L’année 2010 aura été riche en événements. L’Economiste revient sur les faits marquants, secteur par secteur. Une rétrospective qui zoome et analyse les moments forts du monde des affaires et politique: fusion ONA/SNI, les grands mouvements dans les télécoms, la nouvelle vision du tourisme, la révolution du code de la route, les révélations de la Cour des Comptes, les malheureux événements de Laâyoune… La rétrospective s’arrête aussi sur les personnalités disparues au cours de l’année et qui ont marqué une partie de l’histoire du Maroc.
· ONA-SNI: Fusion de géants
LA fusion ONA-SNI aura été, sans aucun doute, l’opération stratégique la plus importante de 2010. Que ce soit à travers la taille des deux holdings ou par leur poids dans l’économie marocaine, cette fusion aura marqué le paysage financier national. Bref rappel des faits: la décision de la fusion se base sur le besoin de dépasser la vocation de groupe multi-métiers au profit de celle d’un holding d’investissement unique exerçant le seul métier d’actionnaire professionnel. La création de cette nouvelle entité devait passer par le retrait de la cote casablancaise du bloc ONA-SNI, formé des valeurs ONA, SNI, Cosumar, Lesieur, Centrale Laitière, Attijariwafa bank, Wafa Assurance, Lafarge Ciments, Sonasid, Managem et SMI. Deux offres publiques de retrait ont, d’ailleurs, été déposées à des cours respectifs de 1.900 DH pour SNI et 1.650 DH pour ONA. Ce retrait, qui a été couronné de succès principalement auprès des particuliers, va conduire à une réduction progressive du périmètre des activités des deux groupe à travers la cession sur le marché boursier du contrôle d’entités les plus matures, au premier rang desquelles Cosumar, Lesieur et l’ensemble Centrale laitière/Bimo/Sotherma. La nouvelle entité, une fois la fusion bouclée, devrait détenir des participations significatives non majoritaires, sauf dans les cas de contrôle conjoint (Lafarge Maroc et Sonasid) et d’incubation de nouveaux projets ou de participations en développement (Wana, Marjane, Onapar, Nareva, Optorg). Le marché attend donc avec impatience le dénouement de cette opération en début d’année.
· Introductions en Bourse: La machine partiellement relancée
Après deux longues années de vaches maigres, la Bourse de Casablanca a retrouvé en 2010 un dynamisme longtemps perdu en raison des effets de la crise internationale qui a altéré la confiance des investisseurs nationaux. A la dynamique positive qu’a connue la place casablancaise au début de 2010, s’ajoutent deux introductions en Bourse. Celle d’Ennakl, le leader du marché de la distribution automobile tunisien et importateur-distributeur des marques Volkswagen, Audi, Seat et Porsche. Le distributeur tunisien qui s’est simultanément introduit sur les places de Tunis et Casablanca (respectivement 30 et 10% de son capital) a emboîté le pas aux entreprises marocaines plus frileuses pour une sortie sur le marché dans une conjoncture incertaine. Cette opération qui est plus symbolique que stratégique aura au moins permis d’ouvrir la porte à d’autres acteurs de la place, notamment Cnia Saada Assurance qui a introduit sur le marché 15% de son capital pour pallier notamment au retrait du fonds d’investissement du prince Al Walid. Face à la forte demande sur le titre, la période de souscription a été clôturée par anticipation au terme du second jour de la période. Suivant la même tendance, la valeur une fois introduite a suscité l’intérêt de la communauté financière avec de forts échanges sur le titre. Dans ce sillage, 2011 promet un cru important d’introductions en Bourse, il n’y a qu’a voir les prétendants.
· Un code pour la route
L’UN des événements-phares de l’année 2010 aura été certainement l’entrée en vigueur du nouveau code de la route. Le texte, qui constitue une mesure structurante, a mis cinq ans avant de connaître son issue. Un retard dû aux multiples mouvements de résistance au changement. La nouvelle réglementation a pour objectif de réduire la sinistralité dans les routes nationales et le réseau autoroutier. Le nombre d’accidents fait, en effet, du Maroc l’un des pays qui enregistrent un taux de sinistralité des plus élevés. Le nombre de morts a d’ailleurs dépassé les 4.000 au cours de 2008 et 2009. Parmi les principales innovations du code, l’introduction du permis à points, le contrôle des infractions via des moyens technologiques, l’alcootest, l’introduction de la notion de conduite professionnelle… L’entrée en vigueur du nouveau code a induit un véritable choc psychologique dans les habitudes de conduite et généré des problèmes de circulation dans les grandes agglomérations. Ainsi, les statistiques du Comité national de prévention des accidents de la circulation montrent une baisse. En effet, le nombre d’accidents évités au cours des deux premiers mois de l’application du code de la route s’élève à 3.858 par rapport à la même période de 2009. En parallèle, 200 vies ont été épargnées entre octobre et novembre 2010.
