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L’Iran, nouveau roi du pétrole

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  • L’Iran, nouveau roi du pétrole

    Depuis la création de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, la République islamique des mollahs n’a jamais occupé la présidence. Une situation qui change le 1er janvier, au plus grand déplaisir des puissances occidentales.
    Par Sébastian SEIBT (texte)

    Au 1er janvier, l’Iran prendra officiellement, et pour un an, la présidence de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). C’est la première fois en 36 ans que la République des mollahs va présider aux destinées d’une des organisations internationales les plus puissantes. Le pays succèdera à l’Équateur. Une prise de pouvoir qui ne va pas sans inquiéter les pays occidentaux, États-Unis en tête.

    La décision a été prise et entérinée à l’unanimité par les 12 pays membres de l’Opep, en octobre dernier à Vienne (Autriche). Téhéran avait de solides arguments pour défendre son droit à accéder à la présidence, étant l’un des cinq pays fondateurs (avec l'Arabie saoudite, l'Irak, le Koweït et le Venezuela) du consortium. L’Iran est surtout le second producteur de pétrole de l’Opep (derrière l’Arabie Saoudite) et seuls l’Arabie saoudite et le Venezuela détiennent plus de réserves d’or noir que la République islamique.

    Scénario catastrophe

    Cette légitimité par les chiffres n’est cependant pas du goût de tous. L’Iran est dans le collimateur des principales puissances occidentales qui l’accusent de développer un programme nucléaire militaire. Le pays est, depuis 2006, soumis à une série de sanctions commerciales décidées par l’ONU.

    En octobre dernier, les États-Unis ont demandé aux autres pays membres de l’Opep de faire pression sur l’Iran afin que le pays "joue un rôle plus constructif dans la région". Une intervention américaine inédite dans les affaires internes de l’Opep, qui n’a pour l’instant pas été suivie d’effet. Washington a laissé entendre qu’il s’entretiendrait avec chacun des pays membres pour discuter des conséquences de la présidence iranienne.

    Les pays occidentaux peuvent en effet craindre que l’Iran utilise le pétrole comme une arme, dans son bras de fer avec le Conseil de sécurité de l’ONU au sujet du nucléaire. Le scénario catastrophe serait que Téhéran réussisse à imposer une baisse de la production, ce qui entraînerait une flambée des prix. L’Opep s’est déjà, par le passé, transformée en organisation militante. En 1973, elle avait décidé d’une baisse de la production du pétrole suite à la Guerre du Kippour.

    Rôle honorifique

    Reste que plusieurs experts estiment que la présidence de l’Opep est symbolique. "L’Opep est avant tout une organisation commerciale qui fédère des pays aux intérêts parfois très divergents", rappelle Paul Sullivan, enseignant à l’Université de la Défense nationale aux États-Unis. Les décisions affectant le niveau de production doivent en effet être prises à l’unanimité. "C’est sûr que l’Iran va faire du bruit à la tribune de l’Opep mais au final, cela n’aura que peu d’effet sur les prix", ajoute Kamran Dadkhah, professeur à la Northeastern University de Boston.

    D’autres estiment cependant que l’Iran pourra exercer, grâce à cette nouvelle tribune, un réel pouvoir de nuisance, notamment à l’égard des États-Unis. "L’Iran aura davantage de poids pour convaincre les autres pays de le suivre sur certaines questions comme, par exemple, le fait d’acheter le pétrole dans une autre devise que le dollar", souligne Sergueï Droujilovski, professeur à l'Institut des relations internationales de Moscou. Un changement qui fragiliserait le billet vert dans les échanges commerciaux.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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