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A qui profite la destruction des groupes industriels algériens ?

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  • A qui profite la destruction des groupes industriels algériens ?

    Cevital n’a pas le droit de baisser les prix. Même si le groupe industriel de Issad Rebrab se retrouve dans ses comptes, il ne peut pas offrir aux consommateurs algériens du sucre et des huiles moins cher.


    C’est, paraît-il, la loi. C’est là, également, la logique d’un Etat qui a complètement failli à réguler le marché et qui reprend des réflexes autoritaires. Au lieu de s’attaquer aux importateurs et aux grossistes, qui foulent aux pieds loi et règlements, le gouvernement cible les créateurs de richesses. Un gouvernement tellement aveugle qu’il n’arrive pas à voir que le monopole n’est pas dans la production mais dans l’importation. Qui importe le sucre roux ou blanc ? Et qui sont les grossistes dominant le marché ? Le ministère du Commerce, qui donne des signes inquiétants d’amateurisme, a-t-il les moyens de contrôler les grossistes et les importateurs ? Peut-il les obliger à respecter l’usage de la facture comme le veut la loi qu’il prétend appliquer ?

    Logique de l’à-peu-près

    «La notification adressée à Cevital est une procédure administrative dont le but est d’obtenir des éclaircissements de la part du groupe agroalimentaire concernant les nouveaux prix qu’il pratique sur le sucre et l’huile», a dit le ministre, Mustapha Benbada. Devant l’opinion publique, le gouvernement s’est mis à nu. Si des producteurs sont capables d’offrir un kilo de sucre à moins de 90 DA pourquoi les en empêcher ? A écouter les officiels, qui meublent les ondes de la télévision et de la radio étatiques dans un discours à sens unique, le prix de 90 DA le kilo de sucre est parfait. Ce n’est pas l’avis des ménages. Ce prix est élevé par rapport au pouvoir érodé par l’inflation. Idem pour celui de la bonbonne de cinq litres d’huile. Les prix des produits, composés d’huile ou de sucre, comme les biscuits ou les chocolats, ont également augmenté. Mais là, le gouvernement n’a rien vu. Aucun rappel à l’ordre. L’Algérie est probablement le seul pays au monde qui «interdit» aux privés de vendre à perte. Comme si l’économie algérienne, pilotée par la logique de l’à-peu-près, ne fonctionnait pas, à plusieurs niveaux, à perte. Des manques à gagner chiffrés en milliards de dinars. Il n’y a qu’à citer l’exemple de la gigantesque évasion fiscale que le gouvernement n’arrive pas à quantifier. Un gouvernement, qui, malgré ses appareils sécuritaires, est incapable de mettre fin à l’informel ou de tracer les fonds détournés vers l’étranger. L’échec, aujourd’hui largement établi, des réformes bancaires peut être traduit par «une volonté politique» de ne pas secouer les palais de la spéculation ni de troubler ceux qui vivent «à l’ombre» du système.

    Gestion politisée

    Il en est de même pour l’inexistence de bureaux de change. L’absence d’un impôt sur les grosses fortunes est une autre illustration de cette tendance endémique dans la gestion «politisée» de l’économie du pays. Le harcèlement que subit aujourd’hui le groupe algérien Cevital, sous prétexte de lutte contre «le monopole», pour reprendre l’expression comique actuel, semble répondre à une action concertée pour mettre au pas l’industriel algérien, en faire une exemple pour que le royaume de l’importation soit rassuré. Les médias étatiques, radio, télévision et APS, se sont mis en ordre de marche pour attaquer Cevital, interdisant à Issad Rebrab toute possibilité de défense. Sauf qu’en agissant de la sorte, Issad Rebrab est aujourd’hui apprécié au niveau populaire pour la simple raison qu’auprès de l’opinion nationale, il passe pour un industriel qui a voulu offrir du sucre et de l’huile moins chers aux Algériens et que le gouvernement l’a empêché de le faire ! Voilà à quoi peut aboutir la communication stalinienne de ceux qui n’ont rien compris aux avertissements lancés dernièrement par la rue algérienne. Le Parti des travailleurs, qui a cessé d’être un parti d’opposition, et l’UGTA, qui, contrairement à son homologue tunisienne, l’UGTT, a choisi de se ranger du côté des autorités, se sont curieusement «réunis» pour s’attaquer «au monopole destructeur de certains opérateurs privés qui fragilisent le tissu social».