· FinanceCom/CDG: Méga deal
A côté de l’opération ONA-SNI, le rapprochement entre BMCE Bank et la Caisse de dépôt et de Gestion (CDG) a été l’un des moments forts de l’année boursière 2010. La Caisse est entrée à hauteur de 8% dans le capital de BMCE Bank par acquisition des actions détenues en autocontrôle par la filiale du groupe FinanceCom. Le montant de la transaction s’élève à plus de 3,4 milliards de DH. Le même jour, les deux groupes ont conclu un autre deal portant sur près de 3 milliards de DH. RMA Watanya, la filiale assurances de FinanceCom, acquiert 8% du capital de CGI, la filiale immobilière de la CDG.
Il faut dire que le partenariat entre les deux mastodontes s’est renforcé en moins de deux ans. En août 2009 déjà, les deux groupes s’étaient rapprochés pour acquérir les parts de Telefonica et Portugal Telecom dans Méditel pour un montant de 9 milliards de DH. Othmane Benjelloun, PDG de FinanceCom et Anas Alami, DG de la CDG se retrouveront une nouvelle fois en septembre 2010 pour la cession de 40% de Méditel à l’opérateur français Orange à 8 milliards de DH.
· La mue des télécoms
Jaune, rouge et orange. Un parcours coloré pour Méditel en 2010. L’acquisition de 40% de son capital par France Télécom clôt ainsi ses dix ans d’existence. L’union scellée entre les deux opérateurs télécoms, fin septembre dernier, a rapporté aux actionnaires marocains 640 millions d’euros (environ 7 milliards de DH). FinanceCom et la CDG, ayant revendu chacun 20% de leurs parts, réalisent ainsi une plus value de 120 millions d’euros. Cette opération a permis aussi de soulager les réserves de changes. Chez la concurrence, Maroc Telecom continue sa percée africaine. L’opérateur historique achève l’année en acquérant 51% de Gabon Télécom à 61 millions d’euros. Mais non sans surprise. La masse salariale de Gabon Télécom représentait 65% du chiffre d’affaires de 2007 au lieu des 20% annoncés. Le développement de Maroc Telecom devrait s’accentuer avec la mise en place de son câble de fibre optique vers le Sud. Une liaison de 1.150 km qui entre en service début 2011 et atteindra la Mauritanie. Pays où la filiale de Vivendi est déjà présente via Mauritel. Autre événement-phare en 2010, le report de la cession de 8% des actions de l’Etat dans Maroc Telecom. Reste que le marché compte déjà deux mastodontes français et risque d’en accueillir un 3e. Emirati cette fois-ci. Etisalat veut coûte que coûte mettre un pied au Maroc. D’où les négociations en cours avec Zaïn. Celui-ci détient 31% dans le capital de Wana Corporate qui vient de lancer son offre GSM prépayée.
· Justice: Lourde réforme
PLUS d’un an après l’annonce royale de la réforme, le chantier avance à petits pas. Plusieurs projets de loi sont en discussion au Parlement: tribunaux de commerce, statut des magistrats, observatoire national de la criminalité, procédure civile et pénale… Ce qui ne manque pas d’engendrer aussi des heurts et des blocages. A commencer par les grèves déclenchées depuis novembre 2009 par les greffiers. Les juridictions vont d’ailleurs connaître dès le 4 janvier un nouveau débrayage. La réforme coûte de l’argent: hausse des salaires, nouvelles juridictions, nouveaux postes (1.000)… La vie judiciaire 2010 a été marquée aussi par des procès retentissants. Jaâfar Hassoune, président de la cour d’appel administrative de Marrakech, attaque devant le tribunal administratif le ministre de la Justice. Il a été, aux côtés de Mohamed Amghar, substitut du procureur du Roi au tribunal de 1re instance d’Ifrane, suspendu du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour manquement au devoir de réserve… Affaire qui n’est pas sans rapport avec la réforme de la justice: la recomposition du CSM pour consacrer la séparation des pouvoirs entre exécutif et judiciaire. Ce qui impose une réforme constitutionnelle. Car le ministre de la Justice est également vice-président du Conseil. Difficile aussi de faire l’impasse sur la condamnation à 15 ans par contumace de l’ex-PDG d’Attijariwafa bank. Accusé de complicité de corruption, il a fait appel.
