LA GUERRE DE CIVILISATION
Une diversion
L’image dépréciative des musulmans, des Arabes et des Turcs est ancienne, mais elle a pris des proportions alarmantes à cause d’inauthentiques musulmans.
Les peuples de la rive Sud, témoins d’une riche histoire et d’une humanité ouverte, souffrent, pris entre deux feux: l’hégémonie occidentale et les archaïsmes internes. En rive Nord, l’invention injuste et dangereuse d’un «nouvel ennemi» en la figure du musulman, est en train de prendre une dimension démesurée. C’est une diversion qui occulte les stratégies en cours et les enjeux de demain. Depuis des années, nous tentons de sonner l’alerte, d’éveiller les consciences, d’attirer l’attention de tous pour éviter le contresens. Mais des médias occidentaux préfèrent les pyromanes et, des musulmans, au lieu de raisonner, réagissent subjectivement.
La présence de l’Islam dans les pays européens suscite une crispation des opinions publiques. Des représentants du culte musulman demandent aux pratiquants de tenir compte du contexte. Pourquoi des Occidentaux ont peur des musulmans? Il n’y a pas de hasard. Ces délires infondés ou inquiétudes légitimes ont une pluralité de causes. L’image des musulmans est désastreuse. La responsabilité est partagée.
La responsabilité des musulmans
La première cause réside dans le fait qu’une minorité parmi les citoyens européens de confession musulmane et d’autres à travers le monde trahissent l’Islam et alimentent la diversion. Comme hier pour les chrétiens, quand les guerres de religion et l’Inquisition ont suscité un sentiment anticlérical et antireligieux, le terrorisme des faibles, l’apparition de courants fondamentalistes et la remise en cause de la liberté de conscience par des extrémistes, nourrissent le sentiment antimusulman.
Le monde musulman, par-delà son hétérogénéité et des exceptions encourageantes, a des difficultés à se réformer, à réaliser la ligne médiane qui lie authenticité et progrès. Il cherche rarement à se démocratiser, à remédier à ses contradictions et à mettre fin aux discriminations que subissent chez lui ses propres minorités. Sous prétexte que la question est politique ou mafieuse et non religieuse, il sous-estime les effets sur la mémoire collective occidentale de la peur du terrorisme des faibles, le poids des attentats du 11 septembre et d’autres.
Le monde musulman est en déclin depuis cinq siècles. Il présente une image négative au monde. Les résistances, comme celle héroïque de l’Émir Abdelkader, et les tentatives de renaissance ne purent freiner le déséquilibre. Le repli ruine l’image des musulmans qui ont perdu de vue la signification véritable du Message révélé et la voie du Prophète (Qsssl). Ils s’attachent à la gestuelle et s’enferment. Ces musulmans oublient que l’exigence de liberté de conscience est coranique.
Au cours du XXe siècle, jusqu’à nos jours, l’instrumentalisation de la religion sous forme d’idéologie comme arme et l’utilisation de la violence aveugle dans le cadre de la lutte pour le pouvoir, par tous les courants qui s’y rattachent, tracent le tableau d’une tragédie sans nom. 14 siècles d’une civilisation lumineuse sont déformés depuis une trentaine d’années par ceux qui, de l’intérieur, dévoient l’Islam.
Aujourd’hui, environ 80% des musulmans du monde vivent sous des despotismes, dans la paupérisation et la fragilité et 40% sont illettrés. Ce monde hétéroclite et faible ne peut représenter une menace. Décadent, sous-développé et dépendant, il est utilisé comme épouvantail. Il doit faire son autocritique. Rien ne peut justifier la haine contre l’Islam, qui n’a rien à voir avec la folie des hommes ignorants, assoiffés de pouvoir, aveuglés par le sentiment de vengeance et manipulés. Accepter les critiques, sans conditions, se réformer, est vital.
La responsabilité occidentale
La deuxième cause a trait à la stratégie du système dominant occidental qui a besoin d’un épouvantail pour faire diversion, en vue de tenter de réaliser la totalité de son hégémonie pour le siècle à venir. Après la chute du mur de Berlin en 1989, la politique belliciste et le terrorisme des puissants, qui manipulent, se sont réinventés un ennemi, pour faire écran aux visées et injustices. Cela ternit l’image des musulmans et trompe les opinions. L’amalgame fonctionne sur le matraquage de médias et d’industries culturelles liées à des cartels qui diabolisent les musulmans.
Ce n’est pas une ruse difficile à mettre en pratique, car l’islamophobie et l’ethnocentrisme occidental sont anciens.
