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Ingrédients pour chair à canon
En s’attaquant à la corruption et aux barons de la drogue, de la contrebande et du marché parallèle, il était évident que cela n’allait pas se passer sans grabuge. Après avoir trop longtemps laissé s’enraciner le vice et permis à l’argent sale de circuler et de se fructifier, l’Etat a décidé enfin de réagir en donnant un grand coup de pied dans la termitière. Mais la situation était trop pourrie pour qu’une telle démarche eût porté ses fruits sans faire de dégâts.
Au marasme social ambiant, l’Etat a répondu par une foultitude de chiffres mirobolants de réalisations qui eussent eu pour effet sinon de faire profiter le citoyen de la rente pétrolière, du moins de soulager ses souffrances quotidiennes. Or, au lieu de cela, c’est une série de mesures inconvenantes qui seront prises parallèlement à l’effort gigantesque consenti dans la lutte contre le grand banditisme économique. Bien avant l’augmentation des prix des produits de large consommation, les premières frustrations citoyennes se firent sentir avec les premières distributions de logements qui virent les mêmes apparatchiks continuer à se servir, eux et leurs proches.
C’est d’ailleurs de là que les premières échauffourées ont éclaté. La classe moyenne – si le terme est encore valable – s’est vue elle aussi privée de ce ballon d’oxygène qu’est le crédit à la consommation, lequel a permis à beaucoup de jeunes de se marier, d’équiper leur foyer et, surtout, d’acquérir un véhicule dans un pays où le transport en commun est souvent synonyme d’aventure fatale. Le citoyen dort la nuit sur les fables d’un journal télévisé narrant des contes de fées et se réveille le jour sur le cauchemar de la cherté de la vie, des retraits aussi abusifs qu’obsolètes des permis de conduire, des ralentissements à n’en plus finir aux multiples barrages dressés par la police et la gendarmerie, d'un environnement envahi par la saleté et des lenteurs maladives d’une administration ronflante.
Le tout greffé à une jeunesse déformée par le système éducatif et réformée par le service national, ingrédients parfaits pour une chair à canon prête à être sacrifiée pour maintenir la situation en l’état. M. H.
nouvelle république
En s’attaquant à la corruption et aux barons de la drogue, de la contrebande et du marché parallèle, il était évident que cela n’allait pas se passer sans grabuge. Après avoir trop longtemps laissé s’enraciner le vice et permis à l’argent sale de circuler et de se fructifier, l’Etat a décidé enfin de réagir en donnant un grand coup de pied dans la termitière. Mais la situation était trop pourrie pour qu’une telle démarche eût porté ses fruits sans faire de dégâts.
Au marasme social ambiant, l’Etat a répondu par une foultitude de chiffres mirobolants de réalisations qui eussent eu pour effet sinon de faire profiter le citoyen de la rente pétrolière, du moins de soulager ses souffrances quotidiennes. Or, au lieu de cela, c’est une série de mesures inconvenantes qui seront prises parallèlement à l’effort gigantesque consenti dans la lutte contre le grand banditisme économique. Bien avant l’augmentation des prix des produits de large consommation, les premières frustrations citoyennes se firent sentir avec les premières distributions de logements qui virent les mêmes apparatchiks continuer à se servir, eux et leurs proches.
C’est d’ailleurs de là que les premières échauffourées ont éclaté. La classe moyenne – si le terme est encore valable – s’est vue elle aussi privée de ce ballon d’oxygène qu’est le crédit à la consommation, lequel a permis à beaucoup de jeunes de se marier, d’équiper leur foyer et, surtout, d’acquérir un véhicule dans un pays où le transport en commun est souvent synonyme d’aventure fatale. Le citoyen dort la nuit sur les fables d’un journal télévisé narrant des contes de fées et se réveille le jour sur le cauchemar de la cherté de la vie, des retraits aussi abusifs qu’obsolètes des permis de conduire, des ralentissements à n’en plus finir aux multiples barrages dressés par la police et la gendarmerie, d'un environnement envahi par la saleté et des lenteurs maladives d’une administration ronflante.
Le tout greffé à une jeunesse déformée par le système éducatif et réformée par le service national, ingrédients parfaits pour une chair à canon prête à être sacrifiée pour maintenir la situation en l’état. M. H.
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