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Les raisons de la crise en Algérie

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    Hausse des prix des produits de base - Les raisons de la crise


    Il aura fallu que la rue gronde, que la jeunesse crie son ras-le-bol, pour que l'on daigne se pencher sur le mal-vivre qui empoisonne chaque jour un peu plus la vie des citoyens. Si les récentes émeutes ont été attribuées à la nouvelle hausse des prix des produits de base, on ne doit pas oublier que l'inflation galopante, alimentée par les spéculateurs de tous bords, rogne chaque jour un peu plus le pouvoir d'achat des ménages algériens. Pour faire face à la spéculation, les pouvoirs publics ont mis en place une série de mesures en amont, codifiées dans le cadre de la nouvelle loi sur la concurrence, destinées à nettoyer la sphère commerciale et à mettre un terme à l'économie de bazar.

    Néanmoins, les mécanismes de contrôle en aval faisant défaut, les commerçants, ayant mal accueilli cette nouvelle façon de concevoir le commerce, n'ont pas trouvé mieux que d'augmenter les prix de manière démesurée et unilatérale, histoire de racler le fond des petites bourses et d'acculer les pouvoirs publics qui, d'ailleurs, ont dû, dans l'urgence, céder au chantage et surseoir à l'application de la loi.

    La culture de l'informel et du non-droit est érigée en système qui s'est bien installé tel un cancer et la résistance au changement se fait des plus violentes. La revendication, même illicite, est devenue de fait légitime. Certains observateurs prédisaient que tous les ingrédients favorables à l'implosion sociale étaient réunis.

    Le sociologue Nacer Djabi nous a confié que "s'il est difficile de prévoir la genèse et l'évolution des mouvements sociaux, les émeutes qui ont touché différentes villes du pays peuvent trouver une explication dans des facteurs économiques et politiques".

    Plus explicite, le sociologue estime que "les facteurs économiques ayant conduit à la crise sont connus et se rattachent à des revendications sociales comme le logement, le chômage ou la mal-vie". Mais, il ne faut pas, selon lui, "ignorer les facteurs politiques comme le marasme politique actuel et l'absence de canaux de dialogue". Plus acerbe, pour sa part, l'économiste Abderrahmane Mebtoul remet en cause toute la politique économique adoptée par le gouvernement, estimant qu'"il faut démocratiser la décision économique". Il a ainsi indiqué que le gouvernement n'a pris jusqu'à présent que "des mesures à court terme et inopérables".

    Il a plaidé en faveur d'une refonte totale du système économique en place susceptible de favoriser l'émergence d'une production nationale et enfin passer à une vérité des prix. Il s'agit aussi, selon lui, "d'éradiquer la sphère informelle qui gère 50% de l'économie nationale, afin de mettre un terme à la spéculation , la fraude fiscale et la circulation de la fausse monnaie".

    Pour cela, il faudra, selon l'économiste, "réinstaurer la confiance entre le citoyen et les institutions de l'Etat", à commencer par les "établissements financiers, dont dépend l'opérabilité de la décision d'imposer le chèque pour toutes les transactions dépassant les 500 000 DA", par exemple.
    Expliquant la récente flambée des prix des produits de base et l'inflation qui demeure structurelle à notre économie, le Dr Abderrahmane Mebtoul les impute à quatre facteurs. Il s'agit, en premier, lieu de la non proportionnalité de la dépense publique et des résultats qui en découlent.

    L'expert expliquera que l'Algérie a injecté près de 400 milliards de dollars pour des programmes d'équipements publics pour obtenir une croissance ne dépassant guère les 3 %. "Une loi économique indique qu'une injection massive de monnaie, alliée à une faible croissance conduit certainement à l'inflation", nous a-t-il confié. La seconde raison a trait à la politique salariale qui est, selon lui, "incohérente" et qui s'apparente plus à "une distribution de la rente".

    Il a rappelé dans ce sens que selon un récent rapport de l'OCDE, la productivité de l'Algérie est la plus faible du Bassin méditerranéen. L'économiste a également mis en avant la prédominance de la sphère informelle, considérant que les récentes mesures prises par le gouvernement concernant l'usage du chèque et la limitation de la validité du registre de commerce à 2 années comme "non réalistes et inopérables". Enfin, le Dr Abderrahmane Mebtoul considère que l'inflation est structurelle et non importée, vu qu'en 2009, lorsque les prix ont baissé sur les marchés internationaux, cela n'a pas été répercuté sur les produits commercialisés en Algérie. Dans ce sens, il a recommandé de "détaxer les produits de première nécessité".


    Samira G.
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