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Les leçons d’une révolte

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    L’Algérie est-elle prête à tirer les leçons de cinq jours d’émeutes et tendre vers des lendemains meilleurs?
    Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Béjaïa, Tizi Ouzou, Tipasa et Boumerdès ont été les quelques wilayas qui ont connu de nouvelles émeutes hier. Hormis ces régions, c’est plutôt le calme qui a caractérisé le reste des wilayas. Mais, dans les prochains jours, personne ne peut présager de la suite des événements.
    D’ailleurs, les émeutes ont gagné des villes qui étaient jusque-là épargnées. C’est le cas de Sidi Bel Abbès et de Mascara. Une sorte «d’émulation» est ancrée dans l’esprit des jeunes.
    Dans d’autres villes, comme à Alger, où des affrontements ont eu lieu, les préoccupations des jeunes désormais, sont ailleurs. Les déclarations du ministre de l’Intérieur laissant clairement entendre que l’informel est toujours toléré, relancent la course au squat de bouts de trottoirs pour installer des tables et s’adonner à toutes sortes de commerces illicites. C’est une activité qui offre de l’emploi à plus d’un million de personnes. Quand on sait qu’il y a 1,2 million de vendeurs recensés, on se rend compte de l’importance de ce réseau dans l’animation de la ville et dans la déformation du paysage urbain.
    Des déclarations d’autres officiels se veulent plus rassurantes sans que l’on soit sûr qu’on peut les imputer au retour relatif au calme. Il est, par contre, vrai que diverses informations ont fait état d’une mobilisation des citoyens pour dissuader les jeunes dans leurs actes de destruction. Mais va-t-on se contenter d’un retour au calme et attendre le prochain orage? Ou bien va-t-on tirer les leçons de ces émeutes?
    Une des vertus de ces évènements est celle d’arracher une ouverture politique. Le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, vient de l’admettre. Les partis politiques, les syndicats, les associations et les comités de quartiers et de villages «doivent agir sur le terrain». Lorsque l’incitation vient du ministre, elle ne devrait pas être prise à la légère. En hibernation depuis plusieurs années, ces différentes composantes de la société algérienne, comme l’a dit le ministre, ont toute la latitude de déployer des activités qui leur étaient, jusqu’à présent, interdites ou permises avec parcimonie. La composante visée ne doit pas inclure seulement celle acquise à des thèses précises. Ces mêmes parties, auxquelles la parole est redonnée, ne tarderont pas à revendiquer d’autres ouvertures. Parmi elles, la question de la levée de l’état d’urgence va certainement revenir sur le front des débats.
    D’autres signes de détente pourraient être consentis. Un remaniement ministériel pourrait donner satisfaction à des acteurs politiques non satisfaits de la composante gouvernementale actuelle.
    Après ces gestes de nature politique, rien n’interdit de se pencher sur le sort de la classe moyenne en adoptant des mesures économiques. Celles concernant la baisse attendue des prix de certains produits de consommation entrent dans une perspective de renforcement du pouvoir d’achat. On peut aisément compter parmi les composantes de la société dont parle le ministre, la classe moyenne, considérée comme un facteur d’équilibre essentiel. Pourtant, les arrangements économiques ne sont pas suffisants pour résorber tous les aspects d’une crise, qui ne se limitent pas à la pauvreté. Car la crise morale est réelle. Et le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, n’a pas caché cette partie du problème algérien. Ni d’ailleurs Abdelaziz Belkhadem, le représentant personnel du président de la République, ou encore un autre ex-ministre d’Etat en la personne de Bouguerra Soltani.
    Contre ce mal, le seul remède est le rétablissement de la confiance. Va-t-on saisir l’opportunité du rendez-vous de 2012 pour amorcer un mouvement de cette nature? Il ne faut pas simplifier les réalités complexes. Les institutions sont certes, malades mais ce n’est pas la peine de leur inventer de nouveaux ennemis en stigmatisant des franges de la population.
    S’il y a des entrepreneurs de violence, ils ne seraient pas éloignés d’ancrer dans leur esprit une logique d’affrontement. Ce qui n’est pas pour arranger les choses. Comme il ne faut pas non plus que la socialisation soit du ressort exclusif des mosquées, comme semble le suggérer Bouabdallah Ghlamallah dans une de ses interventions récentes au Sénat. Comme on le voit, sortir d’une crise n’est jamais facile. En attendant, l’Algérie compte ses blessés en rêvant à des lendemains meilleurs.

    L'expression
    And ye shall know the truth and the truth shall make you free.
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