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TURQUIE :Université et pornographie : le choc

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  • TURQUIE :Université et pornographie : le choc

    Le tournage d'un film pornographique par un étudiant dans le cadre d'un travail universitaire présenté à l'Université Bilgi d'Istanbul a défrayé la chronique dans les médias turcs. Provocation ou liberté d'expression ?


    C'est une interview de Deniz Özgün publiée par la revue Tempo qui a révélé l'affaire. Özgün, un étudiant de 24 ans, a choisi de réaliser un film pornographique en guise de projet final pour obtenir son diplôme au département de Photographie et de vidéo à l'Université Bilgi d'Istanbul. "J'avais envie de réaliser quelque chose qui permette de voir jusqu'où pouvaient aller les limites de la liberté académique dont on nous parle depuis tant d'années", a-t-il expliqué à Tempo, "parce que l'université, c'est en réalité un espace de liberté souvent inutilisé. J'ai donc pensé qu'un film porno - qui n'a été vu que par un jury d'enseignants afin d'éviter toute fuite sur internet - serait le meilleur moyen pour tester les limites de cette liberté". L'étudiant considère que ce film est une réaction au conservatisme ambiant en Turquie : "L'épreuve de vérité commence maintenant, avec cette affaire. Toute cette ambiance oppressante me dérange beaucoup. J'en ai marre d'être enfermé dans les quartiers chics et branchés d'Istanbul. Vous pouvez considérer que ce film est une réponse hardcore au conservatisme ambiant. Si nous vivions dans une société plus libre, une telle idée ne me serait sans doute jamais venue à l'esprit".

    De nombreux éditorialistes de la presse turque ont néanmoins critiqué cette approche. Ainsi, Mehmet Yilmaz souligne dans Hürriyet qu'"une université doit certes pouvoir effectuer des recherches sur la pornographie et voir les réactions que ce genre suscite dans la société mais cela n'a rien à voir avec le tournage d'un film en tant que tel. Que les professeurs n'aient pas convaincu cet étudiant qu'il faisait fausse route est une faute que le concept de liberté scientifique n'excuse pas". La médiatisation de ce tournage porno a entraîné le licenciement de trois enseignants de cette université privée dont la réputation, plutôt libérale, s'était déjà illustrée en 2005 quand elle a ouvert ses portes à une conférence abordant la question arménienne sous un angle différent de la thèse officielle turque.

    Toutefois, Mehves Evin, qui rappelle dans Milliyet que ce qui s'est passé "n'est pas la présentation d'une thèse sur le secteur de la pornographie, mais le vulgaire tournage d'un film porno par des étudiants", déplore la comparaison entre cette affaire et la conférence sur la question arménienne de 2005 : "Notre conception des libertés est si confuse que certains comparent l'ouverture d'une plateforme académique libre sur la question arménienne au tournage d'un film porno. Ce sont pourtant deux choses bien différentes. La comparaison aurait été plus pertinente si l'on avait créé les conditions d'un débat articulé autour de la question "Peut-on tourner un film pornographique dans une université ?" "

    Hincal Uluç dans Sabah estime par contre que l'étudiant qui a eu cette idée restera dans l'histoire du pays comme un avant-gardiste ayant oeuvré en faveur de la démocratie. Il dénonce même le fascisme qui a conduit à ce que des enseignants soient licenciés de cette université à cause de cette affaire : "Bilgi est une université vraiment libre avec même une section de Jazz. Ses étudiants avaient joué en turc la comédie musicale américaine Rent dont les personnages principaux sont des gays et des lesbiennes. Je l'ai vu cinq fois. Mais là, il a suffi d'une thèse présentée sous la forme d'un film de trois minutes pour que l'on licencie trois enseignants et que l'on bascule dans la peur et le conservatisme ... ".
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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