la fréquence de cette maladie, mais plutôt une détection plus importante du cancer de la prostate. Ce boom est directement en rapport avec l’utilisation de marqueurs sanguins comme l’antigène prostatique spécifique (PSA) et les biopsies prostatiques qui permettent ainsi de repérer des cancers débutants ou de petit volume qui seraient autrefois passés inaperçus. Les données d’autopsies révèlent que 20% des prostates comportent des lésions cancéreuses à 45 ans et plus de 70 à 80% à 80 ans. Nombre de ces tumeurs peuvent demeurer silencieuses toute la vie. Le vrai défi d’aujourd’hui est de pouvoir détecter et de ne soigner que les cancers à risque d’évolutivité.

    Quels sont les symptômes de cette maladie ?

    Il faut dire qu’au stade de début, il n’y a pas de symptômes. Quand il y a des troubles de miction, cela est souvent en rapport avec une hypertrophie bénigne de la prostate, communément appelée «adénome prostatique». Toutefois, aux stades évolués du cancer de la prostate, il peut y avoir des signes en rapport avec la tumeur prostatique tels que des difficultés mictionnelles, des saignements ou rétentions urinaires. D’autres signes sont en rapport avec une dissémination de la maladie dans l’organisme tels que des douleurs osseuses. Quand il y a des symptômes en rapport avec le cancer de la prostate, cela veut dire malheureusement que la maladie est déjà très évoluée.

    Quels sont les facteurs de risque et quelles sont les personnes à risque ?

    Il n’y a pas de facteurs de risque clairement identifiés. Il y a trois facteurs de risque établis : l’âge, les antécédents familiaux et l’origine ethnique.Des facteurs génétiques sont impliqués, car ce cancer est deux à trois fois plus répandu chez les parents au premier degré de celui atteint de cancer. Des études sont en cours pour identifier les gènes responsables, sans pour autant les identifier de façon formelle. L’origine ethnique est un facteur de risque établi puisque les hommes de race noire ont un risque plus élevé de développer un cancer de la prostate et d’autant plus s’ils vivent en Amérique du Nord, suggérant un facteur de risque environnemental. Pour les autres facteurs de risque tels que l’alimentation et autres, rien n’est prouvé.

    Quelles sont les mesures de dépistage précoce ?

    Là aussi, le sujet est complexe pour répondre brièvement. La question du dépistage du cancer de la prostate divise la communauté scientifique et politico-administrative. Pour cette dernière, la raison est évidente : le coût. Il n’y a pas de consensus pour conclure et justifier un programme national de dépistage. Les deux études internationales menées en Europe (ERSPC) et en Amérique du Nord (PLCO), publiées en 2009, apportent des éléments nouveaux mais contradictoires. Sans entrer dans le détail, celle réalisée en Europe montre une diminution de 20% de la mortalité par cancer de la prostate chez les hommes soumis au dépistage, alors que l’étude américaine ne montre pas de différence significative. Les principales questions sont l’impact du dépistage en termes d’amélioration de la survie pour l’ensemble des populations concernées en tenant compte du risque de sur-diagnostic des formes latentes qui ne s’expriment pas et surtout du sur-traitement qui s’ensuit sans impact sur la survie et pouvant même altérer la qualité de survie par les effets délétères du type de traitement. Je ne parle pas de l’impact sur le coût de la prise en charge. Le vrai débat sur le dépistage est en fait de trouver le moyen de «dépister» ou de diagnostiquer les cancers agressifs à leur stade de début et de «négliger» les cancers latents. La raison principale de cette situation d’incertitude est due à la faiblesse de spécificité de dosage sanguin du PSA.Malgré l’apparition d’autres marqueurs sanguins ou urinaires ou de dérivés du PSA, il n’y a pas d’amélioration dans la détection des formes à risque de progression.Les récentes publications des équipes scandinaves et américaines montrent un intérêt certain de l’approche génétique. Elles viennent de découvrir un ensemble de variants génétiques qui montrent que les chiffres de PSA ne sont pas forcément à comparer à une norme, notamment chez certains hommes dont le taux habituel de PSA est plus élevé que la moyenne utilisée pour calculer la mesure- seuil. Le but serait donc de distinguer par ce test les hommes producteurs naturels de PSA de ceux qui ont un cancer de la prostate évolutif à l’origine de l’élévation de PSA.

    Quels sont les traitements médicaux du cancer de la prostate ?