Depuis 14 siècles l’Islam est déformé par des non-musulmans. Les xénophobes puisent dans l’imaginaire qui occulte le fait qu’entre l’Occident et l’Islam l’échange était plus décisif que les divergences. Il ne saurait y avoir d’entente avec celui que l’on traite, d’entrée de jeu, comme un ennemi potentiel, dont on regarde avec suspicion les signes d’appartenance, en commençant par se demander si on peut ou non l’accepter.
Les xénophobes prétendent que l’Europe va s’islamiser et stigmatisent les musulmans pour faire peur. Avec indécence, la propagande haineuse surfe sur l‘ignorance, la crise morale et économique. Goebbels le nazi, pratiquait le même type de propagande et d’amalgame. Il ciblait les juifs, propageait des fausses informations à leur sujet et flattait les pires instincts de tous les courants prêts à se conduire en loups. Les musulmans aujourd’hui, courent le même risque, alors que le vécu paisible et bien intégré de l’immense majorité est ignoré.
La stratégie mise en place il y a plus de vingt ans par les néoconservateurs, est dopée par les attentats qui donnent du crédit à la propagande du «choc des civilisations». Ce n’est plus le radicalisme qui est dénoncé, ce sont les références fondatrices, le Coran et le Prophète (Qsssl). L’extrême droite prolifère et les tenants du laïcisme sectaire considèrent que la religion est un asservissement.
Des chefs d’Etat et de gouvernement occidentaux, avec virulence et cynisme, appréhendent les musulmans comme boucs émissaires et déclarent la fin du multiculturalisme. Dans le cinéma américain, les scénaristes ont fait du musulman le «méchant». Des journaux publient des opinions dignes des temps des croisades, de la colonisation et des années trente: «Je hais l’Islam», «la talibanisation des sociétés musulmanes se généralise», «la logique de violence de l’Islam» et «le choc des civilisations est en train de triompher...à cause des musulmans».
Des intellectuels, notamment sionistes, tiennent des propos sur la manipulation politique des peurs, jadis propagande de fascistes. Des intellectuels d’origine musulmane, dénigrent de manière schizophrénique leurs racines. Des intellectuels conscients reconnaissent que c’est le surgissement d’une islamophobie qui formate la société européenne et, montrent que l’islamophobie est le prolongement de l’antisémitisme. Cependant, la propagande de ceux qui pratiquent l’amalgame l’emporte.
A suivre...
Une diversion
L’image dépréciative des musulmans, des Arabes et des Turcs est ancienne, mais elle a pris des proportions alarmantes à cause d’inauthentiques musulmans.
Les peuples de la rive Sud, témoins d’une riche histoire et d’une humanité ouverte, souffrent, pris entre deux feux: l’hégémonie occidentale et les archaïsmes internes. En rive Nord, l’invention injuste et dangereuse d’un «nouvel ennemi» en la figure du musulman, est en train de prendre une dimension démesurée. C’est une diversion qui occulte les stratégies en cours et les enjeux de demain. Depuis des années, nous tentons de sonner l’alerte, d’éveiller les consciences, d’attirer l’attention de tous pour éviter le contresens. Mais des médias occidentaux préfèrent les pyromanes et, des musulmans, au lieu de raisonner, réagissent subjectivement.
La présence de l’Islam dans les pays européens suscite une crispation des opinions publiques. Des représentants du culte musulman demandent aux pratiquants de tenir compte du contexte. Pourquoi des Occidentaux ont peur des musulmans? Il n’y a pas de hasard. Ces délires infondés ou inquiétudes légitimes ont une pluralité de causes. L’image des musulmans est désastreuse. La responsabilité est partagée.
La responsabilité des musulmans
La première cause réside dans le fait qu’une minorité parmi les citoyens européens de confession musulmane et d’autres à travers le monde trahissent l’Islam et alimentent la diversion. Comme hier pour les chrétiens, quand les guerres de religion et l’Inquisition ont suscité un sentiment anticlérical et antireligieux, le terrorisme des faibles, l’apparition de courants fondamentalistes et la remise en cause de la liberté de conscience par des extrémistes, nourrissent le sentiment antimusulman.
Le monde musulman, par-delà son hétérogénéité et des exceptions encourageantes, a des difficultés à se réformer, à réaliser la ligne médiane qui lie authenticité et progrès. Il cherche rarement à se démocratiser, à remédier à ses contradictions et à mettre fin aux discriminations que subissent chez lui ses propres minorités. Sous prétexte que la question est politique ou mafieuse et non religieuse, il sous-estime les effets sur la mémoire collective occidentale de la peur du terrorisme des faibles, le poids des attentats du 11 septembre et d’autres.
