Bonjour,
En parcourant le forum hier j'ai été surpris de voir les délinquants qui se sont adonnés aux saccages, être présentés comme des sortes de héros populaires dont les actes seraient soutenus, silencieusement, par les citoyens...Il m'a même semblé lire un forumiste les présenter comme étant des sortes de figures christiques "lavant nos lâchetés" (je paraphrase).
Outre le fait que ce "mouvement" semble être une révolte sans réelle centralité revendicative et qu'il soit très marqué générationnellement (on parle de jeunes qui sont pour la plupart mineurs), sexuellement (des hommes) et professionnellement (peu d'actifs) à tel point qu'il serait inconséquent de prétendre qu'il est représentatif de la population algérienne; l'on me rapporte quotidiennement des récits selon lesquelles la population se seraient mobilisées, parfois de façon très musclée, pour protéger les biens, voire même les services de sécurité, comme à Bab Ezzouar où le commissariat n'a dû son salut qu'à l'intervention des riverains. Je n'ai pas voulu rapporter ces dizaines d'histoires car il n'y avait aucun moyen de les étayer; voilà donc chose faite dans un article paru dans le journal Le Monde :
En parcourant le forum hier j'ai été surpris de voir les délinquants qui se sont adonnés aux saccages, être présentés comme des sortes de héros populaires dont les actes seraient soutenus, silencieusement, par les citoyens...Il m'a même semblé lire un forumiste les présenter comme étant des sortes de figures christiques "lavant nos lâchetés" (je paraphrase).
Outre le fait que ce "mouvement" semble être une révolte sans réelle centralité revendicative et qu'il soit très marqué générationnellement (on parle de jeunes qui sont pour la plupart mineurs), sexuellement (des hommes) et professionnellement (peu d'actifs) à tel point qu'il serait inconséquent de prétendre qu'il est représentatif de la population algérienne; l'on me rapporte quotidiennement des récits selon lesquelles la population se seraient mobilisées, parfois de façon très musclée, pour protéger les biens, voire même les services de sécurité, comme à Bab Ezzouar où le commissariat n'a dû son salut qu'à l'intervention des riverains. Je n'ai pas voulu rapporter ces dizaines d'histoires car il n'y avait aucun moyen de les étayer; voilà donc chose faite dans un article paru dans le journal Le Monde :
A Alger, les jeunes des banlieues à l'assaut des quartiers de la capitale
Un adolescent a été tué par balle à M'sila, dans l'est du pays, lors des violences autour des bâtiments publics
REPORTAGE
Ne vous fiez pas aux apparences, la matinée ils se reposent, le soir ils s'échauffent, et la nuit ils mettent le feu ", explique le taxi sur le qui-vive dans la capitale. " Ils ", ce sont ces jeunes, âgés de 15 à 20 ans pour la plupart, qui plongent depuis plusieurs jours l'Algérie dans l'émeute et s'en prennent avec une rage extraordinaire aux édifices publics comme privés.
La matinée du vendredi 7 janvier avait effectivement été très calme, laissant même croire que le reflux avait commencé. Les craintes de voir les islamistes récupérer le mouvement à la faveur de la prière du vendredi s'avéraient sans fondement.
A la petite mosquée des Bananiers, à l'est d'Alger, et comme pratiquement tous ses pairs dans le pays, l'imam avait été ferme dans la dénonciation des casseurs, même s'il avait évoqué " l'impératif de justice " comme antidote. Son message s'adressait surtout aux parents. " Les émeutiers de 2011 ne sont pas des enfants de la mosquée, ce sont les enfants du rien ", confirmait Tayeb, un professeur d'éducation physique.
Le taxi n'avait pas tort. Vers 16 heures, le calme qui prévalait jusqu'alors est rompu. Des jeunes en tenue de sport et souvent encagoulés - les policiers filment les émeutiers - arrivent de la zone des logements sociaux du quartier des Bananiers vers les grandes tours, où des Algériens de la classe moyenne ont acquis de beaux appartements dans le cadre de la location-vente. Des propriétaires qui paraissent aux jeunes du " Social " et des bidonvilles environnants comme appartenant à un autre monde.
Tayeb, l'enseignant, qui se sent plutôt dans " l'opposition ", dit avoir ressenti une " sorte de haine de classe " chez ces jeunes qui considèrent tous ceux qui possèdent un logement ou une voiture comme appartenant à l'autre camp. " Le pire est que ces jeunes n'ont rien à dire, ils n'ont aucun discours, c'est vide. Mais l'Etat non plus n'a pas grand-chose à leur dire ", ajoute-t-il en montrant d'un geste inconscient la télévision.