· ONA-SNI: Fusion de géants
LA fusion ONA-SNI aura été, sans aucun doute, l’opération stratégique la plus importante de 2010. Que ce soit à travers la taille des deux holdings ou par leur poids dans l’économie marocaine, cette fusion aura marqué le paysage financier national. Bref rappel des faits: la décision de la fusion se base sur le besoin de dépasser la vocation de groupe multi-métiers au profit de celle d’un holding d’investissement unique exerçant le seul métier d’actionnaire professionnel. La création de cette nouvelle entité devait passer par le retrait de la cote casablancaise du bloc ONA-SNI, formé des valeurs ONA, SNI, Cosumar, Lesieur, Centrale Laitière, Attijariwafa bank, Wafa Assurance, Lafarge Ciments, Sonasid, Managem et SMI. Deux offres publiques de retrait ont, d’ailleurs, été déposées à des cours respectifs de 1.900 DH pour SNI et 1.650 DH pour ONA. Ce retrait, qui a été couronné de succès principalement auprès des particuliers, va conduire à une réduction progressive du périmètre des activités des deux groupe à travers la cession sur le marché boursier du contrôle d’entités les plus matures, au premier rang desquelles Cosumar, Lesieur et l’ensemble Centrale laitière/Bimo/Sotherma. La nouvelle entité, une fois la fusion bouclée, devrait détenir des participations significatives non majoritaires, sauf dans les cas de contrôle conjoint (Lafarge Maroc et Sonasid) et d’incubation de nouveaux projets ou de participations en développement (Wana, Marjane, Onapar, Nareva, Optorg). Le marché attend donc avec impatience le dénouement de cette opération en début d’année.
· Introductions en Bourse: La machine partiellement relancée
Après deux longues années de vaches maigres, la Bourse de Casablanca a retrouvé en 2010 un dynamisme longtemps perdu en raison des effets de la crise internationale qui a altéré la confiance des investisseurs nationaux. A la dynamique positive qu’a connue la place casablancaise au début de 2010, s’ajoutent deux introductions en Bourse. Celle d’Ennakl, le leader du marché de la distribution automobile tunisien et importateur-distributeur des marques Volkswagen, Audi, Seat et Porsche. Le distributeur tunisien qui s’est simultanément introduit sur les places de Tunis et Casablanca (respectivement 30 et 10% de son capital) a emboîté le pas aux entreprises marocaines plus frileuses pour une sortie sur le marché dans une conjoncture incertaine. Cette opération qui est plus symbolique que stratégique aura au moins permis d’ouvrir la porte à d’autres acteurs de la place, notamment Cnia Saada Assurance qui a introduit sur le marché 15% de son capital pour pallier notamment au retrait du fonds d’investissement du prince Al Walid. Face à la forte demande sur le titre, la période de souscription a été clôturée par anticipation au terme du second jour de la période. Suivant la même tendance, la valeur une fois introduite a suscité l’intérêt de la communauté financière avec de forts échanges sur le titre. Dans ce sillage, 2011 promet un cru important d’introductions en Bourse, il n’y a qu’a voir les prétendants.
· Un code pour la route
L’UN des événements-phares de l’année 2010 aura été certainement l’entrée en vigueur du nouveau code de la route. Le texte, qui constitue une mesure structurante, a mis cinq ans avant de connaître son issue. Un retard dû aux multiples mouvements de résistance au changement. La nouvelle réglementation a pour objectif de réduire la sinistralité dans les routes nationales et le réseau autoroutier. Le nombre d’accidents fait, en effet, du Maroc l’un des pays qui enregistrent un taux de sinistralité des plus élevés. Le nombre de morts a d’ailleurs dépassé les 4.000 au cours de 2008 et 2009. Parmi les principales innovations du code, l’introduction du permis à points, le contrôle des infractions via des moyens technologiques, l’alcootest, l’introduction de la notion de conduite professionnelle… L’entrée en vigueur du nouveau code a induit un véritable choc psychologique dans les habitudes de conduite et généré des problèmes de circulation dans les grandes agglomérations. Ainsi, les statistiques du Comité national de prévention des accidents de la circulation montrent une baisse. En effet, le nombre d’accidents évités au cours des deux premiers mois de l’application du code de la route s’élève à 3.858 par rapport à la même période de 2009. En parallèle, 200 vies ont été épargnées entre octobre et novembre 2010.
