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Le survivant d'un attentat terroriste en Mauritanie témoigne

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  • Le survivant d'un attentat terroriste en Mauritanie témoigne

    Il a perdu ses deux jambes durant le premier attentat majeur mené par al-Qaida en Mauritanie, mais Mohamed Mahmould Ould Mohamed n'a pas perdu sa volonté de se battre.

    Mohamed Mahmoud Ould Mohamed est un vétéran de l'armée mauritanienne, qui a survécu miraculeusement à la première attaque terroriste soudaine menée sur la garnison frontalière de Lemgheity, dans la zone la plus au nord du pays, en 2005. Dix sept soldats étaient morts dans la bataille et un nombre largement supérieur de militaires avait été blessés, dont Ould Mohamed. Il a perdu ses jambes, ses rêves, et a été obligé de prendre sa retraite.

    Ould Mohamed vit maintenant une existence difficile, en raison du handicap qui a bouleversé sa vie. Victime du terrorisme, il considère l'extrémisme avec rancoeur.

    Magharebia a rendu visite à Ould Mohamed dans la maison modeste qu'il loue à Nouakchott, et l'a interrogé sur les détails de l'attaque initiale menée par al-Qaida sur la Mauritanie. Il a longuement évoqué aussi son long parcours vers la guérison, la vie des services dans le désert et la manière dont il pense que le terrorisme peut être combattu.

    Magharebia: Comment s'est passée cette attaque d'al-Qaida ?

    Mohamed Mahmoud Ould Mohamed: L'attaque a commencé à 6 heures du matin. Nous avons été surpris quand on a ouvert fortement le feu sur nous. Certains étaient en train de faire la prière du matin, d'autres dormaient encore. En résultat, ce sont 17 soldats qui sont sur le coup. Pendant ce temps, un groupe de terroristes a été tué. Mais nous n'avons commencé à recevoir de l'aide médicale que 24 heures après. J'étais blessé à la jambe gauche, qui a été amputée en deux chirurgies en tout - une à Nouakchott et l'autre à l'hôpital militaire V de Rabat.

    J'ai été transféré depuis le champ de bataille à l'hôpital militaire de Nouakchott, où j'ai été cinq mois hospitalisé. Après ça, j'ai été transféré à Rabat où ma jambe a été complètement amputée. Après que je sois revenu, on m'a fait prendre ma retraite après une période de 15 ans et six mois de service. Mais je n'ai reçu aucune indemnité pour le handicap que j'ai reçu au cours de mon service.

    Magharebia: Est-ce que vous aviez des instructions vous disant d'être vigilants contre le terrorisme ?

    Ould Mohamed: Non, nous n'avions aucune instruction à ce sujet. Nos travaux n'incluaient même pas des confrontations à des trafiquants ou à des gangs revendeurs de stupéfiants, et ce même si nous étions placés à la frontière. Tout le monde pouvait entrer en Mauritanie et en sortir très facilement par la frontière, sans que personne ne fasse rien pour ça. Nous n'avions aucune instruction sur une attaque terroriste potentielle. En fait, l'attaque de Lemgheity a représenté le vrai commencement du terrorisme contre la Mauritanie et sa population pacifique. C'était la première attaque terroriste à laquelle j'ai assisté dans ma vie, et elle était sanguinaire et barbare.

    Magharebia: Vous étiez stationnés à la frontière, sous les rayons du soleil et dans un désert aride. Comment se déroulait cette vie au milieu du désert ?

    Ould Mohamed: La vie était très dure, la chaleur étouffante, l'eau était rare, les terres étaient arides, sans arbres, sans êtres humains, sans rien du tout. Nous n'avions aucun contact avec nos familles et nos proches, parce qu'il n'y avait pas de moyens de communication. C'était une vie vraiment très dure. Nous vivions dans ce monde aride, qui s'appelle le désert. Et au milieu de cela, le terrorisme nous a rendu visite, nous montrant son visage affreux par ce groupe qui nous a pris par surprise.

    Magharebia: Comment se déroule maintenant votre existence de victime du terrorisme ?

    Ould Mohamed: Ma vie est maintenant difficile en raison du handicap et j'ai une situation financière complexe. Je ne m'engage dans aucune activité. Je dépends principalement des dons faits par certains proches et par des connaissances, avec la pension que je touche de ma retraite, qui est très modeste. Je ne peux plus travailler, même si je n'accepterai jamais, pour moi, une vie de mendicité. Je suis marié et j'ai deux filles.

    Magharebia: Que devrait faire le Maghreb pour lutter contre le terrorisme ?

    Ould Mohamed: Le terrorisme est un phénomène qui existe partout dans le monde, et on doit le combattre en utilisant tous les moyens. Je ne pense pas que des véhicules ou des blindés seuls seront suffisants pour protéger la frontière du nord de la Mauritanie. On devrait envoyer des avions militaires pour contrôler la frontière et faire face aux terroristes où qu'ils se trouvent. Des coups cruels doivent leur être portés pour qu'ils ne puissent pas s'introduire en douce dans n'importe quelle base militaire.

    Le terrorisme est devenu un phénomène global et il faut que tout le monde s'investisse pour l'affronter. L'Etat doit soutenir ses victimes moralement et financièrement. J'espère donc que les dirigeants de l'Etat prendront cela en considération.

    Le phénomène terroriste est maléfique, et on doit y faire face avec les idées. Les jeunes qui ont épousé la cause du terrorisme doivent être sensibilisés pour pouvoir revenir au vrai Islam. L'Islam interdit le meurtre et l'agression d'autrui. Ceux qui tuent au nom du djihad sont des voleurs et des gangs, qui ne sont pas des djihadistes. Les vrais Moudjahidines, ce sont ceux qui défendent leurs frontières, leurs terres et leur peuple, et toute autre chose est du terrorisme qui mène au crime organisé, dont les commerces de drogue et les vols. Ce n'est pas l'Islam. Le terrorisme doit être combattu par tous les moyens. Les jeunes qui ont été trompés doivent craindre Dieu et revenir à leurs parents.

    Source: Magharebia
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