Du dixième étage, où se trouve l'appartement de Tayeb, on pouvait voir ces jeunes se préparer à leur nouvelle journée de " guerre ". Ils s'installent à la passerelle pour piétons, sans fébrilité, avec leurs stocks de pierres, prêts à en découdre. Cela ne tarde pas. Une voiture de police blindée, surnommée la " botte " en raison de sa forme, passe. Une pluie de pierres s'abat sur elle. Très calmes, les policiers s'arrêtent plus loin, traversent la route, lancent des gaz lacrymogènes. La dispersion se fait, les jeunes s'égayent et se réunissent plus loin.
Ici, aux Bananiers, c'est le siège de l'Inspection du travail, l'unique administration publique du quartier, qui semble leur objectif. A quelques kilomètres plus à l'est, dans la ville côtière de Bordj Al-Kiffan (l'ex-Fort-de-l'Eau), la cassure entre les jeunes de la banlieue et les gens de la ville est nette. Les gens de Bordj Al-Kiffan, dont l'artère principale est bouleversée par le chantier du tramway, ont décidé de protéger leur ville et de suppléer aux forces de l'ordre débordées.
La " menace " pour les habitants vient des bidonvilles de Beni Mered et de Bateau-Cassé à l'est, du quartier " social " des Bananiers à l'ouest. Ce vendredi, la ville encerclée par l'émeute méritait bien son nom de " Fort ". Des jeunes de 25 à 35 ans, bien plus âgés que les émeutiers, vivent au rythme des rumeurs sur les mouvements de " l'ennemi ". " Pas question de les laisser détruire la poste ou les écoles, c'est nous qui les perdrons, ce n'est pas le pouvoir. - Le président - Bouteflika n'a pas besoin d'aller à la poste ", explique un des gardiens improvisés de la ville.
Quelques minutes plus tard, les habitants arrivent à temps pour empêcher des émeutiers de mettre à sac le Bazar, un vaste centre commercial appartenant à un privé. Les émeutiers organisent le siège de la ville. Ils s'en prennent aux voitures de passage et aux commerces, qu'ils pillent.
La route menant de l'aéroport vers Bordj Al-Kiffan et Ain Taya est fermée. Sur les ponts, des jeunes caillassent tout ce qui passe. En silence souvent. En saluant parfois l'équipe locale de football, celle d'Al-Harrach. Deux cents mètres plus loin, des éléments de la police antiémeutes s'abritent derrière des véhicules blindés et lancent des tirs de gaz lacrymogènes.
Contrairement aux émeutes d'octobre 1988 qui reviennent dans les esprits (près de 500 morts), les forces de sécurité agissent avec prudence et font tout pour éviter des pertes en vies humaines.
En début de soirée, des émeutiers parviennent à pénétrer dans la ville par le nord-est. Un face-à-face tendu s'installe avec les habitants qui ont prêté main-forte aux policiers. Les insultes fusent : " R'Khasse, vils, vous ne valez pas chers, lécheurs de bottes de l'Etat ! " Ils sont néanmoins repoussés et renvoyés vers la périphérie. Un policier a été blessé à la tête au cours de la confrontation.
Bordj Al-Kiffan a évité la casse ce vendredi. Dans d'autres quartiers de la capitale, le même réflexe de protection des édifices publics prévaut. A Diar Al-Djemaa, près d'Al-Harrach, une bagarre a eu lieu entre les habitants qui ont décidé de défendre leur bureau de poste. Aux Bananiers, le siège de l'Inspection du travail est finalement tombé. Il a été pillé.
A M'sila, dans l'est du pays, on a enregistré vendredi le premier mort, par balle, depuis le début des émeutes. Lebza Azzedine était âgé de 18 ans. Il est décédé dans l'assaut des émeutiers contre les sièges de la mairie et de la sous-préfecture d'Ain Lahdjal.
Un adolescent a été tué par balle à M'sila, dans l'est du pays, lors des violences autour des bâtiments publics
REPORTAGE
Ne vous fiez pas aux apparences, la matinée ils se reposent, le soir ils s'échauffent, et la nuit ils mettent le feu ", explique le taxi sur le qui-vive dans la capitale. " Ils ", ce sont ces jeunes, âgés de 15 à 20 ans pour la plupart, qui plongent depuis plusieurs jours l'Algérie dans l'émeute et s'en prennent avec une rage extraordinaire aux édifices publics comme privés.
La matinée du vendredi 7 janvier avait effectivement été très calme, laissant même croire que le reflux avait commencé. Les craintes de voir les islamistes récupérer le mouvement à la faveur de la prière du vendredi s'avéraient sans fondement.
A la petite mosquée des Bananiers, à l'est d'Alger, et comme pratiquement tous ses pairs dans le pays, l'imam avait été ferme dans la dénonciation des casseurs, même s'il avait évoqué " l'impératif de justice " comme antidote. Son message s'adressait surtout aux parents. " Les émeutiers de 2011 ne sont pas des enfants de la mosquée, ce sont les enfants du rien ", confirmait Tayeb, un professeur d'éducation physique.