    Position à la carte

    Le PT et l’UGTA ont évoqué «les actes de spéculation» donnant l’impression de ne s’attaquer qu’à Cevital, un groupe qui compte des milliers de salariés, et d’oublier les importateurs. Cette position «à la carte» banalise davantage un parti et un syndicat qui, hier, étaient quelque peu crédibles et qui ne sont devenus que des amplificateurs du discours dominant d’aujourd’hui. Un petit bilan de ces dix dernières suffit à montrer que l’Algérie est devenue un cimetière immense pour ses groupes industriels. Il n’y avait aucune raison pour détruire le groupe Khalifa même si son patron était impliqué dans des malversations. Les pays avancés poursuivent en justice les patrons coupables d’actes de gestion contraires à la loi mais maintiennent en vie les entreprises dont ils étaient responsables pour ne pas perdre les emplois ou les parts de marché. Après Khalifa, les pouvoirs publics ont mis à genoux les groupes Tonic et Blanky. Qu’ont-ils gagné en contrepartie ? Rien. Sauf des chômeurs en plus. Pour conclure, les autorités algériennes semblent agir contre l’intérêt national. C’est peut-être la seule façon de comprendre cette tentation de vouloir casser les ressorts les plus efficaces de l’économie du pays.


    Source : El Watan
    « la libération de l'Algérie sera l'œuvre de tous », Abane Ramdane 1955.

  • #2
    Après la destruction de groupes publics.
    Après la destruction de SAIDAL et de toutes les entreprises qui ont osé s'attaquer a leurs marchés.
    Voilà, les barons de l'import-import s'attaquent au dernier homme qui fait un peu d'industrie dans ce pays avec en première ligne, ces chiens de révolutionnaires ta3 chkoupi de louisa et sidi said.

    Bled micky, ce bled est foutu, je jalouse vraiment les tunisiens.
    Dernière modification par RIM-K65, 14 janvier 2011, 13h23.

    Commentaire


    • #3
      ça a profite à si el haj

      Barons de l'informel : 1 société civile : 0

      Après les émeutes et les «solutions» du gouvernement, qui sort gagnant de ce bras de fer ? L'informel, selon plusieurs experts qui pointent la puissance de ses réseaux. «El Hadj», 56 ans, l'un des plus grands barons de l'informel algérien, se dévoile et met à nu un gigantesque engrenage mafieux. El Watan Week-end l'a rencontré. Il nous livre en brut ses explosives confessions.


      Mon âge, peu importe, je le compte en jours, non pas en années, car les jours pour moi ont une signification importante. A chaque jour son virage et pour d’autres, leurs tourments. Mon enfance ne m’évoque pas de souvenirs, à part celui de mon village. Je suis natif de Ferdjioua. Ma jeunesse, en revanche, est pleine d’aventures. A chaque jour, une rencontre. Et à chaque rencontre, une péripétie nouvelle. Peu avant les événements d’Octobre 88, je marchandais, rue de Chartres à la Basse-Casbah. Comme chaque matin, j’étalais ma marchandise, je saluais mes voisins et je hélais les clients : «Six serviettes à 1 DA !» Ce n’était pas chose facile, affronter ces regards, ces dames distinguées et ces vieux délicats. En 1989, j’ai été contacté par un officier de la Sécurité militaire qui se présenta alors comme émigré. Il me proposa une nouvelle activité, le change de devises, et de laisser tomber mon étal à la Basse-Casbah. Un business juteux puisque cela me permettait de gagner 1000 DA par jour. Une fortune inespérée pour moi qui gagnais à peine 200 DA la journée, somme insuffisante pour subvenir aux besoins de ma petite famille. La place de l’Opéra (square Port Saïd) devint mon nouveau territoire, la place financière la plus forte de toute l’Algérie, juste à côté du Palais de justice d’Alger. Le choix de la place n’était pas fortuit : c’est le carrefour entre la sortie de la gare routière, la gare des taxis et, le plus important, la sortie du quai des voyageurs du port d’Alger.

