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En Tunisie, le voile s'est déchiré sur la réalité"

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  • En Tunisie, le voile s'est déchiré sur la réalité"

    Par Marc Epstein, publié le 11/01/2011 à 15:00



    Les troubles, qui ont déjà fait 14 à 50 morts selon les sources, ébranlent-ils le régime Ben Ali? LEXPRESS.fr a posé la question à Pierre Vermeren, professeur d'histoire du Maghreb à l'université Paris-I.

    Etes-vous surpris par les troubles qui touchent l'Algérie et la Tunisie?

    Pas vraiment. En Algérie, les problèmes politiques se règlent souvent par une confrontation ouverte. Les autorités et les policiers anti-émeute sont habitués. Ce n'est pas le cas dans la Tunisie voisine, qui n'a pas connu de manifestations de grande ampleur depuis 1991 car la population avait peur et était astreinte au silence. Elle bénéficiait aussi d'une petite croissance économique régulière. Dans l'un et l'autre pays, les conditions socio-économiques se sont durcies avec la crise mondiale apparue il y a deux ans. La difficulté d'émigrer, l'augmentation du chômage, la baisse des investissements contribuent à une situation intenable. Avec le résultat que l'on voit.
    Le mouvement en Tunisie est né du chômage des jeunes. Est-il désormais politique?
    La question des chômeurs diplômés est, dans ce pays comme dans d'autres, une question ancienne et massive. Au Maroc, par exemple, les manifestations sur ce sujet sont anciennes. En Tunisie, en revanche, la contestation n'est pas possible. De ce point de vue, le voile s'est déchiré sur la réalité socio-économique, en particulier à l'intérieur des terres, à l'écart des régions côtières qui concentrent l'essentiel de l'activité. Le "miracle économique tunisien" était une image de communicant. Et les morts, victimes de la répression, portent atteinte à cette image. La légitimité des dirigeants tunisiens est mise à mal, d'autant que les émeutes ont été beaucoup plus violentes en Algérie, où le sang a pourtant moins coulé.


    Le régime est-il menacé?
    Il est solide, car il n'y a pas d'alternative crédible. Le système est hyper-centralisé, avec un président qui tient les choses depuis très longtemps. Mais le chef de l'Etat est âgé, et au pouvoir depuis 23 ans. Dans les trois ans qui viennent, avant l'expiration de son mandat, il faudra trouver des solutions.
    Quelle forme pourrait prendre l'issue politique?
    C'est la grande inconnue. L'opposition démocratique, extrêmement réprimée depuis deux décennies, est très affaiblie. Dans l'entourage du président, qui pourrait assurer une éventuelle relève? Le Premier ministre a 69 ans et il est chef du gouvernement depuis douze ans. Le système semble usé.
    Les islamistes peuvent-ils profiter de la situation?
    Au sein de la population, il existe une sensibilité islamiste très forte: le discours religieux, moral ou moralisateur, se nourrit de la dénonciation de la corruption et des comportements économiques mafieux. Le terreau est très favorable. A la charnière entre le Proche-Orient et l'Algérie, la Tunisie est aussi soumise, comme tous les pays de la région, à l'idéologie véhiculée par les grands médias du Golfe. Pour autant, le mouvement islamiste semble désorganisé. Et personne, au Maghreb, ne souhaite vivre une tragédie comme celle qu'a connu l'Algérie pendant les années 1990.
    Le régime marocain est-il inquiet par un éventuel effet de contagion?
    Le système Ben Ali semble usé...
    Les manifestations sont liées au chômage des diplômés mais ce sont aussi, plus simplement, des émeutes de la faim. Au Maroc, le gouvernement est très vigilant: il a subventionné l'an dernier, à hauteur de 2 milliards de dollars, les prix de l'alimentation alors que le budget était pourtant serré. Et il fera tout pour assurer encore la paix sociale.
    Quelle est la responsabilité de la France et, au-delà, de la communauté internationale?
    Au début des années 1990, lors du début des événements dramatiques en Algérie, le pouvoir tunisien a obtenu carte blanche pour maintenir l'ordre et éviter à tout prix un risque de contagion islamiste. Depuis lors, nous n'exigeons aucune contrepartie d'ordre politique. Chirac lui-même estimait que le premier des droits de l'homme, c'est de pouvoir manger. Mais que dire, alors, quand le pain n'est plus assuré?...
    A écouter un discours très complaisant, surtout en France, la Tunisie serait un petit paradis, voire une sorte de Singapour en devenir: grâce à la forte croissance, tout irait bien. La réalité est que le niveau de vie est plus faible qu'en Algérie et guère plus élevé qu'au Maroc. A ce niveau de développement, la croissance devrait atteindre 10%, comme en Asie. Mais elle est inférieure à la moyenne africaine depuis dix ans. Les plus riches, localement, n'ont pas intérêt à investir, compte tenu des risques liés à l'absence de l'état de droit. L'argent qui circule vient de l'Union européenne et des milieux proches du pouvoir. Or, cela ne suffit pas. Notre responsabilité est là. En Europe, nous semblons dire que nous sommes indifférents au sort de la population tunisienne, pourvu que le calme règne. Justement, il ne règne plus.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Au début des années 1990, lors du début des événements dramatiques en Algérie, le pouvoir tunisien a obtenu carte blanche pour maintenir l'ordre et éviter à tout prix un risque de contagion islamiste.
    Ben a vie a eu carte blanche 20 ans durant pour installer son clan, sa maffia, ses statisticiens bidons

    a present ca craque de tous cotés, le systeme repressif tourne a plein

    plus de 50 morts, et ca continue

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