Le taxi n'avait pas tort. Vers 16 heures, le calme qui prévalait jusqu'alors est rompu. Des jeunes en tenue de sport et souvent encagoulés - les policiers filment les émeutiers - arrivent de la zone des logements sociaux du quartier des Bananiers vers les grandes tours, où des Algériens de la classe moyenne ont acquis de beaux appartements dans le cadre de la location-vente. Des propriétaires qui paraissent aux jeunes du " Social " et des bidonvilles environnants comme appartenant à un autre monde.
Tayeb, l'enseignant, qui se sent plutôt dans " l'opposition ", dit avoir ressenti une " sorte de haine de classe " chez ces jeunes qui considèrent tous ceux qui possèdent un logement ou une voiture comme appartenant à l'autre camp. " Le pire est que ces jeunes n'ont rien à dire, ils n'ont aucun discours, c'est vide. Mais l'Etat non plus n'a pas grand-chose à leur dire ", ajoute-t-il en montrant d'un geste inconscient la télévision.
Du dixième étage, où se trouve l'appartement de Tayeb, on pouvait voir ces jeunes se préparer à leur nouvelle journée de " guerre ". Ils s'installent à la passerelle pour piétons, sans fébrilité, avec leurs stocks de pierres, prêts à en découdre. Cela ne tarde pas. Une voiture de police blindée, surnommée la " botte " en raison de sa forme, passe. Une pluie de pierres s'abat sur elle. Très calmes, les policiers s'arrêtent plus loin, traversent la route, lancent des gaz lacrymogènes. La dispersion se fait, les jeunes s'égayent et se réunissent plus loin.
Ici, aux Bananiers, c'est le siège de l'Inspection du travail, l'unique administration publique du quartier, qui semble leur objectif. A quelques kilomètres plus à l'est, dans la ville côtière de Bordj Al-Kiffan (l'ex-Fort-de-l'Eau), la cassure entre les jeunes de la banlieue et les gens de la ville est nette. Les gens de Bordj Al-Kiffan, dont l'artère principale est bouleversée par le chantier du tramway, ont décidé de protéger leur ville et de suppléer aux forces de l'ordre débordées.
La " menace " pour les habitants vient des bidonvilles de Beni Mered et de Bateau-Cassé à l'est, du quartier " social " des Bananiers à l'ouest. Ce vendredi, la ville encerclée par l'émeute méritait bien son nom de " Fort ". Des jeunes de 25 à 35 ans, bien plus âgés que les émeutiers, vivent au rythme des rumeurs sur les mouvements de " l'ennemi ". " Pas question de les laisser détruire la poste ou les écoles, c'est nous qui les perdrons, ce n'est pas le pouvoir. - Le président - Bouteflika n'a pas besoin d'aller à la poste ", explique un des gardiens improvisés de la ville.
Quelques minutes plus tard, les habitants arrivent à temps pour empêcher des émeutiers de mettre à sac le Bazar, un vaste centre commercial appartenant à un privé. Les émeutiers organisent le siège de la ville. Ils s'en prennent aux voitures de passage et aux commerces, qu'ils pillent.
La route menant de l'aéroport vers Bordj Al-Kiffan et Ain Taya est fermée. Sur les ponts, des jeunes caillassent tout ce qui passe. En silence souvent. En saluant parfois l'équipe locale de football, celle d'Al-Harrach. Deux cents mètres plus loin, des éléments de la police antiémeutes s'abritent derrière des véhicules blindés et lancent des tirs de gaz lacrymogènes.
Contrairement aux émeutes d'octobre 1988 qui reviennent dans les esprits (près de 500 morts), les forces de sécurité agissent avec prudence et font tout pour éviter des pertes en vies humaines.
En début de soirée, des émeutiers parviennent à pénétrer dans la ville par le nord-est. Un face-à-face tendu s'installe avec les habitants qui ont prêté main-forte aux policiers. Les insultes fusent : " R'Khasse, vils, vous ne valez pas chers, lécheurs de bottes de l'Etat ! " Ils sont néanmoins repoussés et renvoyés vers la périphérie. Un policier a été blessé à la tête au cours de la confrontation.
Bordj Al-Kiffan a évité la casse ce vendredi. Dans d'autres quartiers de la capitale, le même réflexe de protection des édifices publics prévaut. A Diar Al-Djemaa, près d'Al-Harrach, une bagarre a eu lieu entre les habitants qui ont décidé de défendre leur bureau de poste. Aux Bananiers, le siège de l'Inspection du travail est finalement tombé. Il a été pillé.
A M'sila, dans l'est du pays, on a enregistré vendredi le premier mort, par balle, depuis le début des émeutes. Lebza Azzedine était âgé de 18 ans. Il est décédé dans l'assaut des émeutiers contre les sièges de la mairie et de la sous-préfecture d'Ain Lahdjal.
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