      2 millions en urgence

      Je me suis installé au café mitoyen de l’hôtel Terminus, pas loin de la rue de la Liberté. Drôle ! Ou étrange. Une symbolique qui fera de cette place le signe du commerce informel où tout s’échange, se négocie, où tous les coups bas sont permis aussi. L’affaire devint florissante. Mon carnet d’adresses était rempli de clients potentiels, avec qui les rencontres étaient programmées à l’avance. Mon parrain venait en fin de semaine récupérer ses dividendes. Avant de disparaître. Un ami m’a alors prévenu : «Fais attention, c’est un agent !» Je décida de reprendre seul l’affaire, en recrutant autour de moi. J’ai rendu visite à mes anciens amis du marché de la rue de Chartres et je leur ai proposé l’affaire. Un soir maussade, mon parrain refit surface et me déclara : «Il faut arrêter de vendre les devises !» Sans la moindre explication. «Mon supérieur a besoin de deux millions de francs en urgence», m’a-t-il ensuite ordonné. Je me suis tout de suite exécuté. Une semaine après, j’ai remis le sac des «Pascals» à l’agent qui me proposa de partir à Marseille dans la semaine. Visa en poche, j’embarquai sur un vol Alger-Marseille d’Air France. A mon arrivée, une personne m’approcha et me demanda de le suivre. Il m’expliqua que je devais prendre attache avec des grossistes et envoyer la marchandise en Algérie. Il prit le soin de m’indiquer la liste et les adresses de commerçants.

      Un terrain en cadeau

      J’ai pris la commande, quarante conteneurs de café. Mon contact me ramena un sac d’argent : «Tu payes avec ça, le compte est bon.» A mon retour à Alger, j’ai rendu visite à mes employés au square Port-Saïd et j’ai fait les calculs de mon business. La récolte était bonne : dix millions de francs français. Je n’ai plus revu mon premier contact. Un autre a pris le relais, Daoud. J’ai appris plus tard que Daoud était commandant dans l’armée. Je recevais les ordres et j’appliquais à la lettre ses instructions. En guise de remerciement, un lot de terrain à Kouba m’a été offert. Malgré tout, je n’étais pas tranquille. Mais je devais continuer, je ne pouvais plus faire marche arrière. J’ai multiplié les déplacements à Marseille, d’autres agents prenaient attache avec moi. Ce n’était en vérité que des intermédiaires de généraux que j’allais rencontrer plus tard. J’importais mes premiers conteneurs de café et de légumes secs sans déranger le business des généraux. Eux, à coup de milliards, déversaient des tonnes de sucre, de blé, de bois au port d’Alger. Je me suis aperçu qu’à Marseille je n’étais pas le seul à faire ce «travail» pour le compte des hauts gradés. Je voulais voler de mes propres ailes. Alors avec des associés, nous avons recruté des proches et nous les avons placés à des postes sensibles, dans la justice, la police, les douanes, les ministères et au sein même de l’armée. Les généraux pour lesquels nous sous-traitions n’ont affiché aucun refus et se sont mis à les installer dans leur nouveau poste.

