Ce papier est dédié à Monseigneur Hilarion Capucci, ancien Archevêque Grec catholique de Jérusalem (1), et à Mgr Cyrille Salim Bustros, Archevêque de Newton (Etats-Unis), porte parole du Synode des Eglises d’Orient, deux prélats Melkites qui ont maintenu vivace, au sein du clergé arabe, la revendication nationale palestinienne, bravant les foudres israéliennes et les pulsions mortifères de la frange xénophobe de l’Islam irrédentiste.
[/INDENT]Israël: De la propagande part 1/3
La capitulation de Barack Obama, président de la première puissance militaire de la planète, devant le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, sur les conditions de déroulement des négociations de paix israélo-palestiniennes, la pression permanente exercée par Israël sur les Etats-Unis et l’Europe, tant en ce qui concerne la neutralisation du potentiel nucléaire iranien que sur les conclusions de l’enquête internationale du Tribunal Spécial sur le Liban concernant l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, illustrent la prédominance du fait israélien dans la détermination de la diplomatie occidentale, au point de brider sa marge de manœuvre, entraînant, par contre coup, sa perte d’autonomie; Un fait qui explique une part du rejet occidental dans la sphère arabo musulmane.
L’auteur de ces lignes revient, dans une série de trois papiers, sur les ressorts de cette prééminence israélienne, comme en témoignent les révélations du site en ligne WikiLeaks du 1er décembre 2010.
I – Du bon usage de la Bible :
La terre promise, le peuple élu et la controverse théologique avec l’Eglise d’Orient.
Le génocide juif n’est pas l’unique génocide du XX me siècle, ni le premier, redoutable honneur tristement revendiqué par les Arméniens de Turquie, ni le dernier (Cambodge et Rwanda 1995), ni l’unique génocide de l’histoire de l‘humanité, ni le plus important, un titre qui peut être légitimement revendiqué, de par sa durée, par les Amérindiens d’Amérique et par l’Afrique, au point de constituer, par leur ampleur, non un génocide, mais un véritable sociocide, un anéantissement de la société indigène.
Unique pays au monde, avec le Kosovo, à avoir été crée par une décision de l’ONU, Israël est aussi l’unique pays au monde à refuser de se soumettre au contrôle de la légalité internationale, un des trois pays au monde à avoir assassiné un dirigeant de premier plan de l’ONU, en mission de paix en Palestine, le comte Folk Bernadotte, un acte qui vaut à Israël d’être qualifié par le politologue américain Jeremy R. Hammond d’«Etat voyou» et les assassins de l’émissaire de l’ONU, de «terroristes sionistes» (2).
Un pays spécialiste du jeu de billards à trois bandes, qui compte à son passif un lourd bilan, en termes de déstabilisation régionale, comme en témoignent les attentats antioccidentaux et antijuifs contre l’Egypte nassérienne dans la décennie 1950 (Affaire Lavon), les attentats antisémites en Irak commis par le Mossad pour forcer au départ les juifs irakiens (affaire Shulamit Cohen), dans la décennie 1960, ou encore les raids répétitifs et les assassinats extrajudiciaires tant en Palestine, qu’au Liban, dans la période 1970-2000, ou enfin, le déploiement d’un important réseau d’agents, y compris au sein du commandement de l’armée, doublé du noyautage du réseau des télécommunications libanais.
Si la question juive revêt, toutefois, une importance particulière dans la sphère occidentale, particulièrement en Europe, c’est principalement en raison du fait que les deux pays qui passaient pour les plus civilisés de l’époque -l’Allemagne et la France- ont massacré leurs propres concitoyens du fait de leur origine ethnico religieuse. Mais, osons l’affirmation, si les Juifs avaient été des Iroquois d’Amérique du Nord, des Guaranis d’Amérique latine, des Bassas Bamilékés, des Songhaïs ou des Soninkés d’Afrique, voire même des Arabes, particulièrement des Palestiniens, gageons que l’Occident n’aurait jamais sanctuarisé ce problème.
L’orchestration d’une concurrence mémorielle sur des sujets de grandes souffrances ne relève pas de la victimologie. Elle révèle la pathologie de leur auteur. N’en déplaise, en effet, aux nombreux intellectuels de cour qui gravitent dans l’orbite du pouvoir, les trois grandes figures tutélaires du XX me siècle pour leur contribution à la morale universelle auront été, faut-il le rappeler, trois personnalités du tiers monde colonisé, le Mahatma Gandhi (Inde), Nelson Mandela (Afrique du Sud), et, pour l’espace francophone, le Martiniquais Aimé Césaire, trois apôtres de la non-violence, une consécration qui retentit comme un camouflet pour les pays occidentaux avec leur cortège de nazisme, de fascisme, de totalitarisme et d’esclavagisme.
