Ceaucescu des sables
219 réactions
Par LAURENT JOFFRIN Directeur de «Libération»
Voilà au moins une tartufferie dissipée. Il est de bon ton, dans certains cercles, de présenter le régime de Zine el-Abidine Ben Ali comme un moindre mal, d’excuser sa brutalité par la lutte contre l’islamisme, de minimiser la corruption qui règne dans les couches dirigeantes, de plaider que dès lors qu’on ne s’occupe pas de politique en Tunisie, la police ne s’occupe pas de vous. Eternelle fumée dont on entoure les dictateurs amis. Mais cette fois le masque tombe. Depuis le début des troubles qui affectent son pays, le président tunisien se comporte comme un Ceausescu des sables. Les Tunisiens manifestent ? On leur envoie la police et on tire dans le tas. Les jeunes se révoltent ? Ce sont des terroristes ou des irresponsables manipulés. Un gamin se suicide par le feu, comme Ian Palach naguère à Prague ? C’est l’œuvre de «malfaiteurs». Des opposants protestent ? Des observateurs s’alarment ? Ils ne cherchent qu’à déstabiliser le pays. On voudrait savoir ce qui se passe ? La presse officielle (la seule…) parle une épaisse langue de bois et les journalistes étrangers sont espionnés et menacés, quand ils ne sont pas agressés physiquement. Au légitime soulèvement d’une population frappée par la crise et lasse de cet enfermement policier, ce pouvoir répond par le mensonge, le mépris et la fusillade. On croit être en Tunisie, pays de haute culture et de raffinement. On découvre une Corée du Nord méditerranéenne. Il est donc temps d’appeler un chat un chat et Ben Ali un despote archaïque.
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Par LAURENT JOFFRIN Directeur de «Libération»
Voilà au moins une tartufferie dissipée. Il est de bon ton, dans certains cercles, de présenter le régime de Zine el-Abidine Ben Ali comme un moindre mal, d’excuser sa brutalité par la lutte contre l’islamisme, de minimiser la corruption qui règne dans les couches dirigeantes, de plaider que dès lors qu’on ne s’occupe pas de politique en Tunisie, la police ne s’occupe pas de vous. Eternelle fumée dont on entoure les dictateurs amis. Mais cette fois le masque tombe. Depuis le début des troubles qui affectent son pays, le président tunisien se comporte comme un Ceausescu des sables. Les Tunisiens manifestent ? On leur envoie la police et on tire dans le tas. Les jeunes se révoltent ? Ce sont des terroristes ou des irresponsables manipulés. Un gamin se suicide par le feu, comme Ian Palach naguère à Prague ? C’est l’œuvre de «malfaiteurs». Des opposants protestent ? Des observateurs s’alarment ? Ils ne cherchent qu’à déstabiliser le pays. On voudrait savoir ce qui se passe ? La presse officielle (la seule…) parle une épaisse langue de bois et les journalistes étrangers sont espionnés et menacés, quand ils ne sont pas agressés physiquement. Au légitime soulèvement d’une population frappée par la crise et lasse de cet enfermement policier, ce pouvoir répond par le mensonge, le mépris et la fusillade. On croit être en Tunisie, pays de haute culture et de raffinement. On découvre une Corée du Nord méditerranéenne. Il est donc temps d’appeler un chat un chat et Ben Ali un despote archaïque.
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