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L'homme de Néandertal diversifiait ses menus

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  • L'homme de Néandertal diversifiait ses menus

    Depuis l'identification du premier spécimen en 1856, le grand public a toujours eu du lointain cousin de l'Homo sapiens, Néandertal, l'image d'un homme fruste, violent et carnivore. Peu à peu, cette vision simpliste évolue. Dans un article publié lundi dans PNAS, des paléontologues américains montrent par exemple que certains néandertaliens consommaient des végétaux. Ils ont en effet retrouvé dans le tartre dentaire de trois individus, découverts en Belgique et en Irak, des traces de plantes, de graines et de tubercules.

    Marylène Patou-Mathis, directrice de recherche au CNRS et auteur d'un livre-référence* sur ce cousin de l'homme moderne, explique : «Nous les soupçonnions depuis longtemps d'intégrer un peu de végétal dans leur alimentation, ne serait-ce que pour des questions de métabolisme. Maintenant, nous en avons une première preuve directe». Yves Coppens, célèbre co-découvreur de l'australopithèque Lucy, admire d'ailleurs l'ingéniosité de la méthode employée. Les plantes et les légumes ne fossilisant pas, seul le tartre pouvait piéger les aliments et fournir des indices précis sur la nature de l'alimentation végétale présumée de nos cousins. Au final «cette technique permet de déterminer le menu détaillé de quelques néandertaliens», s'enthousiasme-t-il.

    Notre cousin chassait aussi le phoque et le dauphin

    La découverte de grains d'amidon portés à très haute température atteste par exemple de la consommation de tubercules cuits. Ce qui prouve une nouvelle fois que Néandertal savait cuisiner. Des traces de brûlures sur des fossiles avaient déjà montré auparavant qu'il maîtrisait le feu et s'en servait pour cuire sa viande. La découverte de coquillages grillés en Espagne avait même montré qu'il se servait de cette source de chaleur pour faciliter l'ouverture des moules.

    Cette consommation de crustacés avait d'ailleurs ouvert les yeux des paléontologues quant à la capacité de Néandertal à élargir son spectre alimentaire, quand il le pouvait ou quand il le fallait. «Quand on y réfléchit un peu, ce n'est pas étonnant de la part d'une espèce qui a réussi à s'adapter au climat et à survivre pendant 300.000 ans sur une zone géographique très étendue», souligne Marylène Patou-Mathis. En 2008, des chercheurs montraient d'ailleurs que notre cousin avait parfois chassé le dauphin ou le phoque, prouvant ses grandes facultés d'adaptation environnementales.

    En ajoutant à toutes ces connaissances, plus ou moins nouvelles, la découverte de présumés bijoux et maquillages néandertaliens cette année, notre vision étroite de cet homme au front bas et aux sourcils proéminents prend du relief. Ce qui permet de mieux accepter, comme l'ont montré des scientifiques récemment, que nous ayons finalement beaucoup de points communs génétiques avec ce cousin: nous aurions hérité d'un à quatre pour cent de son génome.

    * Néandertal, une autre humanité, édition Perrin. Marylène Patou-Mathis était également conseiller scientifique du film Ao, le dernier Néandertal.

    Par le Figaro
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