Mais le fait est que le primat d’Israël conditionne le discours politique occidentale, tant en en raison de la responsabilité des grands pays européens dans le massacre de leurs compatriotes de confession juive, dans une sorte de solidarité expiatoire, que de l’activisme d’un important groupe de pression pro israélien dans un pays, les Etats-Unis, qui se trouve être la puissance majeure de l’époque contemporaine et chef de file du camp occidental.
Sauf à considérer l’intégrisme juif plus soluble dans la démocratie que l’intégrisme musulman, comment expliquer, sinon, cette dualité de comportement à l’égard des principaux protagonistes du conflit israélo-arabe. Se féliciter de la propulsion au pouvoir de la frange la plus radicale de l’extrême droite israélienne et ostraciser les formations paramilitaires arabes ou islamistes, alors que tant le Likoud que le Hamas ne prévoient pas dans leur charte, le premier, la reconnaissance de la Palestine, et le second, Israël, et que les «Fous de Yahvé» auront épinglé sur leur tableau de chasse l’ancien premier ministre, Itzhak Rabin, le négociateur des accords israélo-palestiniens d’Oslo, signe patent d’une volonté de paix, une cible qu’aucun intégriste palestinien, arabe ou musulman, n’aurait jamais rêvé d’atteindre
Israël représente, en effet, le 3me pays par ordre d’importance en terme de couverture médiatique, derrière les Etats-Unis (300 millions d’habitants) et la Chine (1,5 milliards d’habitants). Malgré les conditions de sa naissance controversée, Israël a réussi à occuper le devant de la scène médiatique, captant constamment l’attention de l’opinion occidentale, réussissant le tour de force de placer sur la défensive tous ses contradicteurs, les Européens, naturellement, assignés à un complexe de culpabilité éternel du fait du génocide hitlérien, les Américains, par instrumentalisation d’un important groupe de pression pro israélien animé d’une volonté de domination hégémonique sur la zone pétrolifère du Moyen orient, le Monde arabe, enfin, par son indigence à maîtriser les techniques de communication de la guerre psychologique moderne, doublée d’un défaut d’un argumentaire accessible à l‘opinion occidentale, principal champ de bataille de l’opinion internationale, quand bien même il dispose de considérables atouts, les conditions historiques de la naissance de l’Etat juif, ainsi que le palmarès du tiers monde au titre de la morale universelle.
Au-delà de la présence d’un fort lobby pro israélien, la synergie entre Israël et les Etats Unis repose sur de fortes similitudes présidant aux conditions historiques de la formation de leur Etat. Une démarche identique, un processus similaire, un langage synchrone, un messianisme idéologique commun, un partenariat stratégique hors du commun, la spoliation, enfin, comme ciment fondateur de leur état respectif, un fait attesté tant par des acteurs majeurs du projet sioniste que par des sommités intellectuelles incontestables.
«Si j’étais un dirigeant arabe, je ne signerai jamais un accord avec Israël. C’est normal: Nous avons pris leur pays. Il y a eu l’antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu’une seule chose: Nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient-ils accepter cela?», relèvera David Ben Gourion, le premier chef du gouvernement israélien, le 18 juillet 1948, dans les semaines qui suivirent la déclaration unilatérale d’indépendance de l’Etat Hébreu (3). Pour la première fois dans l’histoire, «une nation promet solennellement à une autre (nation en gestation) le territoire d’une troisième nation», renchérira, comme en écho, Arthur Koestler, auteur hongrois anticommuniste philo sioniste (4).
Autrement dit, une fraction de la Palestine est promise aux Juifs non pour les dédommager des atrocités commises à leur égard par les Palestiniens ou les Arabes, mais en compensation des persécutions qu’ils ont eu à subir en Europe. En somme, comme cela se dit vulgairement, c’est à dire dans le langage populaire, «on les dédommage sur le dos de la bête».
«Ma perception de la conjoncture israélienne reste subordonnée à une autre à laquelle je suis encore plus sensibilisée; celle qui se produisit il y a quelques siècles, de l’autre côté du monde, quand d’autres persécutés et opprimés vinrent s’établir sur des terres occupées depuis des millénaires par des peuples plus faibles encore et qu’ils s’empresseront d’évincer. Je ne puis évidemment pas ressentir comme une blessure fraîche à mon flanc la destruction des Peaux Rouges et réagir à l’inverse quand les Arabes Palestiniens sont en cause», déclarera dans un mémorable rappel à l’ordre à tous les activistes sionistes, l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, dans son ouvrage «Tristes tropiques». Accablant constant qui se passe de commentaires.