    Il y a plusieurs types de traitement du cancer de la prostate. Très schématiquement, le choix du traitement va dépendre en premier lieu du stade de la maladie (cancer localisé à la glande prostatique ou localement évolué, dépassant la capsule prostatique ou cancer généralisé avec métastases), de l’âge et de l’état général du patient. En cas de cancer localisé à la glande prostatique survenant chez un patient jeune, le traitement de référence est l’ablation chirurgicale de la prostate (prostatectomie totale). Si la maladie est localement évoluée, la radiothérapie est préférable dans la majorité des cas. En cas de maladie généralisée, le traitement est à base de médicaments anti- hormonaux ou chimiothérapie qui freinent l’évolution.Le choix d’un traitement n’est pas univoque. A chaque type de cancer et à chaque individu correspond un type de traitement donné. Beaucoup de progrès ont étés réalisés ces dernières années. Le terme de guérison n’est plus un tabou en ce qui concerne le cancer de la prostate.

    Est-il possible de prévenir le cancer de la prostate (alimentation notamment, on parle de bienfaits anti-cancer de certains fruits et légumes) ?

    Il n’y a aucun moyen préventif du cancer de la prostate scientifiquement prouvé.Bien sûr que de nombreux travaux de recherche ont étés menés et que les compléments alimentaires comportant en justes doses du soja et de la vitamine E, combinée au sélénium, et autres aliments ont étés étudiés. La meilleure prévention reste le dosage de PSA et le toucher rectal chez les hommes de plus de 50 ans ou 45 ans chez ceux ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate ou les hommes de race noire. Il ne s’agit pas d’un dépistage, mais d’un diagnostic ciblé ou précoce. Le rôle du médecin généraliste de proximité est primordial.

  • #2
    Vous avez eu l’occasion de participer à de nombreuses rencontres en Algérie sur le cancer de la prostate, y a-t-il une collaboration algéro-française ?

    La première partie de ma carrière a été réalisée en Algérie. Ceci m’a permis de garder un lien très étroit avec mes amis et collègues qui exercent aussi bien en tant que libéral qu’en hospitalier. J’ai eu le plaisir d’établir avec eux un partenariat privilégié et souvent personnalisé. J’ai accueilli nombre d’entre eux dans le service d’urologie de l’hôpital Cochin grâce à l’amabilité du chef de service, le professeur Bernard Debré. Je les ai aidés à s’initier et à se familiariser avec des techniques chirurgicales de pointe. J’ai également pris part à la plupart des congrès et séminaires qui ont eu lieu à Alger et dans d’autres villes, dont le dernier fut le congrès international de cancérologie qui a eu lieu à Constantine en octobre 2010. Ce fut aussi avec un grand plaisir que j’ai coorganisé le 1er congrès franco-algérien de médecine en 2002, ainsi que de multiples séminaires de formation approfondie en urologie entre 2004 et 2008. Après avoir ouvert la voie, je suis très heureux de voir aujourd’hui que la collaboration se fait également avec d’autres équipes. Le résultat se fait vite sentir puisque la prise en charge de ces lourdes pathologies s’améliore. Les progrès sont incontestables et méritent d’être consolidés. Au début de notre entretien, j’ai évoqué les convictions qui me rassuraient. Ce sont celles du progrès liés à l’amitié, le respect et la quête du savoir, tout en étant au-dessus des intérêts partisans.

    Bio express du professeur Djillali Saïghi

    Originaire de Sidi Aïch, le professeur Djillali Saïghi est né à Alger en 1959. Il grandit à Bab El Oued et Belcourt, deux quartiers populaires d’Alger. En 1983, il obtient son diplôme de médecine générale à la Faculté d’Alger, puis en 1988 sa maîtrise d’assistanat en urologie, avant de décrocher sa thèse de sciences médicales et docent en urologie en 1994. Cette année-là, il part en France après avoir obtenu une bourse d’études, sur concours, au collège de médecine des hôpitaux de Paris et le poste de résident dans le service urologie du CHU Cochin à Paris, en France. Titulaire d’un DEA en sciences chirurgicales et ancien chef de clinique assistant associé de la faculté de médecine de Cochin et de l’Université Paris VI, il devient chirurgien des hôpitaux, praticien hospitalier au CHU Cochin, à Paris en 2003, puis professeur du collège de médecine en 2010. Le professeur Djillali Saïghi a participé à plusieurs missions humanitaires et de coopération avec de nombreux pays d’Afrique, d’Orient et d’Asie. Il a reçu de nombreuses distinctions honorifiques de reconnaissance du Sénat du Pakistan et du Cachemire, de chevalier de l’ordre du Mono au Togo et il a été nommé professeur associé des universités Tong Ji de Shangai et de Nanchang en Chine.

    Par la Tribune

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    • #3
      ça fait plaisir de savoir.

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