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Face aux émeutes généralisées, le Palais réagit enfin
et promet : «Le projet de la…
… Grande Mosquée d’Alger
sera terminé à temps ! »
– Allez la fénéasse ! Debout ! On a du boulot pour toi !
– Bonjour Sidi ! Quoi ? Que se passe-t-il ?
— Faut qu’on te sorte et qu’on t’agite en urgence.
— Sidi, vous n’êtes pas sérieux, j’espère ?
– Ya pas plus sérieux que moi. Vu ce qui se passe dehors, c’est une mission pour toi ma chérie !
— Sauf votre respect, Sidi, j’espère que vous ne croyez pas que le seul fait de m’agiter sous leur nez va calmer ces centaines de milliers d’émeutiers, et ces millions de désespérés ?
— Dis-donc, la main, depuis quand tu fais des analyses, toi ? On t’a demandé de te bouger, de te dégourdir les doigts, tu t’exécutes, point barre !
— Sidi, je ne suis peut-être qu’une main, mais ça ne m’empêche pas d’avoir un cerveau. Et là, Sidi, je ne crois pas qu’une petite main, même peinte aux couleurs étrangères, va calmer les choses.
C’est le pays tout entier qui brûle.
—Voilà le problème avec des mains qui commencent à réfléchir ! Elles en oublient leur boulot, être agitées à tout bout de champ brûlé. De toute façon, sur ce coup-là, tu ne seras pas seule, on va t’adjoindre d’autres auxiliaires qui vont te donner un coup de main, si j’ose dire !
— Je peux savoir qui, Sidi ?
— Des bateaux !
— Des bateaux, Sidi ? Je ne comprends pas !
— Bien sûr que tu ne peux pas comprendre, t’es qu’une main ! Figure-toi que dans quelques jours, une semaine tout au plus, des bateaux, une flotte de bateaux chargés de sucre, d’huile et autres denrées vont déverser leurs cargaisons dans les ports du pays. Nous allons inonder l’Algérie de sucre, de semoule, de farine, le tout arrosé d’huile que nous allons refourguer à prix cassé.
— Et vous pensez, Sidi, que ça va calmer les choses, arranger la situation ?
— De toutes les façons, nous n’avons plus le choix ! Si avec toi, la main, et avec les bateaux, ça ne marche pas, nous devrons adopter des mesures extrêmes.
— Quelles mesures, Sidi ?
— Décréter l’état d’urgence !
— M’enfin, Sidi ! Nous sommes déjà sous état d’urgence. Ça fera 19 ans d’état d’urgence le 9 février prochain. Et ça fait bien plus de 19 ans, Sidi, que nous fumons du thé pour rester éveillés à ce cauchemar qui continue.
Par Hakim Laâlam
et promet : «Le projet de la…
… Grande Mosquée d’Alger
sera terminé à temps ! »
– Allez la fénéasse ! Debout ! On a du boulot pour toi !
– Bonjour Sidi ! Quoi ? Que se passe-t-il ?
— Faut qu’on te sorte et qu’on t’agite en urgence.
— Sidi, vous n’êtes pas sérieux, j’espère ?
– Ya pas plus sérieux que moi. Vu ce qui se passe dehors, c’est une mission pour toi ma chérie !
— Sauf votre respect, Sidi, j’espère que vous ne croyez pas que le seul fait de m’agiter sous leur nez va calmer ces centaines de milliers d’émeutiers, et ces millions de désespérés ?
— Dis-donc, la main, depuis quand tu fais des analyses, toi ? On t’a demandé de te bouger, de te dégourdir les doigts, tu t’exécutes, point barre !
— Sidi, je ne suis peut-être qu’une main, mais ça ne m’empêche pas d’avoir un cerveau. Et là, Sidi, je ne crois pas qu’une petite main, même peinte aux couleurs étrangères, va calmer les choses.
C’est le pays tout entier qui brûle.
—Voilà le problème avec des mains qui commencent à réfléchir ! Elles en oublient leur boulot, être agitées à tout bout de champ brûlé. De toute façon, sur ce coup-là, tu ne seras pas seule, on va t’adjoindre d’autres auxiliaires qui vont te donner un coup de main, si j’ose dire !
— Je peux savoir qui, Sidi ?
— Des bateaux !
— Des bateaux, Sidi ? Je ne comprends pas !
— Bien sûr que tu ne peux pas comprendre, t’es qu’une main ! Figure-toi que dans quelques jours, une semaine tout au plus, des bateaux, une flotte de bateaux chargés de sucre, d’huile et autres denrées vont déverser leurs cargaisons dans les ports du pays. Nous allons inonder l’Algérie de sucre, de semoule, de farine, le tout arrosé d’huile que nous allons refourguer à prix cassé.
— Et vous pensez, Sidi, que ça va calmer les choses, arranger la situation ?
— De toutes les façons, nous n’avons plus le choix ! Si avec toi, la main, et avec les bateaux, ça ne marche pas, nous devrons adopter des mesures extrêmes.
— Quelles mesures, Sidi ?
— Décréter l’état d’urgence !
— M’enfin, Sidi ! Nous sommes déjà sous état d’urgence. Ça fera 19 ans d’état d’urgence le 9 février prochain. Et ça fait bien plus de 19 ans, Sidi, que nous fumons du thé pour rester éveillés à ce cauchemar qui continue.
Par Hakim Laâlam