[/INDENT]Israël: De la propagande part 1/3
La capitulation de Barack Obama, président de la première puissance militaire de la planète, devant le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, sur les conditions de déroulement des négociations de paix israélo-palestiniennes, la pression permanente exercée par Israël sur les Etats-Unis et l’Europe, tant en ce qui concerne la neutralisation du potentiel nucléaire iranien que sur les conclusions de l’enquête internationale du Tribunal Spécial sur le Liban concernant l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri, illustrent la prédominance du fait israélien dans la détermination de la diplomatie occidentale, au point de brider sa marge de manœuvre, entraînant, par contre coup, sa perte d’autonomie; Un fait qui explique une part du rejet occidental dans la sphère arabo musulmane.
L’auteur de ces lignes revient, dans une série de trois papiers, sur les ressorts de cette prééminence israélienne, comme en témoignent les révélations du site en ligne WikiLeaks du 1er décembre 2010.
I – Du bon usage de la Bible :
La terre promise, le peuple élu et la controverse théologique avec l’Eglise d’Orient.
Le génocide juif n’est pas l’unique génocide du XX me siècle, ni le premier, redoutable honneur tristement revendiqué par les Arméniens de Turquie, ni le dernier (Cambodge et Rwanda 1995), ni l’unique génocide de l’histoire de l‘humanité, ni le plus important, un titre qui peut être légitimement revendiqué, de par sa durée, par les Amérindiens d’Amérique et par l’Afrique, au point de constituer, par leur ampleur, non un génocide, mais un véritable sociocide, un anéantissement de la société indigène.
Unique pays au monde, avec le Kosovo, à avoir été crée par une décision de l’ONU, Israël est aussi l’unique pays au monde à refuser de se soumettre au contrôle de la légalité internationale, un des trois pays au monde à avoir assassiné un dirigeant de premier plan de l’ONU, en mission de paix en Palestine, le comte Folk Bernadotte, un acte qui vaut à Israël d’être qualifié par le politologue américain Jeremy R. Hammond d’«Etat voyou» et les assassins de l’émissaire de l’ONU, de «terroristes sionistes» (2).
Un pays spécialiste du jeu de billards à trois bandes, qui compte à son passif un lourd bilan, en termes de déstabilisation régionale, comme en témoignent les attentats antioccidentaux et antijuifs contre l’Egypte nassérienne dans la décennie 1950 (Affaire Lavon), les attentats antisémites en Irak commis par le Mossad pour forcer au départ les juifs irakiens (affaire Shulamit Cohen), dans la décennie 1960, ou encore les raids répétitifs et les assassinats extrajudiciaires tant en Palestine, qu’au Liban, dans la période 1970-2000, ou enfin, le déploiement d’un important réseau d’agents, y compris au sein du commandement de l’armée, doublé du noyautage du réseau des télécommunications libanais.
Si la question juive revêt, toutefois, une importance particulière dans la sphère occidentale, particulièrement en Europe, c’est principalement en raison du fait que les deux pays qui passaient pour les plus civilisés de l’époque -l’Allemagne et la France- ont massacré leurs propres concitoyens du fait de leur origine ethnico religieuse. Mais, osons l’affirmation, si les Juifs avaient été des Iroquois d’Amérique du Nord, des Guaranis d’Amérique latine, des Bassas Bamilékés, des Songhaïs ou des Soninkés d’Afrique, voire même des Arabes, particulièrement des Palestiniens, gageons que l’Occident n’aurait jamais sanctuarisé ce problème.
L’orchestration d’une concurrence mémorielle sur des sujets de grandes souffrances ne relève pas de la victimologie. Elle révèle la pathologie de leur auteur. N’en déplaise, en effet, aux nombreux intellectuels de cour qui gravitent dans l’orbite du pouvoir, les trois grandes figures tutélaires du XX me siècle pour leur contribution à la morale universelle auront été, faut-il le rappeler, trois personnalités du tiers monde colonisé, le Mahatma Gandhi (Inde), Nelson Mandela (Afrique du Sud), et, pour l’espace francophone, le Martiniquais Aimé Césaire, trois apôtres de la non-violence, une consécration qui retentit comme un camouflet pour les pays occidentaux avec leur cortège de nazisme, de fascisme, de totalitarisme et d’esclavagisme.