Le monde musulman est en déclin depuis cinq siècles. Il présente une image négative au monde. Les résistances, comme celle héroïque de l’Émir Abdelkader, et les tentatives de renaissance ne purent freiner le déséquilibre. Le repli ruine l’image des musulmans qui ont perdu de vue la signification véritable du Message révélé et la voie du Prophète (Qsssl). Ils s’attachent à la gestuelle et s’enferment. Ces musulmans oublient que l’exigence de liberté de conscience est coranique.
Au cours du XXe siècle, jusqu’à nos jours, l’instrumentalisation de la religion sous forme d’idéologie comme arme et l’utilisation de la violence aveugle dans le cadre de la lutte pour le pouvoir, par tous les courants qui s’y rattachent, tracent le tableau d’une tragédie sans nom. 14 siècles d’une civilisation lumineuse sont déformés depuis une trentaine d’années par ceux qui, de l’intérieur, dévoient l’Islam.
Aujourd’hui, environ 80% des musulmans du monde vivent sous des despotismes, dans la paupérisation et la fragilité et 40% sont illettrés. Ce monde hétéroclite et faible ne peut représenter une menace. Décadent, sous-développé et dépendant, il est utilisé comme épouvantail. Il doit faire son autocritique. Rien ne peut justifier la haine contre l’Islam, qui n’a rien à voir avec la folie des hommes ignorants, assoiffés de pouvoir, aveuglés par le sentiment de vengeance et manipulés. Accepter les critiques, sans conditions, se réformer, est vital.
La responsabilité occidentale
La deuxième cause a trait à la stratégie du système dominant occidental qui a besoin d’un épouvantail pour faire diversion, en vue de tenter de réaliser la totalité de son hégémonie pour le siècle à venir. Après la chute du mur de Berlin en 1989, la politique belliciste et le terrorisme des puissants, qui manipulent, se sont réinventés un ennemi, pour faire écran aux visées et injustices. Cela ternit l’image des musulmans et trompe les opinions. L’amalgame fonctionne sur le matraquage de médias et d’industries culturelles liées à des cartels qui diabolisent les musulmans.
Ce n’est pas une ruse difficile à mettre en pratique, car l’islamophobie et l’ethnocentrisme occidental sont anciens.
Depuis 14 siècles l’Islam est déformé par des non-musulmans. Les xénophobes puisent dans l’imaginaire qui occulte le fait qu’entre l’Occident et l’Islam l’échange était plus décisif que les divergences. Il ne saurait y avoir d’entente avec celui que l’on traite, d’entrée de jeu, comme un ennemi potentiel, dont on regarde avec suspicion les signes d’appartenance, en commençant par se demander si on peut ou non l’accepter.
Les xénophobes prétendent que l’Europe va s’islamiser et stigmatisent les musulmans pour faire peur. Avec indécence, la propagande haineuse surfe sur l‘ignorance, la crise morale et économique. Goebbels le nazi, pratiquait le même type de propagande et d’amalgame. Il ciblait les juifs, propageait des fausses informations à leur sujet et flattait les pires instincts de tous les courants prêts à se conduire en loups. Les musulmans aujourd’hui, courent le même risque, alors que le vécu paisible et bien intégré de l’immense majorité est ignoré.
La stratégie mise en place il y a plus de vingt ans par les néoconservateurs, est dopée par les attentats qui donnent du crédit à la propagande du «choc des civilisations». Ce n’est plus le radicalisme qui est dénoncé, ce sont les références fondatrices, le Coran et le Prophète (Qsssl). L’extrême droite prolifère et les tenants du laïcisme sectaire considèrent que la religion est un asservissement.
Des chefs d’Etat et de gouvernement occidentaux, avec virulence et cynisme, appréhendent les musulmans comme boucs émissaires et déclarent la fin du multiculturalisme. Dans le cinéma américain, les scénaristes ont fait du musulman le «méchant». Des journaux publient des opinions dignes des temps des croisades, de la colonisation et des années trente: «Je hais l’Islam», «la talibanisation des sociétés musulmanes se généralise», «la logique de violence de l’Islam» et «le choc des civilisations est en train de triompher...à cause des musulmans».
Des intellectuels, notamment sionistes, tiennent des propos sur la manipulation politique des peurs, jadis propagande de fascistes. Des intellectuels d’origine musulmane, dénigrent de manière schizophrénique leurs racines. Des intellectuels conscients reconnaissent que c’est le surgissement d’une islamophobie qui formate la société européenne et, montrent que l’islamophobie est le prolongement de l’antisémitisme. Cependant, la propagande de ceux qui pratiquent l’amalgame l’emporte.
A suivre...
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