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Portrait social du chômeur algérien

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    Selon les enquêtes de l’ONS et du Cread
    Portrait social du chômeur algérien


    Derrière les statistiques qui alimentent les débats sur l’économie algérienne, les chômeurs prennent les traits de jeunes ayant à peine la vingtaine, célibataires, cherchant un emploi depuis plus d’un an – de préférence grâce à des relations personnelles –, ayant déjà exercé des petits métiers, habitant les grandes villes et qui ont, pour certains, le moral en berne.
    C’est ce qui ressort des récentes enquêtes sur l’emploi réalisées par l’Office national des statistiques (ONS) ainsi que des études faites par le Centre de recherche en économie pour le développement (Cread). Portraits.

    - Sans emploi depuis plus d’un an
    Près de deux chômeurs sur trois ont déclaré à l’ONS chercher un emploi depuis un an ou plus (66,2% des hommes et 59,8% des femmes). Cela renvoie, selon l’organisme enquêteur, à la persistance du «chômage structurel». La période de recherche d’emploi varie selon l’âge et le niveau d’instruction. La durée de chômage des jeunes ayant la vingtaine varie de 7 à 12 mois, alors que les 20-24 ans attendent entre 25 et 36 mois. Les chômeurs sans instruction aucune trouvent un emploi au bout de six mois. Les personnes sans emploi ayant le niveau moyen le restent parfois jusqu’à 49 mois.
    Fait curieux, le chômage des hommes touche particulièrement les universitaires (11,5%) et ceux qui ont atteint le cycle moyen (10,5%). Le chômage frapperait beaucoup plus les 16-19 ans alors que près de 20% des 20-24 ans et 16% des 25-29 ans sont en quête d’un emploi. Il existerait, à en croire les chiffres de l’ONS, 793 000 chômeurs dans les villes et 278 000 dans les campagnes.

    - Dans l’attente d’un «piston»
    Pour trouver un emploi en Algérie, les chômeurs jugent primordial d’avoir de solides relations. Les chiffres de l’ONS révèlent que 72% des chômeurs en milieu urbain comptent sur les relations personnelles pour trouver du travail. Le Cread fait le même constat : «Le mode de recherche d’un emploi est un bon indicateur du fonctionnement du marché du travail. Il semble que le mode privilégié soit celui des relations personnelles. Les agences de l’emploi, bien que sollicitées, restent en dernière position», peut-on lire dans le rapport élaboré par le chercheur Mohamed Saïb Musette.

    - Les femmes sévèrement touchées
    Chez les femmes, souligne l’ONS, le taux de chômage augmente au fur et à mesure que s’élève le niveau d’instruction. Le Cread fait observer, à ce propos, que «les tendances globales du chômage indiquent une baisse plus importante chez les hommes que chez les femmes». Si le taux de chômage des hommes accuse une baisse de plus de 10 points, celui des femmes a été réduit de seulement 7%. Même si l’effectif de femmes actives a dépassé le cap du million, le taux d’activité féminine reste encore bas.
    Les jeunes filles sont plus actives que les femmes plus âgées, selon les données des enquêtes main-d’œuvre. Le taux d’activité est plus élevé dans la tranche 25-29 ans, avec un maintien en activité jusqu’à l’âge de 45 ans. D’après l’enquête réalisée par l’ONS au 4e trimestre 2010, le taux de chômage s’établit à 8,1% chez les hommes et 19,1% chez les femmes.
    L’organisme de statistiques précise que c’est le niveau d’instruction et l’obtention de diplômes, notamment universitaires, qui semblent constituer «les éléments les plus déterminants» pour l’insertion de la femme dans le marché du travail.

