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Milliards, milliards
C'est drôle, en ces temps de vaches maigres, certaines gens réussissent pourtant la prouesse de gaspiller énormément d'argent. D'où leur vient-il ? Certains achètent à coups de milliards des villas de rêve pour les démolir ensuite à coups de centaines de millions et reconstruire des R+18 avec 18 garages et boutiques, des immeubles laids qui défigurent tout l'espace urbain environnant, puis les revendent en milliards sonnants et trébuchants, ou les louent à de futurs milliardaires qui, pour le devenir, écorchent les peaux de ceux qui ne touchent même pas un million de centimes par mois. Et dire qu'il y a des millions de gens qui n'ont nulle part où habiter, ou d'autres qui s'entassent à vingt-cinq dans une seule pièce.
D'où leur vient-il tout cet argent ? Les impriment-ils dans leurs caves, ou ont-ils trouvé la pierre philosophale qui transforme le plomb en or ? Kayen tiki, kayen, disent-ils sans complexe aucun. Ils roulent en 4X4, portent des lunettes de soleil, même quand il n'y a pas de soleil, ne savent ni lire, ni écrire, mais savent très bien compter. D'ailleurs, ils n'ont même pas besoin de compter, ils pèsent, oui ils pèsent les billets de banque. Tant de kilos, ça fait tant de millions, tant de chkara. C'est comme ça qu'ils roulent et qu'ils font rouler leurs affaires et le reste du monde. Et dire qu'il y a des millions de gens qui n'ont rien à manger et qui ramassent les légumes pourris dans les poubelles des marchés, et qui ne mangent pratiquement qu'une seule fois par jour. Pour eux, Ramadhan, c'est toute l'année, 365 jours par an, 366 si l'année est bissextile.
D'où leur vient-il tout cet argent eux qui, en une nuit dans un cabaret, peuvent jeter plusieurs centaines de millions… sans rien consommer.
par El-Guellil
Le Quotidien d'Oran