· FinanceCom/CDG: Méga deal
A côté de l’opération ONA-SNI, le rapprochement entre BMCE Bank et la Caisse de dépôt et de Gestion (CDG) a été l’un des moments forts de l’année boursière 2010. La Caisse est entrée à hauteur de 8% dans le capital de BMCE Bank par acquisition des actions détenues en autocontrôle par la filiale du groupe FinanceCom. Le montant de la transaction s’élève à plus de 3,4 milliards de DH. Le même jour, les deux groupes ont conclu un autre deal portant sur près de 3 milliards de DH. RMA Watanya, la filiale assurances de FinanceCom, acquiert 8% du capital de CGI, la filiale immobilière de la CDG.
Il faut dire que le partenariat entre les deux mastodontes s’est renforcé en moins de deux ans. En août 2009 déjà, les deux groupes s’étaient rapprochés pour acquérir les parts de Telefonica et Portugal Telecom dans Méditel pour un montant de 9 milliards de DH. Othmane Benjelloun, PDG de FinanceCom et Anas Alami, DG de la CDG se retrouveront une nouvelle fois en septembre 2010 pour la cession de 40% de Méditel à l’opérateur français Orange à 8 milliards de DH.
· La mue des télécoms
Jaune, rouge et orange. Un parcours coloré pour Méditel en 2010. L’acquisition de 40% de son capital par France Télécom clôt ainsi ses dix ans d’existence. L’union scellée entre les deux opérateurs télécoms, fin septembre dernier, a rapporté aux actionnaires marocains 640 millions d’euros (environ 7 milliards de DH). FinanceCom et la CDG, ayant revendu chacun 20% de leurs parts, réalisent ainsi une plus value de 120 millions d’euros. Cette opération a permis aussi de soulager les réserves de changes. Chez la concurrence, Maroc Telecom continue sa percée africaine. L’opérateur historique achève l’année en acquérant 51% de Gabon Télécom à 61 millions d’euros. Mais non sans surprise. La masse salariale de Gabon Télécom représentait 65% du chiffre d’affaires de 2007 au lieu des 20% annoncés. Le développement de Maroc Telecom devrait s’accentuer avec la mise en place de son câble de fibre optique vers le Sud. Une liaison de 1.150 km qui entre en service début 2011 et atteindra la Mauritanie. Pays où la filiale de Vivendi est déjà présente via Mauritel. Autre événement-phare en 2010, le report de la cession de 8% des actions de l’Etat dans Maroc Telecom. Reste que le marché compte déjà deux mastodontes français et risque d’en accueillir un 3e. Emirati cette fois-ci. Etisalat veut coûte que coûte mettre un pied au Maroc. D’où les négociations en cours avec Zaïn. Celui-ci détient 31% dans le capital de Wana Corporate qui vient de lancer son offre GSM prépayée.
· Justice: Lourde réforme
PLUS d’un an après l’annonce royale de la réforme, le chantier avance à petits pas. Plusieurs projets de loi sont en discussion au Parlement: tribunaux de commerce, statut des magistrats, observatoire national de la criminalité, procédure civile et pénale… Ce qui ne manque pas d’engendrer aussi des heurts et des blocages. A commencer par les grèves déclenchées depuis novembre 2009 par les greffiers. Les juridictions vont d’ailleurs connaître dès le 4 janvier un nouveau débrayage. La réforme coûte de l’argent: hausse des salaires, nouvelles juridictions, nouveaux postes (1.000)… La vie judiciaire 2010 a été marquée aussi par des procès retentissants. Jaâfar Hassoune, président de la cour d’appel administrative de Marrakech, attaque devant le tribunal administratif le ministre de la Justice. Il a été, aux côtés de Mohamed Amghar, substitut du procureur du Roi au tribunal de 1re instance d’Ifrane, suspendu du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour manquement au devoir de réserve… Affaire qui n’est pas sans rapport avec la réforme de la justice: la recomposition du CSM pour consacrer la séparation des pouvoirs entre exécutif et judiciaire. Ce qui impose une réforme constitutionnelle. Car le ministre de la Justice est également vice-président du Conseil. Difficile aussi de faire l’impasse sur la condamnation à 15 ans par contumace de l’ex-PDG d’Attijariwafa bank. Accusé de complicité de corruption, il a fait appel.
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