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Algérie, Tunisie : les raisons économiques de la colère

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    Algérie, Tunisie : les raisons économiques de la colère

    Envolée des prix de l'alimentaire, chômage éternellement élevé, jeunesse qualifiée sans débouchées… la croissance, qui repart malgré tout, ne profite qu'à une minorité.

    Depuis quelques jours, le sud de la méditerranée s'embrase. La Tunisie fait face à une révolte sociale spontanée et l'Algérie connaît des émeutes du pain avec la flambée des prix de l'alimentaire. Les prix du sucre, de la farine et des céréales ont bondi de 20 à 30%. Le kilo de sucre qui valait 70 dinars il y a peu (72 centimes), s'achète aujourd'hui 150 dinars (1,50 euro) quand un camionneur gagne environ 800 dinars par jour (8,40 euros).

    Ces deux mouvements prennent racine dans un terreau de très fortes inégalités sociales, et malgré une conjoncture économique qui se redresse après la crise. La Tunisie et l'Algérie devraient connaître une croissance de 3,8% en 2010, et de respectivement 4,8% et 4% en 2011, selon le Fonds monétaire international. Le pays de Zine el-Abidine Ben Ali profite de son ouverture vers l'extérieur et du retour des échanges commerciaux internationaux. Celui du président Abdelaziz Bouteflika tire parti de la hausse du prix du pétrole dont il dépend très fortement.


    Pétrole et chômage

    «C'est bien là le paradoxe: l'Algérie bénéficie d'une rente pétrolière mais elle connaît des émeutes de la faim», dénonce Sion Assidon, membre du conseil d'administration de Transparency international, ONG luttant contre la corruption. Tunisie et Algérie souffrent l'un comme l'autre d'un chômage endémique. Chez le premier, il atteint 13,3%, et beaucoup plus parmi les jeunes diplômés, note le FMI dans un rapport. En Algérie, le taux de chômage s'établirait à 10%. Mais il ne faut pas s'y fier. «Dur de croire aux chiffres, les statistiques sont biaisées par les dirigeants», estime Mokhtar Lakehal, économiste à Sciences Po Paris.

    Des mesures ont pourtant été prises à la sortie de la crise. Le gouvernement algérien a augmenté les fonctionnaires de 30% en 2010. Un pompier gagne aux alentours de 14.175 dinars par mois, soit 148 euros (chiffres 2008 de l'Organisation internationale du travail). Il a mis en place un plan quinquennal centré sur le développement des infrastructures et l'emploi doté de 286 milliards de dollars.

    Financée par les exportations d'hydrocarbures, «cette somme représente 180% du produit intérieur brut (PIB), même si une partie provient de crédits non dépensés du programme précédent», commente Jésus Castillo, économiste chez Natixis. Reste que l'économie algérienne n'est pas assez diversifiée. Elle ne peut pas offrir les emplois en nombre suffisant à sa jeunesse toujours plus nombreuse (sa population croît encore). Pire, le plan pourrait plus profiter aux entreprises étrangères qui n'emploient que peu de locaux.


    Émigration bloquée

    Avant la crise, la Tunisie et l'Algérie bénéficiaient de deux «soupapes». L'une est toujours là : l'économie informelle. L'activité qui échappe aux taxes représenterait entre 40 et 60% du PIB. La deuxième échappatoire, l'émigration, a en revanche disparu. «Depuis quelques années, l'Europe a fermé ses frontières aux jeunes maghrébins et les pays du Golfe ont fait de même depuis deux ou trois ans», observe Mokhtar Lakehal. En outre, «on observe une captation de l'Etat par une famille en Tunisie, et par une minorité proche du pouvoir en Algérie qui détournent les ressources à leurs profits», décrit Sion Assidon.

    Les révoltes de ces derniers jours changeront-elles a donne ? «La levée de boucliers de la part des avocats tunisiens signifie que le modèle Ben Ali, qui promouvait un minimum la classe moyenne, est en train d'échouer», veut croire Sion Assidon. Mokhtar Lakehal est plus pessimiste : «ce sont des épiphénomènes. Les manifestants seront matraqués, les meneurs arrêtés, et dans un mois les gens retourneront à leurs occupations. Mais la marmite continuera de bouillir.»
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2...-la-colere.php
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