      Impossible de reculer

      Ils étaient trop occupés pour se rendre compte de ce que nous complotions. Les opérations d’importation continuaient et nous nous occupions de l’écoulement des marchandises dans le marché. Pour cela, on avait mis en place un vrai circuit de distribution. Les marchés de Tadjenent, El Eulma, El Hamiz, Barika et Semar recevaient des marchandises importées du monde entier. Nous les gérions par la manière forte et personne ne pouvait nous concurrencer. Nous bénéficions des largesses du pouvoir et nous, nous nous servions comme nous voulions en lots de terrain et en appartements. Et pour couronner le tout, des permis de port d’arme nous ont été délivrés par la police, terrorisme oblige, mais aussi pour les affaires. Au square Port Saïd, nous recrutions des jeunes de nos patelins. Nous montions en grade et nos noms étaient sur toutes les lèvres. Des hommes politiques de toutes les obédiences et même des hauts responsables de l’Etat s’ajoutaient à notre cercle de connaissances. Nous déléguions leurs transactions à des personnes tiers. Pour protéger nos clients et garantir leur anonymat, nous avons établi des registres de commerce sous de faux noms, de fausses adresses, au nom de personnes décédées ou qui souffrent de troubles mentaux ! Je sais, je sais, nous avons trahi le peuple. Mais nous ne pouvions pas reculer, le coup est parti. Un jour, je rendis visite à un général qui n’est plus de ce monde aujourd’hui. Ce jour de brume, il me parla politique, d’un général pour lequel les affaires semblaient ne plus marcher, d’une bourde qu’il aurait commise, d’un président mou et gênant. Des intrigues, encore des intrigues. Je ne comprenais pas son discours, ni ses confessions ni d’ailleurs la raison qui l’a poussé à me parler de cela. J’appris plus tard, en Suisse, que Liamine Zeroual avait démissionné. Un agent de l’ambassade est venu me voir et me demanda de procéder comme prévu au versement. Une berline grise fut mise à ma disposition. J’ai été hébergé chez un ami importateur qui venait d’acquérir un hôtel à Genève. Je suis resté quatre mois dans sa maison, où confort et luxe s’entremêlaient.

      Cevital et Khalifa

      J’ai eu droit à un massage thaïlandais, des sensations auxquelles mon corps et mon esprit n’avaient jamais goûté. Maintien ou limogeage du président, cela ne m’évoquait plus rien. Mais devant l’insistance de mon ami, je compris l’enjeu, moi qui n’étais pas politisé. «As-tu entendu parler de Bouteflika ?» me demande le haut gradé. «Non», ai-je répondu tout de suite. «Si le vent le ramène par là, je te le présenterai», me dit-il. Cela ne s’est jamais passé. De retour à Alger, j’ai rendu visite à ma mère, très malade. Grâce à mes connaissances, elle a été hospitalisée à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja. Mes enfants avaient grandi, ils avaient quitté l’école et je leur ai confié la gestion des stocks et la vente directe aux grossistes. Ils ont pris la température et ont compris que leur père n’était qu’un grand baron du change de devises et de l’importation. De quoi leur donner fierté et orgueil. Mais au fond, j’étais toujours morose. J’ai accompli le hadj avec un général de l’armée. Depuis, je m’appelle «El Hadj». C’était à l’époque la mode, tout le monde avait pour nom «El Hadj». Se faire appeler ainsi était devenu une protection et assure l’anonymat. Dans les salons, on ne parlait que de Bouteflika, futur président. Il nous a été présenté comme le messie. «Ne craignez rien, vos affaires sont à l’abri», nous rassurait-on. Justement, on parlait beaucoup de business en haut lieu. Des groupes industriels et financiers émergeaient et prenaient de l’ampleur : Blanky, Cevital et Khalifa étaient considérés pour nous comme une menace. Ce qui s’est confirmé par la suite.

      «amis» protecteurs

      Certains ont commencé à parler investissement et cela nous a beaucoup dérangés ! Nous avons décidé alors d’agir et de surveiller toutes les transactions aux ports et d’identifier leurs fournisseurs à l’étranger. Entre-temps, nous avons inondé le marché de marchandises à bas prix. Pas de place pour les intrus. Nous avons fait de Dubaï notre nouvel Eldorado. En France, le jeu était devenu trop dangereux et de nouveaux acteurs arrivèrent. On parlait de gros investissements français en Algérie et nos «amis» généraux se tournaient leurs pourvoyeurs. Khalifa est ensuite devenu le copain des hauts responsables de l’Etat. Quelque chose se tramait alors que nos contacts commençaient à nous lâcher. Nous l’avons vécu comme une trahison, un drame. L’entourage du président avait fermé le jeu. Mais nous avons vite réagi. Une crise alimentaire se profilait alors à l’horizon, l’arrêt de l’importation en masse des produits de première nécessité allait provoquer une crise, surtout à la veille du Ramadhan. Nous avons relancé nos circuits et l’équation du jeu du pouvoir ne pouvait plus se faire sans notre consentement. Khalifa a été notre premier objectif. Grâce à nos contacts, nous avons réussi à prendre attache avec l’entourage du président et ses conseillers les plus proches. Khalifa, suite au lobbying d’un conseiller à la Présidence ainsi que d’un haut responsable militaire, ouvrit la ligne Alger-Dubaï.

      suite..
      « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

      Commentaire


      • #4
        Je n'arrive toujours pas à expliquer que le gouvernement de mongole supprime les taxes pour un produit où les industriels algériens ont atteint l'autosuffisance. C'est exaspérant de voir un mec qui a tant investi en algérie, se faire descendre en flammes par une idiote comme Louisa Hanoune, trotskiste à deux balles à la solde de Bouteflika & Co !

