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Les quatre raisons de l’inflation algérienne

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  • Les quatre raisons de l’inflation algérienne

    La hausse des prix importante des derniers mois est considérée comme une des raisons les plus directes à la transformation du malaise latent en émeutes urbaines. Le professeur Abderrahmane Mebtoul va dans cet article au-delà des péripéties de la tentative d’encadrer la commercialisation du sucre et de l’huile, désignée trop hâtivement comme principale cause du dérapage de ces derniers jours. Il voit quatre raisons a l’inflation en Algérie, et les exposent de sa plume.

    La première raison de l’inflation est la non proportionnalité entre la dépense publique et les impacts économiques et sociaux : 200 milliards de dollars annoncés entre 2004/2009 ( pas de bilan à ce jour) et 286 milliards de dollars (Mds) entre 2010/2014 dont 130 Mds de restes à réaliser des projets de 2004//2009 pour un taux de croissance ne dépassant pas 2/3 % moyenne 2004/2010 (donc plus de 400 milliards de dollars soit presque le programme de relance US et chinois). Cela a, évidemment, un impact autant sur le taux d’inflation que sur le taux de chômage réel qui sont largement supérieurs au taux officiels. Une récente étude de l’OCDE montre clairement, parmi certains pays du pourtour méditerranéen, que l’Algérie dépense deux fois plus pour deux fois moins de résultats : projets mal ciblés, les infrastructures ne constituant qu’un moyen, une gouvernance mitigée, l’entreprise et le savoir dévalorisés, mauvaise gestion et surtout la corruption qui s’est socialisée.

    2. La deuxième raison, liée à la première, est la faiblesse d’une politique salariale cohérente privilégiant les créateurs de valeur ajoutée, le travail et l’intelligence au profit d’emplois rente ce qui fait que la productivité globale est une des plus faible au niveau de la région. Pour preuve le ratio masse salariale sur le PIB pour 2009/2010 est inférieur à 20% contre plus de 45% à la fin des années 1976/1979 contre une moyenne mondiale supérieure à 60% démontrant que les augmentations de salaires pour les secteurs à valeur ajoutée (inclus la santé et l’enseignement) ne sont pas la cause essentielle de l’inflation mais que celle-ci réside plus dans les emplois improductifs.

    3.-La troisième raison est l’extension de la sphère informelle qui contrôle quatre segments celui des fruits et légumes, de la viande rouge et blanche ; du poisson et du textile /cuir, ce dernier à travers les importations de valises avec plus de 40% de la masse monétaire en circulation. L’allongement des circuits de commercialisation à travers leur désorganisation entre le producteur et le consommateur favorise les rentes de monopoles. Ce qui fait que le chèque obligatoire (qui vient implicitement d’être abrogé) pour toute transaction supérieure à 500.000 dinars et le contrôle des prix sur essentiellement le détaillant sont – ou seront - de peu d’efficacité, car ils ne s’attaquent pas à l’essence à des phénomènes. C’est que la sphère informelle favorisant les actions spéculatives est le produit de la bureaucratie et des dysfonctionnements des appareils de l’Etat nourrissent des liens dialectiques entre la sphère informelle et la logique rentière. Il en résulte l’absence d’une régulation produit d’une incohérence et du manque de visibilité dans la politique économique et sociale et en cas de remous sociaux, une mentalité bureaucratique qui laissent croire que des lois et des commissions résoudront les problèmes.


    4. La quatrième raison est l’inflation importée. Mais la question qui se pose est de savoir pourquoi lorsque le taux d’inflation mondial allait vers zéro en 2009 cela n’a profité ni aux producteurs ni aux consommateurs algériens. Le dérapage à la baisse du dinar, a gonflé artificiellement les recettes fiscales (voilant l’importance du déficit budgétaire). Le fonds de régulation des recettes calculés en dinars algériens, les taxes exorbitantes au niveau des douanes qui s’appliquent à un dinar dévalué pour entretenir notamment les couches rentières ont largement contribué à la hausse des prix. Cela renvoie à une économie totalement rentière où 98% des exportations sont le fait d’hydrocarbures et 75% des importations (équipement, matières premières où plus de 80% des entreprises privées et publiques fonctionnent avec des inputs importés) et les biens finaux représentent entre 2009/2010 environ 70/75% de nos besoins.

    Maghreb Emergent


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