    - Un diplôme ne suffit pas
    Le diplôme universitaire n’est pas forcément le sésame permettant d’ouvrir les portes du marché du travail. Au 4e trimestre 2010, le chômage touchait davantage les universitaires, particulièrement les diplômés avec 21,4% (11,1% chez les hommes et 33,6% chez les femmes), alors que le taux parmi la population n’ayant aucun diplôme est estimé à 7,3%. Une étude réalisée par Djamel Ferroukhi, chercheur au Cread, montre que l’insertion des diplômés de l’enseignement supérieur atteste un parcours de plus en plus difficile, notamment pour les filières de sciences humaines.
    «Et lorsqu’on sait que le nombre d’inscrits auprès des universités algériennes dépasse le million d’étudiants, l’absorption des sortants serait l’une des problématiques les plus inquiétantes pour les années à venir», est-il expliqué. L’enseignement supérieur produit actuellement 120 000 universitaires chaque année. Ce chiffre atteindra, selon la projection des experts, 330 000 en 2024.

    - Travailleurs mis à la porte
    La part des chômeurs ayant déjà occupé un emploi est constituée en majorité des 25/29 ans habitant en milieu rural. Les personnes ayant perdu leur emploi occupaient, pour la majorité, des postes non permanents ; 1,7% étaient à la tête d’une entreprise et 8% avaient le statut de salariés permanents.
    Les secteurs d’activité des personnes licenciées sont le reflet de la politique économique algérienne.
    Les métiers les plus touchés par les pertes d’emploi sont les personnels de services directs aux particuliers : commerçants et vendeurs (21,5%), les professions élémentaires (21,8%) ainsi que les métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat (16,5%). L’enquête de l’ONS révèle ainsi que 6,3% des chômeurs ont perdu un emploi dans le secteur de l’agriculture, 15,9% (à savoir 12 000 employés du secteur public) ont été licenciés de l’industrie, 21,2% se sont retrouvés chômeurs après avoir travaillé dans le bâtiment et les travaux publics et 56,6% (dont une part non négligeable de 79% du secteur public) ont été renvoyés des filières du commerce et des services.

    Les employeurs et les indépendants qui se retrouvent aujourd’hui au chômage ont exercé, pour la plupart, dans le commerce et les services. Les raisons principales des pertes d’emploi ces cinq dernières années sont liées à la fin du contrat (30,2%), aux départs volontaires ou démissions (16,2%) ainsi qu’aux licenciements individuels ou collectifs (10,6%).
    Au total, les chômeurs ayant déjà travaillé dans le passé sont estimés à 417 000, soit 38,7% de la population au chômage (313 000 hommes et 104 000 femmes).
    Il s’agit d’une frange caractérisée par son jeune âge, puisque 68,5% sont âgés de 20 à 34 ans. Quelque 80,4% travaillaient comme salariés non permanents (67,7% dans le secteur privé) et 38,5% ont perdu leur emploi depuis moins d’une année.

    - Un job à n’importe quel prix
    L’écrasante majorité des chômeurs algériens semblent motivés et prêts à travailler quelles que soient les contraintes : 85% d’entre eux se disent prêts à retrousser les manches, y compris pour un travail inférieur à leurs aptitudes professionnelles ; 69% accepteraient un travail mal rémunéré et 71,6% consentiraient à aller dans une autre wilaya.

    - Chômeurs désabusés
    L’infime partie des personnes «découragées» est constituée de jeunes âgés entre 16 et 34 ans ayant le niveau moyen et résidant en ville. Pas moins de 782 000 personnes en âge d’activité économique (16-59 ans) ont déclaré «ne pas avoir effectué de démarches pour chercher un emploi» car elles estiment ne pas avoir de formation adéquate ou d’expérience professionnelle et 530 000 évoquent comme raison de non-recherche effective de travail le fait de «ne pas avoir réussi à en trouver par le passé».
    Ainsi, ce sont 1 312 000 personnes en âge d’activité économique (382 000 hommes et 930 000 femmes) qui se situent dans ce que les chercheurs de l’ONS appellent le «halo du chômage». «Cette catégorie de population, révèle l’enquête, retirée du marché de travail, est caractérisée par sa jeunesse : 48,2% n’ont pas atteint 25 ans et 84% sont âgés de moins de 35 ans.»
    El Watan
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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