        S'il y avait des bribes de connaissances économiques au sein de ce gouvernement qui fait du "protectionnisme" son cheval de bataille, il n'auraient pas demandé à Rebrab de baisser les prix pour permettre aux importateurs de continuer à inonder le marché national avec des produits importés !
        Jeûner c'est bien. Manger c'est mieux.

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        • #5
          Dubaï business

          Une nouvelle aubaine, le transfert d’argent vers l’étranger allait enfin reprendre, les milliards que nous avions engrangés pouvaient enfin circuler ailleurs. Le vol inaugural avait connu un engouement particulier. Sur la liste des voyageurs, il y avait des noms, bien connus, qui sont devenus nos amis. Les réseaux ainsi tissés, le business reprenait de plus belle. Nous avons alors effectué des placements dans des banques et avons procédé à l’achat de biens immobiliers. Nous avions tous des téléphones cellulaires ATM. Nous avons consolidé les marchés sous notre houlette. L’Algérie ne manquait de rien. Nos informateurs, placés un peu partout dans l’administration, nous ont appris que de nouvelles têtes émergeaient dans le business. Il ne s’agissait en fait que des conseillers du président, des chefs et des décideurs politiques. L’essence de leur politique : «L’argent est le pouvoir». Nous avons alors participé à leur financement, le RND, le FLN et le MSP. Ces derniers étaient les plus loyaux, leur business passait par nous. Les politiques étaient là pour nous défendre. Et même si le gouvernement tentait de promulguer des lois à l’encontre de nos intérêts, ça bloquait, grâce à nos amis, qui étaient en contrepartie généreusement remerciés.

          «Un sale jeu»

          Mais l’entourage du Président, ambigu et barricadé, était difficile d’accès. Heureusement que nos amis militaires étaient là pour nous aider. Entre-temps, Abdelmoumen Khalifa prenait de l’ampleur et dérangeait : on le vit à la télévision en compagnie du Président. Du jamais vu ! Pendant ce temps, la Kabylie était en feu (événements de 2001), nos amis militaires étaient préoccupés par la situation et ne donnaient aucun signe. Après la Kabylie, il «fallait en finir avec la bête». L’affaire Khalifa a alors éclaté. Nous avons appris que Khalifa s’était trop éloigné des deux clans au pouvoir et avait échappé à leur contrôle. Il fallait des boucs émissaires et la justice s’en est occupée. C’était le début de la guerre des clans. Mais pour nous, les affaires reprenaient dans l’ombre. Nous tenions toujours debout, car, au pouvoir, ils ont tous compris que sans nos services le trafic et les affaires n’auraient pas lieu. Au square Port-Saïd, des nouveaux clients apparaissaient, des investisseurs étrangers pour la plupart (tunisiens, syriens, égyptiens, libanais...), tous liés à Djezzy, pour acheter des euros. De très hauts cadres de l’Etat continuaient à nous solliciter pour le transfert d’importantes sommes d’argent… Mais le jeu est devenu de plus en plus sale. Dangereux. J’ai alors décidé de me montrer plus discret et j’ai accompli un autre hadj. Je voulais être loin. Maintenant, la location de mes biens immobiliers me suffit. Mes enfants ont pris le relais, mais ils ont été rattrapés par d’autres gens, beaucoup plus féroces. Ils font à leur tour ce que leur père n’aurait jamais dû faire : le business de l’argent sale ! Le jour où vous ne verrez plus de «cambistes» au square Port-Saïd, on pourra alors dire que l’Algérie a changé !

          Zouheir Aït Mouhoub

          El watan
          « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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