Mais le fait est que le primat d’Israël conditionne le discours politique occidentale, tant en en raison de la responsabilité des grands pays européens dans le massacre de leurs compatriotes de confession juive, dans une sorte de solidarité expiatoire, que de l’activisme d’un important groupe de pression pro israélien dans un pays, les Etats-Unis, qui se trouve être la puissance majeure de l’époque contemporaine et chef de file du camp occidental.
Sauf à considérer l’intégrisme juif plus soluble dans la démocratie que l’intégrisme musulman, comment expliquer, sinon, cette dualité de comportement à l’égard des principaux protagonistes du conflit israélo-arabe. Se féliciter de la propulsion au pouvoir de la frange la plus radicale de l’extrême droite israélienne et ostraciser les formations paramilitaires arabes ou islamistes, alors que tant le Likoud que le Hamas ne prévoient pas dans leur charte, le premier, la reconnaissance de la Palestine, et le second, Israël, et que les «Fous de Yahvé» auront épinglé sur leur tableau de chasse l’ancien premier ministre, Itzhak Rabin, le négociateur des accords israélo-palestiniens d’Oslo, signe patent d’une volonté de paix, une cible qu’aucun intégriste palestinien, arabe ou musulman, n’aurait jamais rêvé d’atteindre
Israël représente, en effet, le 3me pays par ordre d’importance en terme de couverture médiatique, derrière les Etats-Unis (300 millions d’habitants) et la Chine (1,5 milliards d’habitants). Malgré les conditions de sa naissance controversée, Israël a réussi à occuper le devant de la scène médiatique, captant constamment l’attention de l’opinion occidentale, réussissant le tour de force de placer sur la défensive tous ses contradicteurs, les Européens, naturellement, assignés à un complexe de culpabilité éternel du fait du génocide hitlérien, les Américains, par instrumentalisation d’un important groupe de pression pro israélien animé d’une volonté de domination hégémonique sur la zone pétrolifère du Moyen orient, le Monde arabe, enfin, par son indigence à maîtriser les techniques de communication de la guerre psychologique moderne, doublée d’un défaut d’un argumentaire accessible à l‘opinion occidentale, principal champ de bataille de l’opinion internationale, quand bien même il dispose de considérables atouts, les conditions historiques de la naissance de l’Etat juif, ainsi que le palmarès du tiers monde au titre de la morale universelle.
Au-delà de la présence d’un fort lobby pro israélien, la synergie entre Israël et les Etats Unis repose sur de fortes similitudes présidant aux conditions historiques de la formation de leur Etat. Une démarche identique, un processus similaire, un langage synchrone, un messianisme idéologique commun, un partenariat stratégique hors du commun, la spoliation, enfin, comme ciment fondateur de leur état respectif, un fait attesté tant par des acteurs majeurs du projet sioniste que par des sommités intellectuelles incontestables.
«Si j’étais un dirigeant arabe, je ne signerai jamais un accord avec Israël. C’est normal: Nous avons pris leur pays. Il y a eu l’antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu’une seule chose: Nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient-ils accepter cela?», relèvera David Ben Gourion, le premier chef du gouvernement israélien, le 18 juillet 1948, dans les semaines qui suivirent la déclaration unilatérale d’indépendance de l’Etat Hébreu (3). Pour la première fois dans l’histoire, «une nation promet solennellement à une autre (nation en gestation) le territoire d’une troisième nation», renchérira, comme en écho, Arthur Koestler, auteur hongrois anticommuniste philo sioniste (4).
Autrement dit, une fraction de la Palestine est promise aux Juifs non pour les dédommager des atrocités commises à leur égard par les Palestiniens ou les Arabes, mais en compensation des persécutions qu’ils ont eu à subir en Europe. En somme, comme cela se dit vulgairement, c’est à dire dans le langage populaire, «on les dédommage sur le dos de la bête».
«Ma perception de la conjoncture israélienne reste subordonnée à une autre à laquelle je suis encore plus sensibilisée; celle qui se produisit il y a quelques siècles, de l’autre côté du monde, quand d’autres persécutés et opprimés vinrent s’établir sur des terres occupées depuis des millénaires par des peuples plus faibles encore et qu’ils s’empresseront d’évincer. Je ne puis évidemment pas ressentir comme une blessure fraîche à mon flanc la destruction des Peaux Rouges et réagir à l’inverse quand les Arabes Palestiniens sont en cause», déclarera dans un mémorable rappel à l’ordre à tous les activistes sionistes, l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, dans son ouvrage «Tristes tropiques». Accablant constant qui se passe de commentaires.
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